Tous les membres du conseil d'administration de la Juventus de Turin ont présenté leur démission tard lundi. Parmi eux, le président en poste depuis le 29 avril 2010, l'homme d'affaires Andrea Agnelli. Son vice-président depuis octobre 2015, l'ex-joueur flamboyant Pavel Nedved, s'en va aussi.
Le conseil, dont font partie Agnelli et Nedved, a estimé dans un communiqué «qu'il était dans le meilleur intérêt social» de démissionner, en «considérant la centralité et la pertinence des questions juridiques et technico-comptables en suspens». Une référence à l'enquête que mène la justice italienne depuis plus d'un an.
Cette enquête est pilotée par le parquet de Turin. Celui-ci s'intéresse de près à la pratique des «faux échanges» de joueurs, que la Juventus aurait multipliée. «Des ventes croisées avec d'autres clubs, sans échange d'argent mais permettant d'inscrire des plus-values dans les bilans», résume L'équipe, ajoutant que les magistrats ont chiffré ces plus-values «fictives» à quelque 155 millions d'euros entre 2018 et 2021. «Le club, coté en Bourse, aurait en outre caché à ses investisseurs l'existence d'accords privés avec des joueurs, dont l'attaquant vedette portugais Cristiano Ronaldo, pour régler certains salaires en différé.»
Andrea Agnelli était déjà un président controversé, affaibli autant pour sa participation au projet de Super Ligue européenne que pour les résultats décevants de son équipe: quatrième de Serie A la saison passée, la Juventus est troisième du championnat d'Italie mais à dix points déjà du leader napolitain.
La Juve connaît aussi de graves problèmes financiers, avec 255 millions d'euros de pertes la saison dernière. Un déficit record dans le foot italien.
La nouvelle a provoqué la stupéfaction dans le pays. Si les médias et le public étaient au courant de la crise que traversait le club depuis plusieurs mois, personne ne s'attendait au départ précipité de ses dirigeants.
“Révolution”, “nouvelle ère” : La démission d’Andrea #Agnelli et tout le conseil d’administration de la #Juve est considérée comme une vraie “onde de choc” par la presse 🇮🇹 🗞️ pic.twitter.com/Z0XID5Y339
— GuillaumeMP (@Guillaumemp) November 29, 2022
Les médias ont accordé une large place aux informations en provenance de Turin, dont celle-ci: «Mardi matin, le titre du club plongeait de près de 5% à la Bourse de Milan, après avoir perdu plus de 7% peu après l'ouverture, dans un marché en hausse de 0,23%».
La prochaine assemblée générale de la Juventus est programmée le 18 janvier. La club piémontais a fait savoir dans un communiqué qu'il «continuera à collaborer et à coopérer avec les autorités de surveillance et du secteur». Pendant ce temps, la holding détenant 63,8% du capital de la Juventus («Exor») a annoncé qu'elle recommandera Gianluca Ferrero au poste de président de la Juventus.
È Gianluca Ferrero il nuovo presidente indicato per la Juve da Exor che in una nota tiene a precisare una sua caratteristica: “a genuine passion for the bianconero club” [GdS] pic.twitter.com/tFLew3FDOs
— VecchiaSignora.com (@forumJuventus) November 29, 2022
Elle estime que Ferrero possède «une expérience significative et les compétences techniques requises» pour diriger la Juve, qualités auxquelles s'ajoute sa «passion pour le club bianconero», ce qui fait de lui «la personne la plus qualifiée pour remplir ce rôle». Né à Turin en 1963, Ferrero est diplômé en économie et commerce en 1988. Il est membre de l'Ordre des experts-comptables de Turin depuis 1989 et inscrit au registre des commissaires aux comptes depuis 1995. Il est également conseiller technique du juge à la même Cour.
C'est le fantasme ultime de nombreux tifosi qui cherchent un symbole auquel se raccrocher en ce moment: faire revenir Alessandro Del Piero (705 matchs en 19 saisons sous le maillot blanc et noir) au club, dans un rôle encore à définir.
L'ancien attaquant a réagi au micro de BeIn Sport, la chaine pour laquelle il est consultant durant le Mondial au Qatar. Et il ne ferme pas la porte à un retour.