Une statistique résume toute la difficulté qu'éprouve Antonio Conte en Ligue des champions:
C'est la moyenne du coach italien sur ses six campagnes de C1 avec la Juventus, Chelsea, l'Inter et maintenant Tottenham. Il est pourtant devenu champion national avec les trois premières équipes précédemment citées, sans jamais parvenir à les faire briller sur la scène européenne. Son bilan en Ligue des champions se résume à 15 victoires en 42 matchs (14 nuls et 13 défaites), une élimination en quart de finale, deux autres en 8e et le reste en phase de groupes. C'est bien moins glorieux que ses statistiques en Premier League (2,03 points par match) et en Serie A (2,26 points par match).
Pourquoi un tel écart de résultats? Comment expliquer qu'un entraîneur puisse être aussi doué le week-end et aussi inefficace la semaine?
Spécialiste du football italien, Valentin Pauluzzi commence par rappeler qu'Antonio Conte s'est toujours engagé dans des équipes qui n'étaient pas en mesure de remporter la Ligue des champions, à tout le moins d'être performantes sur la scène européenne. «Elles étaient toutes en phase de reconstruction, avec pour objectif premier de retrouver des couleurs en championnat.» La Juventus restait sur deux décevantes 7e place en Serie A lorsque Conte est arrivé au club, Chelsea était 10e, l'Inter 4e après un championnat très irrégulier et Tottenham ne s'était jamais vraiment remis du départ de Mauricio Pochettino.
Le Transalpin a pourtant très vite transformé ses nouvelles équipes en cadors de leur ligue. Pour preuve, il a remporté trois titres de champion consécutifs avec la Juve, la Premier League avec Chelsea et la Serie A, encore, avec l'Inter. Ses résultats en Ligue des champions ont-ils pour autant suivi la même courbe de résultats? Absolument pas.
La faute au style de jeu prôné par le technicien italien de 53 ans, selon Valentin Pauluzzi.
Certains voulaient croire qu'avec Tottenham, Conte pourrait redorer ses statistiques européennes. C'est raté et ce n'est pas étonnant. Ceux qui connaissent le coach italien savaient que sa saison allait être pénible, malgré un groupe abordable (Marseille, Sporting et Francfort) en phase de poules, car les matchs s'étaient enchaînés à une vitesse folle avant la Coupe du monde (17 rencontres de septembre au 12 novembre, soit un match tous les 4 jours en moyenne). Or ce calendrier posait un double problème pour Antonio Conte.
Le premier concernait sa façon de travailler. Le natif de Lecce, réputé pour son exigence et sa méticulosité, a besoin de temps pour préparer ses équipes au match du week-end. On l'a vu en 2020/2021 avec l'Inter. En début de saison, alors que l'équipe jouait sur deux tableaux (Ligue des champions et Serie A), les Interistes ont eu du mal à s'accrocher au wagon de tête en championnat. Dès qu'ils ont été éliminés de la C1 en terminant derniers de leur groupe, et qu'Antonio Conte a eu plus de temps pour entraîner son équipe durant la semaine, ils se sont installés à la 2e place d'abord, puis à la 1re pour ne plus jamais la quitter.
Le second problème posé à Conte par le calendrier démentiel qui attendait Tottenham cette saison, c'était le turnover.
Le coach n'est pas vraiment du genre à faire tourner son effectif. Une habitude qui lui a joué de très mauvais tours dans le passé.
Cette saison encore, Conte n'a bâti qu'un château de cartes en Ligue des champions, soufflés par des Milanais bien plus réalistes sur l'ensemble des deux matchs (1-0 score cumulé).
Cet article est adapté d'une première version parue sur notre site le 7 septembre 2022.