Les fans turcs de football sont réputés pour leur ferveur. L'ambiance bouillante de leurs stades – surtout ceux de Galatasaray, Fenerbahçe et Besiktas, les trois grands clubs d'Istanbul – attire d'ailleurs de nombreux touristes étrangers, avides de sensations fortes.
Mais le stade n'est pas le seul endroit où s'exprime cette passion ardente des supporters stambouliotes. Il y a bien sûr aussi les rues, où les cortèges avec fumigènes, drapeaux et tout le bazar (pas le grand) sont fréquents avant les matchs. Mais il y a aussi les réseaux sociaux. Et c'est justement sur Instagram que les fans de Besiktas, l'adversaire du Lausanne-Sport en barrage de Conference League, ont prouvé qu'ils sont vraiment barjos. Voici pourquoi.
Le club noir et blanc courtise depuis plusieurs semaines l'attaquant anglais Jadon Sancho (25 ans), dont Manchester United souhaite se débarrasser. Alors quand l'international anglais a publié fin juillet une photo de lui sur Instagram, dans une piscine en vacances aux Etats-Unis, les supporters des Aigles ont laissé... cinq millions (!) de commentaires sous la publication, incitant Sancho à rejoindre leur club. C'est ce qui s'appelle faire le forcing!
Si le nombre a de quoi donner le vertige, la diversité des messages est, elle, nettement moins grande: le basique «Come to Besiktas!» («Viens à Besiktas!») revient sans cesse.
En comparaison, comme le fait savoir L'Equipe, la publication Instagram de Cristiano Ronaldo – le footballeur le plus suivi, avec 662 millions d'abonnés – la plus commentée n'a entraîné «que» 642 000 commentaires.
Voilà donc pour la ferveur des fans de Besiktas. Les Lausannois la découvriront le 28 août, lors du match retour au Tüpras Stadyumu, une arène très moderne de 42 000 places inaugurée en 2016. Un stade, surtout, qui avait causé des vertiges à Timo Werner. Au sens propre.
Lors d'un match de Ligue des champions en 2017, alors qu'il évoluait à Leipzig, l'attaquant allemand avait dû céder sa place dès la 32e minute. La cause? Un malaise causé par le vacarme de l'enceinte stambouliote, qui a pour habitude de siffler les adversaires dès qu'ils ont le ballon, du début à la fin du match. Et pourtant, Werner portait des boules Quiès... L'Allemand racontait après la partie (perdue 2-0):
Il n'est pas le seul à avoir eu les oreilles qui sifflent dans l'«enfer» stambouliote: en 2013, pendant un match de championnat, les fans de Besiktas ont établi un record du monde de décibels dans un stade (c'était dans leur ancienne arène): 141 décibels, soit plus que «le bruit d’un avion de ligne au décollage», compare Le Parisien.
Reste à savoir si Peter Zeidler, le coach du LS, préparera ses joueurs en poussant à fond la sono de la Tuilière à l'entraînement...
Mais avant de se rendre à Istanbul, les Vaudois auront déjà un aperçu de l'ardeur des fans adverses jeudi prochain dans le stade lausannois, lors du match aller.
Les supporters turcs vont très certainement remplir largement leur secteur visiteur: en barrage d'Europa League l'année dernière contre Lugano, ils étaient 5 500 à envahir la Stockhorn Arena de Thoune. Et 35 000 au retour sur les bords du Bosphore, où les Tessinois s'étaient effondrés 5-1.
Alors oui, les joueurs du LS – qui n'ont pas l'habitude des ambiances de Coupe d'Europe – risquent d'être un peu intimidés par cette atmosphère. Mais ils peuvent déjà avoir une crainte en moins: Jadon Sancho, finaliste de l'Euro avec l'Angleterre en 2021, ne sera pas sur le terrain.
Aux dernières nouvelles, il n'est pas intéressé à rejoindre Besiktas. Comme quoi, même cinq millions de commentaires peuvent n'avoir aucun effet.