Le trophée de la Coupe du monde au cœur d’une polémique
Presque religieusement, ils se tiennent là, les yeux écarquillés, fascinés. Certains se balancent timidement d’un pied sur l’autre, d’autres posent fièrement en champions. Mais tous — petits et grands enfants — sont émerveillés devant la même chose: le trophée de la Coupe du monde.
Haute de 36,8 centimètres et pesant 6,175 kilos, la statuette contient environ 4,6 kilos d’or 18 carats. Un poids et une aura mythiques. Ce n’est d’ailleurs pas une «coupe» au sens strict — on ne peut pas boire dedans —, et elle serait creuse, histoire d’être un peu moins lourde.
On le touche avec les yeux
Le précieux trophée trône d’ordinaire au musée de la FIFA à Zurich, où il fait figure de star absolue. C’est l’objet le plus photographié du lieu, évidemment: qui peut se vanter de l’avoir tenu entre ses mains? Seuls quelques élus. Pour les simples visiteurs, pas question de le toucher: la FIFA réserve ce privilège à un cercle très restreint. Mais pour les selfies, en revanche, pas de restriction.
Récemment, pourtant, le trophée a fait parler de lui pour une tout autre raison. Le New York Times a rapporté qu’au début du mois d’octobre, la vitrine où il est exposé était… vide. De quoi relancer les rumeurs de vol. Ce ne serait pas une première: après le troisième sacre du Brésil en 1970, l’original avait été remis à la Fédération brésilienne — avant d’être dérobé en 1983, puis probablement fondu. On ne l’a jamais revu.
Mercredi, lors de notre passage au musée de la FIFA, le trophée était pourtant bien là, rutilant. S’agissait-il d’un retour discret? La FIFA, elle, reste sereine. L’organisation assure que le trophée reste toujours en sa possession, même s’il «voyage» régulièrement à travers le monde. Sa dernière escapade? Quelques jours en juillet.
Mais le New York Times va plus loin: selon le quotidien américain, Donald Trump aurait convaincu Gianni Infantino de lui céder deux trophées de la FIFA, dont une réplique du trophée de la Coupe du monde, actuellement exposée dans le Bureau ovale.
Infantino et Trump, une amitié bien installée
On le sait, le président américain et le patron de la FIFA entretiennent depuis plusieurs années une relation privilégiée. Leur rapprochement remonte à l’attribution de la Coupe du monde 2026 aux États-Unis, au Canada et au Mexique — une décision prise durant le premier mandat de Trump. Plus récemment, Gianni Infantino a de nouveau surpris le public en apparaissant au sommet pour la paix de Charm el-Cheikh, en Égypte. Une présence inattendue… mais révélatrice de son lien avec le milliardaire américain.
Le président de la FIFA n’a d’ailleurs pas manqué de couvrir Trump d’éloges, saluant «un jour historique pour le Moyen-Orient, pour le monde, pour la paix». Et d’ajouter, dans une envolée digne d’un discours diplomatique: «Un nouveau départ, comme l’a dit le président Trump, une nouvelle aube pour toute la région, pour le monde entier.» Avant même son départ pour l’Égypte, Infantino avait confié qu’il aurait volontiers vu Trump récompensé du prix Nobel de la paix. Rien que ça.
On sait de Donald Trump qu’il a un faible pour l’or, qu’il aime être au centre de l’attention, et qu’il adore donner le ton. Ce qu’on ignore, en revanche, c’est s’il connaît la règle du hors-jeu. Peu importe, tant qu’il saisit ce que représente une Coupe du monde de football.
Une touche de superstition
D’après le New York Times, une réplique dorée du trophée de la Coupe du monde aurait récemment trouvé sa place dans le Bureau ovale. Rien d’étonnant, finalement: en août dernier, lorsque Gianni Infantino lui avait rendu visite avec le trophée sous le bras, Trump avait plaisanté en disant vouloir le garder. Il avait même ajouté qu’il se marierait parfaitement avec la nouvelle décoration dorée du Bureau ovale.
Détail croustillant: selon la superstition, toucher le trophée avant de l’avoir gagné porterait malheur. Mais Trump, fidèle à lui-même, n’a pas résisté. Infantino aurait alors désamorcé la situation en lui lançant, sourire en coin:
Si la réplique du trophée mondial trône vraiment à Washington, ce ne serait pas le premier trophée de foot dans le décor présidentiel. Trump possède déjà celui de la Coupe du monde des clubs, organisée l’été dernier aux États-Unis. Ironie du sort: Chelsea, le vainqueur de la compétition, n’en garde qu’une copie, tout comme les champions du monde.
Trump effacé par Chelsea
Mais Trump a aussi fait parler de lui sur le terrain lors de la Coupe du monde des clubs. Lors de la cérémonie de remise du trophée, après avoir félicité les vainqueurs, il a tout simplement refusé de quitter la scène et s’est invité sur la photo officielle des champions. Le joueur de Chelsea Cole Palmer a reconnu ensuite :
Le club londonien a, semble-t-il, trouvé une solution à sa manière. Sur les photos publiées sur les réseaux sociaux, la cellule communication de Chelsea a tout bonnement effacé le président américain des images de célébration.
Ah oui, Donald Trump aime toujours avoir le dernier mot — même dans le football. Mardi, il a menacé de retirer à Boston l’organisation des matchs du Mondial 2026, estimant que sa maire démocrate, Michelle Wu, était «intelligente, mais radicale de gauche». Il a aussi pointé du doigt les manifestations pro-palestiniennes récemment marquées par des violences dans la ville. Trump a déclaré:
Une phrase qui en dit long: entre Trump et Infantino, la complicité reste entière.