Mohamed Salah a manqué son tir au but contre le Sénégal, ce qui ne lui arrive pratiquement jamais: en bientôt cinq saisons à Liverpool, l'Egyptien a transformé 27 des 32 penalties dont il a eu la charge.
Passée la détresse de l'Egypte, encore battue par son rival sénégalais, le monde civilisé se demande comment l'arbitre a pu autoriser cette séance de tirs au but, et plus spécifiquement ce tir-là, alors que Salah avait le visage couvert de taches vertes, dont des dizaines de rayons laser braqués dans les yeux. Les paupières à peine rouvertes, la star égyptienne a semblé se débarrasser du ballon et l'a envoyé directement dans les airs.
L'indignation n'est pas seulement africaine, mais planétaire. A le voir dans cet état, méconnaissable, avec le visage écarlate d'un Martien sous le soleil d'avril, Mo Salah a suscité de la compassion jusque dans US Today:
Selon une étude documentée de Science et avenir, les lasers sont classés en quatre catégories de dangerosité. Les plus nocifs sont «ceux qui émettent dans la couleur verte, avec une puissance pouvant aller jusqu'à 1500 mW, appartenant à la catégorie 4».
La gravité des lésions est proportionnelle à la puissance du rayon et à la durée d'exposition. Appliqué aux dimensions d'un stade de football, le calcul n'est pas rassurant. «Ce type de lasers visant l’œil à courte distance pendant quelques instants peut brûler la rétine et laisser des séquelles irréversibles», établit Science et avenir.
Seuls les lasers dont la puissance ne dépasse pas un mW sont en libre circulation dans le commerce. Mais il semble qu'au Sénégal, des stylos de catégories 3 et 4, «normalement réservés à un usage professionnel», comme le souligne Science et avenir, sont en vente sur les marchés, dans le pire des cas sur Internet. «Et c'est pareil en Suisse», pouffe un membre de la Section grenat.
Au match aller, les Egyptiens avaient dégainé les premiers. Les fans sénégalais ont appelé à la riposte sur les réseaux sociaux et ont organisé le réarmement de leurs groupes d'ultras, dont certains prétendre écrire l'histoire au stylo laser. Prévenues de cette opération, les forces de l'ordre auraient intercepté des milliers de pièces à l'entrée. Mais ce n'était apparemment qu'un échantillon.
Les hostilités ont commencé avant même le coup d’envoi, par des embouteillages plus ou moins malencontreux entre l'hôtel des Egyptiens et le stade. Arrivés en retard, avec la vitre avant de leur bus émiettée, les Pharaons ont demandé un report de quelques minutes (requête refusée).
Les jets de pierre et de bouteilles ont continué à l'échauffement, tandis que les premières lueurs vertes dansaient déjà sur le corps de Mo Salah. Au moment de l’hymne égyptien, les lasers visaient tous les visages, sans exception, tandis que les sifflets s'occupaient du son.
Après une dizaine de minutes, le gardien Mohamed El Shenawy était touché à la jambe par une bouteille et les deux staffs commençaient à s'insulter.
Selon le règlement de la Fifa, il incombe au pays hôte de confisquer les objets interdits sous toutes leurs formes, ce qui engage clairement la responsabilité du Sénégal. US Today cite l'article 16, paragraphe 2, du même règlement, où il est stipulé que les équipes répondent du comportement inapproprié de leurs supporters et peuvent faire l'objet de mesures disciplinaires, jusqu'à la décision de rejouer un match à huis clos. Une enquête est en cours.