Le rugby (Coupe du monde 1987 en Nouvelle-Zélande et Australie) et le football (Euro 2000 en Belgique et aux Pays-Bas, Mondial 2002 en Corée du Sud et au Japon) avaient été les premiers à organiser un grand évènement dans deux pays au moins.
Ils ont été rejoints ces dernières années notamment par le basketball (les deux championnats d'Europe 2025 se dérouleront dans quatre pays) et la handball, puisque depuis le 14 janvier et jusqu'à ce dimanche, les matchs des Mondiaux se jouent au Danemark, en Croatie et en Norvège.
Répartir l'organisation d'un grand évènement sportif dans plusieurs pays est une tendance de fond qui se poursuivra par exemple pour les Mondiaux de foot en 2026 (Etats-Unis, Mexique et Canada) et 2030 (Maroc, Espagne, Portugal après trois premiers matchs en Amérique du Sud pour la «célébration du Centenaire»).
Hormis le cas de l'Euro 2020 de football, organisé dans 11 villes à travers l'Europe pour fêter le soixantenaire de l'épreuve, elle s'explique principalement par l'élargissement du nombre de participants: 48 pour le Mondial de foot à partir de 2026, 32 pour celui de handball (depuis 2021).
Les compétitions internationales sont devenues des mastodontes hors de portée pour la plupart des pays, qui souvent se regroupent pour réduire l'addition (infrastructures sportives, hébergements des équipes et officiels).
Selon Philippe Bana, la coorganisation «n'est pas mauvais en soi: ça dépend de l'utilisation qui en est faite.»
Français et Allemands vont privilégier la compacité des sites (Strasbourg et Mannheim par exemple, villes distantes de 150 kilomètres) et les trajets en train, pour minimiser l'empreinte carbone et faciliter les déplacements de supporters. Un raisonnement que n'a pas eu l'IHF pour ce Mondial de handball, avec des demi-finales à Zagreb et Oslo. L'objectif était de capter, en plus du public d'Europe du Nord, celui du centre et du sud-est du continent, un objectif raté au vu des maigres affluences en Croatie, pourtant terre de handball.
«Si on n'a pas les spectateurs qu'on attendait, le contrat n'est pas rempli. Et le prix à payer, celui des déplacements, est peut-être trop cher», reconnaît le premier vice-président de l'IHF Joël Delplanque.
Le dirigeant souligne que le Mondial féminin de handball se déroulera lui, en décembre, aux Pays-Bas et en Allemagne. Deux pays qui avaient présenté, avec la Belgique, une candidature au Mondial 2027 féminin de football en proposant une carte des stades très compacte et des villes hôtes toutes reliées par le train.
En football, la FIFA a retenu le dossier brésilien et ses liaisons 100% en avion, preuve que l'impact environnemental (qui ne dépend pas seulement des déplacements) n'est pas mécaniquement augmenté par la coorganisation. Et que d'autres considérations peuvent primer dans les choix d'attribution.
Mais David Gogishvili, chercheur à l'Institut de géographie et durabilité à l'Université de Lausanne, observe «une tendance» des fédérations internationales à prendre en compte la question écologique dans l'organisation des compétitions. L'étude qu'il mène actuellement portant sur 20 évènements organisés par 16 fédérations depuis 1990 lui a fait rencontrer «de plus en plus de personnes qui ont été nommées responsable "développement durable", ou un titre équivalent au sein des fédérations, ou qui vont l'être»".
«De plus en plus de fédérations prennent de plus en plus sérieusement en compte cette problématique. Pas toutes, mais il y a une tendance observable dans ce sens» ajoute-t-il, «même si nous sommes loin d’un futur monde idéal où tous les évènements auraient une politique et les fédérations une stratégie en la matière».