Un secret strict, voire craintif, à Berne. Un théâtre politique avec des intrigues, à Sierre. Les deux plus grands projets actuels de nouvelles patinoires en Suisse ne pourraient pas être plus différents.
Dans la capitale, il s'agit soit d'une rénovation complète de la plus grande arène du pays (17'031 places), soit d'une nouvelle construction.
Depuis que le HC Sierre a été relégué au printemps 1991 de ce qui était alors la LNA, le Valais n'a plus de représentant en première division. Le 11 décembre, le parlement de Sierre procédera à un vote décisif: savoir si la ville, qui compte un peu plus de 17'000 habitants, participe (ou non) à hauteur de 10 millions de francs à ce projet de 70 millions.
Si une majorité de trois quarts est obtenue, une votation populaire ne sera même plus nécessaire.
Chris McSorley est entre-temps devenu propriétaire du HC Sierre. Il a déjà commencé à bâtir une équipe capable de monter en National League, et il se déplace dans tout le pays pour assister aux matchs de Swiss League.
Un projet d'arène de cette envergure est bien sûr, depuis des mois, le sujet de conversation dominant entre la raclette et le fendant. Une affaire publique qui divertit la population. L'opposition est menée par un groupe autour de Bernard Briguet («le groupe citoyen») et qualifie le projet de «titanesque».
Mais la riposte des partisans est également efficace et rusée. Les acteurs du projet – menés par McSorley – viennent de rendre publique une proposition de collaboration, datant du 18 mars dernier, de... Bernard Briguet. Voici la lettre que ce dernier leur avait écrite:
Chris McSorley déclare à ce sujet, sans détour:
Du théâtre politique de base, donc.
A Berne, on pourrait certainement aussi mettre en scène un magnifique théâtre politique autour du temple du hockey. Mais dans la capitale, tout se prépare derrière des portes de bureau verrouillées.
A Sierre, ce sont des investisseurs privés qui, avec la ville, font avancer le projet et peuvent faire ce qu'ils veulent. A Berne, en revanche, le propriétaire de la PostFinance Arena est un groupe milliardaire: Swiss Prime Sites.
Swiss Prime Sites détient des biens immobiliers d'une valeur de 13 milliards de francs et en gère d'autres pour un montant de 26 milliards. Parmi ces immeubles, entre autres, la Prime-Tower (126 mètres de haut) à Zurich. Le financement d'une patinoire entièrement neuve, pour plus de 100 millions de francs, ne devrait donc pas poser de problème.
En entendant de tels chiffres, même le boss du CP Berne, Marc Lüthi, s'étrangle. Mais il est tenu au silence, business oblige:
C'est pourquoi une stricte confidentialité est nécessaire. Toute diffusion d'informations pourrait faire naître le soupçon d'une opération d'initié. «C'est pourquoi je ne peux pas non plus donner de calendrier», précise Lüthi. Les connaisseurs ne prévoient pas de nouveau temple du hockey à Berne avant l'automne 2030.
On ne sait toujours pas s'il s'agira d'une rénovation totale ou d'une nouvelle construction, et la question de savoir si le CP Berne lui-même (chiffre d'affaires annuel d'environ 60 millions de francs) sera copropriétaire de la nouvelle arène est également délicate.
Marc Lüthi a tout de même des mots rassurants pour les fans:
Reste encore à déterminer la taille de ce mur. Avec environ 10'000 places, la rampe actuelle est la plus grande du monde du hockey.
Traduction et adaptation en français: Yoann Graber