Cette légende de Gottéron a reçu un type d'hommage qui divise
Il y a eu beaucoup d'émotions samedi soir à la BCF Arena de Fribourg. Celles, bien sûr, liées à la victoire de Gottéron contre Ambri (3-1), qui a permis aux Dragons de grimper à la 3e place du classement. Et, surtout, celles qui ont précédé ce match, durant la cérémonie-hommage à une légende du club: Andrei Bykov.
Les fans fribourgeois ont réalisé un magnifique tifo pour honorer le fraîchement retraité (37 ans), ému aux larmes, qui a fait un discours. L'emblématique capitaine de Gottéron Julien Sprunger a lui aussi pris le micro pour honorer son ami et ex-coéquipier. Et finalement, Andrei Bykov a eu droit à l'hommage suprême pour un hockeyeur: son numéro – le 89 – a été retiré par Fribourg-Gottéron. Autrement dit: plus aucun joueur du club ne pourra plus jamais le porter.
C'est son père, Slava Bykov (65 ans), lui aussi légende des Dragons, qui a retiré le voile devant la plaquette «89 Bykov». Désormais, père et fils ont donc leurs plaquettes côte à côte en haut de la BCF Arena (celle de Slava avec le numéro 90). Pour la petite histoire, dans la nouvelle patinoire fribourgeoise, les maillots ne pendent pas physiquement au toit, comme c'est habituellement le cas dans les autres arènes.
Après la cérémonie, Andrei Bykov a déclaré à nos confrères de Blick:
L'ex-attaquant est ainsi devenu le 9e joueur dans l'histoire de Fribourg-Gottéron à avoir son numéro retiré. C'est beaucoup plus par exemple que le HC Davos, pourtant 31 fois champion de Suisse (contre 0 à Gottéron), qui n'a rendu que cinq fois cette hommage.
Et pour cause: en Suisse, les critères pour retirer le maillot d'un hockeyeur varient d'un club à l'autre. Ils sont ainsi très subjectifs. Gottéron n'a jamais souhaité dévoiler les siens. «La décision est prise par le conseil d’administration, selon une grille de critères internes que nous ne voulons pas divulguer», expliquait en 2022 l'ancien directeur général, Raphaël Berger, dans le média Frapp.
Seul le CP Berne – dix maillots retirés – possède des critères stricts, rappelait 24 Heures en 2024. Pour avoir cet honneur, un hockeyeur des Ours doit en remplir au moins quatre des cinq:
- Finir sa carrière au CP Berne (obligatoire)
- Commencer sa carrière au CP Berne
- Jouer au moins dix saisons chez les Ours
- Y remporter au moins deux titres de champion suisse
- Disputer au moins 50 matchs avec une équipe nationale
Ce type d'hommage a été importé d'Amérique du Nord, rappelle La Liberté, avec une première en 1935 en football américain. Il s'est ensuite étendu à d'autres sports – dont le hockey – puis à d'autres continents.
Même si elle est ancrée, la pratique continue à faire débat. C'est le cas en football, où quelques numéros ont aussi été retirés (le 3 de Paolo Maldini à l'AC Milan ou le 10 de Diego Maradona à Naples, par exemple). En 2023, l'idée du président de la fédération argentine de retirer définitivement le 10 de Lionel Messi avait entraîné un tollé chez certains suiveurs et éditorialistes.
«Le numéro 10 n'appartient à personne, même pas aux plus grands», s'insurgeait Eurosport, reprenant l'idée très répandue chez les supporters – notamment ultras – qu'aucun joueur ne sera jamais plus grand que l'institution (club ou équipe nationale).
Le média français donnait aussi cet argument:
Après le décès dans un accident d'avion d'Emiliano Sala en 2019, le FC Nantes – qu'il venait de quitter – avait décidé de retirer son numéro 9. Là aussi, des fans ont manifesté leur désaccord avec la pratique, tout en étant attristé par le décès tragique de l'Argentin. Un internaute écrivait sur X:
Le risque de devoir retirer beaucoup de maillots
Si le débat porte sur la pratique en elle-même, le choix d'honorer tel joueur et pas un autre fait aussi souvent discuter. C'est le cas quand les clubs, comme ceux du hockey suisse, ont des critères subjectifs. Plusieurs fans de Gottéron se sont étonnés quand le maillot du Canadien Shawn Heins (Fribourgeois de 2006 à 2013) a été retiré en 2017.
C'est le cas de ce fan des Dragons, qui écrivait en 2022 dans une chronique pour Frapp:
Pour ce même chroniqueur, la légende Jean Lussier, grand artisan de la remontée dans l'élite en 1980, méritait aussi cet honneur, qu'il n'a pas eu.
Et, à force de retirer assez facilement des numéros (avec des critères «bas» comme dans le cas de Shawn Heins), Fribourg risque de devoir accrocher encore beaucoup de maillots (ou plutôt des plaquettes) dans sa patinoire, au risque de ne plus avoir beaucoup de numéros à disposition pour les hockeyeurs sur la glace...
Dans le cas d'Andrei Bykov, qui a effectué toute sa carrière au club, la grande majorité des supporters sera sûrement d'accord pour dire que cet hommage est mérité.
Une chose est sûre: ils souhaitent tous – comme l'ex-numéro 89 l'a dit au micro samedi soir – que le prochain numéro retiré à la BCF Arena sera celui d'un champion de Suisse.