Cela a pris un peu de temps, mais pour sa dixième saison après sa remontée dans l'élite en 2013, Lausanne a tenu une vieille promesse en se hissant au rang de titan de la ligue ce printemps: une troisième place en saison régulière et une première finale des play-offs dans l'histoire du club.
Lors de la première saison complète sans les manœuvres de déstabilisation du flamboyant Tchèque (ex-directeur des opérations hockey et également ancien actionnaire), le LHC a pris son envol.
Mais au vu des énormes dépenses financières de l'ère Svoboda, il était grand temps: à part les Zurich Lions, aucune équipe n'a dépensé autant d'argent durant cette période. De ce point de vue, une seule participation à la finale constitue plutôt un maigre résultat. Mais si l'on regarde les turbulences du passé récent, cette qualification pour la finale n'allait pas de soi.
Les fondations sont désormais en place, le financier Gregory Finger garantit la stabilité malgré des pertes colossales.
On le croise même parfois lors de matchs de préparation. Tant qu'il couvrira les déficits sans broncher, Lausanne aura toutes les chances de devenir champion pour la première fois.
L'infrastructure est formidable, le directeur sportif John Fust transfère intelligemment et le coach Geoff Ward entraîne sereinement. Autrement dit: le LHC est très bien armé pour la saison à venir. Les Vaudois ont toutefois un point faible: ils sont la seule équipe de National League à faire confiance à deux gardiens de talent qui n'ont jamais été numéro 1. Or, comme on le sait: les bons gardiens ne font pas tout, mais sans bons gardiens, il n'y a rien.
Pour savoir où le Lausanne HC se situe avant le début de cet exercice 2024/25, on analyse les différents secteurs de l'équipe (et du club), qui sont notés (sur une échelle de 1 à 10).👇
Geoff Ward est le calme incarné, un homme aimable et de principes. Un stoïque qui a vécu tant de choses dans le hockey sur glace et que plus rien ne déstabilise. Il a entraîné en NHL, en deuxième division allemande, dans la sauvage East Coast Hockey League et désormais en National League.
Ward n'aurait probablement pas imaginé ce parcours lui-même, car il est devenu entraîneur de hockey sur glace presque par hasard: il était alors professeur de sport et de sciences dans un lycée canadien et l'équipe de hockey de cet établissement n'avait pas de coach à ce moment-là. Il a donc donné un coup de main. Il avait 26 ans. Aujourd'hui, il en a 62. Lausanne est peut-être sa dernière étape et il pourrait y atteindre le Graal.
Il manquait une seule victoire pour être sacré la saison passée, mais même sans ce titre, l'exercice 2023/24 du LHC a été un triomphe.
Le Canadien a donné à son équipe stabilité et structure. Et c'est à juste titre qu'il a été désigné «entraîneur de l'année».
Ivars Punnenovs a été transféré à Rapperswil en janvier, en rompant son contrat en cours. Et Connor Hughes a rejoint les Canadiens de Montréal à la fin de la saison, à la surprise générale. Il reste donc trois jeunes talents dans les cages lausannoises: Kevin Pasche (21 ans), Antoine Keller (19 ans) et Thibault Fatton (22 ans).
Le HC Davos est la dernière équipe de la ligue à avoir entamé une saison avec des gardiens aussi inexpérimentés. En 2007, c'était avec Reto Berra et Leonardo Genoni. En 2016, avec Gilles Senn et Joren van Pottelberghe.
Les deux fois, la situation était délicate: en 2007, il fallait remplacer en urgence Jonas Hiller, parti en NHL. En 2016, c'était Leonardo Genoni, parti à Berne, auquel les Grisons devaient trouver un remplaçant. Mais ces deux expériences ont fonctionné, et ces quatre jeunes gardiens à l'époque se sont établis en National League.
Aujourd'hui, il est impossible de prédire si l'un des membres du trio Pasche/Keller/Fatton parviendra à percer dans l'élite. Mais ce que le HC Davos et Lausanne ont en commun: un très bon entraîneur de gardiens. A Davos à l'époque, il y avait Marcel Kull. A Lausanne, aujourd'hui: Cristobal Huet.
Mais si le début de saison est raté, les dirigeants vaudois pourront toujours engager un portier étranger.
Lausanne dispose d'une défense robuste et solide, capable de mettre n'importe quel gardien dans les meilleures conditions. On n'offensera pas Connor Hughes en affirmant que s'il avait défendu, la saison passée, la cage d'Ambri ou Berne, il n'aurait probablement pas réussi à décrocher un contrat avec les Canadiens de Montréal.
Néanmoins, deux points d'interrogation empêchent la note maximale:
Si Andrea Glauser, Lukas Frick ou Fabian Heldner – trois piliers de l'arrière-garde vaudoise – devaient être absents pendant une longue période, la défense pourrait très vite devenir perméable.
Beaucoup de qualité et une profondeur d'effectif considérable:
Lors du dernier exercice, les Vaudois en ont marqué 158. Avec un meilleur powerplay (en 2023/24, son efficacité n'était que de 15,53%, seul Zoug a fait pire), ce record tombera.
Seul bémol: le LHC a besoin d'un buteur suisse supplémentaire (la masse salariale de Michael Hügli et de Ronalds Kenins permettrait de financer une superstar de la trempe de Sven Andrighetto, par exemple). A part Damien Riat, les Lausannois n'ont pas d'attaquant helvétique capable de marquer au moins 20 buts.
Celui qui, après une 11e place la saison passée, atteint immédiatement la 3e rang en saison régulière puis la finale des play-offs (une première pour le club), en poussant Zurich jusqu'au septième match, a tout fait juste. La promotion de Chris Wolf au poste de directeur général en automne 2021 était la bonne décision.
La note maximale récompense ses mérites dans l'apaisement et la structuration du club après les années de chaos sans précédent sous Petr Svoboda.
Ce 10/10 rend aussi hommage à la persévérance du directeur sportif, John Fust. Il n'a jamais perdu le nord pendant la période de turbulences sous Petr Svoboda et n'a commis aucune erreur dans le recrutement des joueurs étrangers.
Adaptation en français: Yoann Graber