Le renouvellement du HC Bienne est assez spectaculaire. Parmi les joueurs vainqueurs 3-2 contre Ambri il y a très exactement un an, seuls huit ont participé au succès des Seelandais jeudi sur le même score face à Lausanne. Même l'entraîneur principal et ses assistants ne sont plus là. Les blessures, les démissions et les transferts ont provoqué un tel remaniement de l'effectif. Malgré cela, Bienne se trouve pratiquement au même niveau qu'il y a 365 jours: 8e avec 55 points en poche (87/87), contre 54 points en 38 matchs (101/99) début 2024.
Les Biennois ne font partie des meilleurs que dans une seule statistique: les buts encaissés, où ils sont uniquement devancés par les ZSC Lions. Cela s'explique par la qualité des gardiens: Harri Säteri (30 matchs) et Luis Janett (8 matchs), qui ont repoussé plus de 93% des pucks cette saison. La victoire face au LHC, actuel leader du championnat, a été «volée» par Janett, impérial devant la cage malgré les assauts successifs des adversaires. Dans les autres domaines, le HC Bienne est moyen ou mauvais: 6e en powerplay, 8e en boxplay, 8e en ce qui concerne les tirs, 13e sur le plan des buts marqués et 14e au classement des mises en jeu.
Avec toutes ces données qui prolifèrent, n'importe quel informaticien n'ayant jamais mis les pieds dans une patinoire pourrait aujourd'hui réaliser des analyses aussi poussées que celles d'un entraîneur national. Mais le renouveau de Bienne sous la houlette de Martin Filander ne peut pas être expliqué par les chiffres. Il réside dans une particularité, pouvant ne pas se voir à la télévision, mais qui apparait aux yeux des spectateurs à la patinoire: les Seelandais courent, courent, courent, encore et toujours.
En fait, la spécificité du jeu biennois ne pourrait être appréhendée qu'en mesurant le nombre de mètres parcourus. C'est un style purement actif. Personne ne reste immobile, sauf le gardien, évidemment. Nous sommes sur du hockey moderne, un hockey total où tout le monde est en mouvement, pas seulement le joueur en possession du puck. Cela, même lorsque l'adversaire se trouve en phase offensive.
Cette tactique, simple sur le papier, est en réalité difficile à mettre en place, car les ardeurs aveugles sont souvent nuisibles. Les courses ne sont efficaces que lorsqu'elles sont faites de manière intelligente, avec une bonne organisation. Jeudi, Lausanne a dominé le troisième tiers-temps, 22 tirs à 7, mais Bienne a remporté cette phase de jeu sur le score de 2-0. La veille, Langnau avait été nettement supérieur dans le dernier tiers (13 tirs contre 6), mais avait également perdu 2-0. Dans l'Emmental comme contre Lausanne, le HC Bienne a résisté à la pression adverse grâce à sa défense active.
La nette amélioration en défense par rapport à la saison dernière a sans doute un lien avec le nouvel assistant: Beat Forster. L'homme connaît le métier de défenseur grâce à son expérience de plus de 1000 matchs et ses nombreux trophées. Il a joué au club lors de ses sept dernières saisons, et connaît donc bien la maison seelandaise. S'il raconte quelque chose sur le job de défenseur, tout le monde l'écoute dans le vestiaire.
En fait, c'est aussi simple que cela: les courses, qu'elles soient défensives ou offensives, sont le meilleur moyen de compenser un manque de talents. Si l'argent n'est pas au rendez-vous pour se procurer des éléments plus complets, le directeur sportif doit alors veiller à ne pas engager des joueurs qui ont les pieds trop lourds. Et puis, le travail de mouvement apporte aussi des émotions dans la patinoire. Un jeu actif occasionne de l'ambiance et améliore le divertissement.
D'ailleurs, Bienne est l'exemple même d'une culture «hockey» qui ne vit pas uniquement pour les victoires et les titres. Le taux de remplissage de la Tissot Arena monte en 2024/2025 à 94,35% et est plus élevé que lors de la saison 2022/2023 (89,05%). Un exercice que les Biennois avaient bouclé à la deuxième place, avant d'emmener plus tard Genève-Servette au septième match en finale.
Du point de vue du style, Ambri est sans doute le club le plus proche du HC Bienne. Ce n'est pas un hasard si les Léventins ont le meilleur taux d'occupation de la ligue (95,37%), juste derrière Gottéron.