Aurélien Marti n'est de loin pas le meilleur compteur du Lausanne HC, ni son joueur le plus créatif. Mais mardi soir à Fribourg, c'est peut-être lui qui a fait basculer en faveur de son équipe la demi-finale des play-offs contre Gottéron. Involontairement.
Sa charge musclée sur Lucas Wallmark à la 28e minute de ce deuxième acte a envoyé l'un des meilleurs éléments fribourgeois sur le carreau. Le numéro 32 des Dragons – qui ne veulent pas communiqué sur son état de santé – a raté la suite du match et pourrait bien manquer également le reste de cette série.
Sans le Suédois et son compatriote Jacob de la Rose (touché au genou en quarts contre Berne), Fribourg aura encore plus de peine à venir à bout des Vaudois. Vainqueurs mardi 1-0 à la BCF Arena, ces derniers ont égalisé dans cette demi-finale (1-1) et ont repris du même coup l'avantage de la glace.
Le check d'Aurélien Marti sur Lucas Wallmark était licite, selon plusieurs arbitres interrogés par lematin.ch. En fait, il était à l'image du défenseur vaudois: très rugueux. C'est le principal intéressé qui décrit le mieux son style de hockey, dans une vidéo du LHC:
Les statistiques ne mentent pas: Marti a été le joueur le plus pénalisé de la saison régulière en National League, avec 84 minutes (en 52 matchs).
Le numéro 7 du LHC ose «aller là où ça fait mal», pour reprendre une expression chère aux hockeyeurs. Son imposant gabarit (190 cm pour 92 kg) l'y aide. Il ne rechigne jamais à faire le sale boulot. Il prend son pied, même.
C'est vrai, une équipe ne peut pas être constituée uniquement d'artistes, elle a aussi besoin de besogneux pour récupérer des pucks et contrer les offensives adverses. C'est ce qu'Aurélien Marti, véritable «défenseur défensif», a été toute sa carrière.
«Il n’y a pas énormément de joueurs qui sont prêts à se sacrifier comme moi, ni à accepter de ne pas beaucoup marquer. Je pense toutefois que c’est ce qui m’a permis de percer au niveau professionnel», analysait-il en mars 2024 dans 24 Heures.
Pour autant, le Lion à la longue crinière n'a pas les pattes carrées: même si tout ce qu'il entreprend avec le puck est simple et qu'il ne s'aventure que rarement en dehors de sa zone, il participe à la construction du jeu grâce à sa relance propre. En quarts de finale contre Langnau, il a même marqué son premier but dans des play-offs (National League et Swiss League confondues).
Son intransigeance en défense lui a valu, en plus du surnom de «shérif», une prestigieuse 43e place dans le classement des «50 plus intéressants joueurs de National League» du célèbre journaliste de watson, Klaus Zaugg, établi en décembre dernier. Notre collègue alémanique écrit à propos de Marti:
Un shérif, c'est aussi un justicier. Là encore, le colosse à la longue tignasse remplit parfaitement sa fonction.
Un altruisme qui lui a toutefois valu quelques passages sur le banc des pénalités.
En plus de son travail sur la glace, Aurélien Marti a de quoi être déterminant dans le vestiaire du LHC, en insufflant une mentalité de vainqueur. Car le barbu au catogan sait comment gagner des titres. Formé à Lausanne, il est allé s'aguerrir du côté de Langenthal entre 2016 et 2018, où il a été sacré en Swiss League.
Mais c'est en 2019, au CP Berne, qu'il a touché le Graal du hockey suisse: le titre en National League. Un trophée que les Lions n'ont jamais soulevé et dont ils rêvent plus que jamais.
«J'ai tellement appris cette année-là avec les joueurs que j'ai côtoyé. Ce sont des moments que j'ai envie de revivre et aussi de partager», s'enthousiasme Aurélien Marti dans cette même vidéo du club lausannois, où il est revenu en 2020.
Grâce à leur numéro 7, les Vaudois connaissent la recette pour être champion. Mais les Dragons, même sans Lucas Wallmark, ne seront assurément pas des proies faciles dans cette demi-finale.