Mahohi Nguyen Tang, 10 ans, est né à Hong Kong de parents de nationalité suisse. D'un père originaire du Vietnam, et d'une mère franco-argentine pour être tout à fait précis. Le garçon a grandi dans «La Perle d'Orient», où il a appris très jeune à surfer et où il s'entraîne tous les matins avant de partir à l'école. Doué, il rêve de devenir professionnel et de participer aux Jeux olympiques.
Or il ne représentera pas Hong Kong et a délaissé son archipel formateur pour se tourner vers l'équipe nationale suisse. Un choix en partie motivé par la répression qui s'intensifie contre les surfeurs dans la région administrative spéciale de la République populaire de Chine, et qui freine sa progression.
La pratique du surf est interdite depuis des décennies à proximité des plages hongkongaises publiques. Officiellement, les contrevenants risquent une amende et 14 jours de prison. Or elle restait tolérée, si bien que Big Wave Bay est par exemple devenu un spot réputé. Mais le gouvernement de Hong Kong est désormais moins conciliant. Raison évoquée: la sécurité, depuis que certains surfeurs se jettent à l'eau lorsque la météo se déchaîne, afin de chasser les grosses vagues. L'archipel, qui ne veut donc plus de ses planchistes, a érigé dernièrement de nombreux panneaux d'interdiction.
Cette interdiction signifie que le surf n'est pas non plus structuré à Hong Kong. Or sans cadre fédéral, la progression de Mahohi Nguyen Tang est là encore ralentie, et la famille l'a compris en constatant l'évolution du jeune surfeur, lorsqu'il s'entraîne sur la vague artificielle d'Alaïa Bay à Sion, quand tout le monde vient en Suisse chaque été. «Son niveau a explosé depuis qu’il surfe là-bas. L’équipe nationale suisse s’y entraîne également et il a été repéré par l’un des entraîneurs. Même la Suisse est en train de constituer une équipe nationale. Pourquoi? Parce que le surf est désormais un sport olympique (réd: depuis les Jeux de Tokyo)», a détaillé le père du jeune champion auprès du South China Morning Post.
Après une première rencontre avec le sélectionneur national à l'été 2023, Mahohi Nguyen Tang, motivé à l'idée de surfer sous le giron de Swiss Surfing, s'est vu offrir en août dernier une place au sein de l'équipe juniors U14 suisse. Il a donc pris part récemment à son tout premier camp d'entraînement officiel à Sion, en vue de l'Eurokids 2024 organisé par la Fédération européenne de surf.
Il est encore trop tôt pour savoir si Mahohi Nguyen Tang vivra un jour une expérience olympique sur une planche aux couleurs helvétiques. Or s'il confirme son potentiel dans les années à venir, une telle aventure pourrait être envisagée plus rapidement qu'il n'y paraît. Il y avait cet été aux Jeux de Paris 2024 une surfeuse âgée de 14 ans.