Le Milan AC a remporté la Supercoupe d'Italie, lundi soir à Riyad, en renversant l'Inter 3-2 après avoir été pourtant mené 2-0. Mais au-delà de la victoire, au-delà du fait que le club actuellement entraîné par Sergio Conceiçao a remporté son premier titre avec un coach étranger depuis le Scudetto du Suédois Nils Liedholm en...1979, ce qui a marqué les esprits, c'est le onze rossonero au coup d'envoi.
Pour la première fois de son histoire en effet, le Milan AC a débuté un derby lombard sans le moindre italien titulaire.
Déjà en demi-finale de la Supercoupe, vendredi contre la Juventus (2-1), Conceiçao avait aligné une équipe composée uniquement de mercenaires. Il avait cette fois aussi laissé Matteo Gabbia et Davide Calabria sur le banc en début de match.
Cette absence de purs produits locaux n'a toutefois pas suscité beaucoup de réactions en Italie. La Gazzetta dello Sport n'a par exemple écrit que quelques lignes sur le sujet, et seulement neuf internautes ont réagi sur le site du quotidien rose. Aucun ne s'est étonné de la situation, l'un d'eux en profitant tout de même pour rappeler aux tifosi «rouge et noir» qu'ils n'auraient pas dû se moquer de l'Inter pour sa Ligue des champions remportée en 2010 sans titulaire italien en finale.
Car le Milan AC est lui aussi de moins en moins italien, et ça se voit de plus en plus. En mars 2023, le club plus que centenaire s'était déjà présenté pour la première fois de son histoire sans aucun joueur de son pays dans un match de championnat (c'était face à la Salernitana). Puis quelques mois plus tard, c'est en Ligue des champions que les Rossoneri avaient innové en ne titularisant que des mercenaires (c'était face au PSV Eindhoven).
Ce jour-là, présent sur le plateau de «Canal plus» pour la diffusion du match, David Ginola avait semblé contrarié:
A l'époque, l'ex-sélectionneur transalpin Roberto Mancini en avait appelé au réveil des consciences:
De fait, le problème ne concerne pas seulement le Milan AC, et n'est pas seulement dû aux effets de l'arrêt Bosman qui, en 1995, avait permis la libre circulation des joueurs en ne limitant plus le nombre d'étrangers par club (on vous la fait courte).
Contacté par watson la saison dernière, le directeur du CIES Raffaele Poli rappelait ainsi que la moyenne de joueurs étrangers par effectif de Serie A était de 61,3%, alors qu'en 2009, ce chiffre n'était que de 42%. Il n'est pas étonnant dès lors de voir de plus en plus d'expatriés alignés dans la Botte.
«Il y a sans doute un déficit au niveau de la formation en Italie, où l'on a tendance à privilégier le résultat à court terme plutôt que le développement des joueurs à long terme, pointait le spécialiste. Les formateurs se focalisent donc sur les aspects physiques et tactiques des talents, au détriment de la technique et de la créativité. Ces joueurs, qui flambent chez les jeunes grâce à leurs qualités athlétiques plus qu'à leur haut potentiel, auront de la peine à confirmer leurs prédispositions chez les pros. Dès lors, les clubs italiens trouveront de meilleurs footballeurs formés dans d'autres pays.»
Ils sont aujourd'hui Français, Espagnols ou Américains, et lundi soir, ils ont permis au Milan AC et à son entraîneur portugais de remporter la Supercoupe d'Italie en Arabie saoudite.