Clarisse Agbegnenou est double championne olympique des moins de 63 kg et sextuple championne du monde. C'est une grande judokate, qui sait exactement quand c'est le bon moment pour effectuer un mouvement qui lui donnera la victoire. Alors la semaine dernière, lorsqu'Emmanuel Macron a rendu visite aux athlètes de l’équipe de France, la porte-drapeau des JO de Tokyo a saisi l'opportunité pour adresser une demande très personnelle au président de la République:
A-t-elle été entendue? «Je pense. Je l'espère en tout cas», a déclaré la championne aux médias français, avant de revenir sur les motivations de sa requête:
La judokate de 31 ans a une voix qui porte. Sa prise de parole pourrait accélérer la prise de conscience du Comité olympique (CIO), déjà interpellé sur le sujet par le passé, et pas plus tard qu'en 2021 lors des JO de Tokyo. À l'époque, c'est la basketteuse canadienne Kim Gaucher qui avait interpellé les instances en déclarant se sentir «obligée de décider entre être une maman qui allaite ou une sportive olympique».
«Un vœu auquel avait accédé le CIO en dépit des règles strictes liées à la pandémie de Covid-19, empêchant les familles des athlètes de se rendre sur place», rappelait récemment TF1, précisant que l'assouplissement des règles avait été décidé «uniquement pour les jeunes mamans sportives allaitantes, et à condition que l'allaitement et les visites se fassent à l'extérieur du village olympique, les enfants y étant interdits».
Les règles devraient changer aux JO de Paris. «On sera les premiers Jeux où la parité sera totale donc ça va dans le sens de l’accueil des enfants. Le CIO est très attentif à ces sujets-là», a réagi David Lappartient, président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), cité par Ouest-France.
Une ouverture et un changement des mentalités auxquels ne croit pas Marion Bartoli, maman et ancienne championne de tennis.
La gagnante du tournoi de Wimbledon 2013 a toutefois précisé que si l'endroit (le village olympique) «n'est pas recevable. En revanche, la demande l'est. Mais il faut une organisation plus adaptée».
Elle estime que les instances sportives devraient proposer un accompagnement pour la progéniture des athlètes, pourquoi pas en ouvrant «une crèche à l'endroit où se déroule la compétition», comme c'est déjà le cas dans les tournois du Grand Chelem.
Si la requête de Clarisse Agbegnenou n'aboutit pas, la judokate aura au moins eu le mérite de relancer un sujet qui attend encore des réponses et de faire réfléchir toutes les parties concernées. Or c'est aussi à la façon dont elles nourrissent le débat public que l'on reconnaît les grandes championnes.