Le président d’Ambri a commis une «haute trahison»
Ambri a survécu jusqu’à aujourd’hui à toutes les crises et secousses, et continuera de le faire. Mais le drame qui vient de se jouer là-bas surpasse toutes les manigances du passé. Le coach Luca Cereda et le directeur sportif Paolo Duca viennent de démissionner. Leur situation était devenue intenable après l’acte de «haute trahison» commis par le président Filippo Lombardi. Les anciens adjoints Eric Landry et René Matte prennent temporairement les commandes de l’équipe.
La réunion secrète à Zurich entre le président Lombardi et Christian Dubé, qui peut cumuler les rôles d’entraîneur et de directeur sportif, a définitivement détruit la confiance.
Selon des sources fiables, Filippo Lombardi aurait, après la révélation de sa trahison par watson, tenté de se justifier, de s’excuser et de minimiser l’affaire. Mais Paolo Duca lui aurait rétorqué que c'est lui, le grand président, qui a détruit les fondements de leur collaboration. Après huit années, une ère s’achève.
Des joueurs au courant
Le fait que certains joueurs aient été mis au courant de cette réunion secrète s’est avéré fatal. Cet épisode a scellé la fin de l’autorité du coach et du directeur sportif.
A plusieurs reprises, Paolo Duca et Luca Cereda avaient souligné en interne qu’Ambri ne pouvait survivre que si la direction restait unie. Le club ne pouvait fonctionner sans l’unité de la Trinité: président, directeur sportif, entraîneur. Les trois hommes avaient juré de traverser toutes les crises ensemble, sans jamais faire appel à des tiers dans le dos des autres. C’est précisément cela qui rend cette trahison si grave.
Encore après la victoire dans le derby à Lugano (2-1), Filippo Lombardi serrait son entraîneur Luca Cereda dans les bras, sous le regard des caméras. Il ne reste alors qu’une seule comparaison possible, empruntée aux grands drames de l’Histoire: Jules César, assassiné lors d’une séance du Sénat dans le théâtre de Pompée, frappé de 23 coups de couteau. Ses derniers mots, en découvrant parmi ses assassins son fils adoptif, Marcus Brutus?
Un groupe fidèle à Cereda
C’est Filippo Lombardi qui, en 2017, avait promu Paolo Duca de joueur à directeur sportif, et nommé Luca Cereda entraîneur. Deux hommes qui vivent, respirent, mangent et boivent Ambri, et qui ont offert au club les huit plus belles années de son histoire récente. Le succès n’a plus été acheté, comme à la fin des années 1990, avec la finale perdue contre Lugano. Ambri est revenu à ses racines, a redécouvert son identité et retrouvé son âme.
Contrairement à Jussi Tapola à Berne, Luca Cereda n’avait pas perdu le vestiaire. Les joueurs étaient toujours prêts à se jeter dans la bataille pour lui. Les défaites n’étaient jamais honteuses, mais dramatiques, comme dimanche dernier contre Davos (4-6). Ambri a d’ailleurs marqué plus de buts contre le HCD que face à n’importe quelle autre équipe cette saison. Et que dire de cette victoire dans le derby? Un triomphe d’énergie, de volonté et de passion. Un tel exploit n’est possible que si le vestiaire reste soudé. Et surtout, uniquement si les joueurs savent que la direction fait bloc, sans laisser place aux intrigues ni aux excuses.
La trahison a détruit les fondements de la collaboration entre le président, le directeur sportif, l’entraîneur et les joueurs. Paolo Duca et Luca Cereda étaient aussi inamovibles que Jules César. Mais face à cet acte, ils se sont retrouvés impuissants. S’ils avaient été, l’un Romand, l’autre Canadien, on pourrait peut-être déjà tourner la page. Or ce sont des fils d’Ambri. Un séisme politique s’annonce, susceptible d’ébranler la position du «traître» Filippo Lombardi.