Breel Embolo chasse un record presque centenaire
Qu’ont en commun le Luxembourg, le Mexique, les Etats-Unis, le Kosovo et la Slovénie? Ces nations ont toutes récemment concédé un but de Breel Embolo, qui en est à six réalisations en cinq matchs: trois du pied droit, une du gauche, une de la tête, et une dernière du talon.
Il ne s'agit pas seulement d'une série impressionnante: c'est aussi une performance au caractère historique. En effet, lorsque Breel Embolo a inscrit de la tête le but du 2-0 contre la Slovénie, début septembre à Bâle, il est devenu le premier joueur de la Nati depuis Alex Frei à marquer lors de cinq matchs consécutifs. Le meilleur buteur de l’équipe nationale, auteur de 42 réalisations, avait accompli cet exploit il y a 20 ans. Depuis, seul Zeki Amdouni, actuellement blessé, s’en était approché, avec une série de quatre matchs consécutifs avec au moins un but.
Pour cinq, cependant, il aura fallu attendre Breel Embolo. Ce footballeur de 28 ans, qui suscite de fortes attentes depuis ses débuts chez les professionnels, et surtout depuis sa première apparition sous le maillot de l'équipe de Suisse, le 31 mars 2015. Six mois plus tard, le 9 octobre 2015, il célébrait déjà son premier but en sélection, contre Saint-Marin, à l'occasion des éliminatoires de l'Euro. Son parcours semblait alors tout tracé.
Un record des années 30 en ligne de mire
Pourtant, le football suisse a longtemps dû patienter avant qu'Embolo ne parvienne à exprimer tout son potentiel. Mais on peut désormais l’affirmer sans hésiter: le joueur n’a jamais été aussi performant, constant, inspiré et efficace avec la Nati qu’au cours des derniers mois.
Tout cela conduit l'attaquant à pouvoir égaler, face à la Suède, vendredi en Suède, un record vieux de près de 100 ans: celui de Leopold Kielholz, qui avait marqué lors de six matchs consécutifs pour la Suisse en 1933 et 1934. S'il parvient à faire trembler les filets dans la chaude ambiance de la Strawberry Arena, son 22e but en sélection entrera dans l'Histoire de la sélection.
Il est remarquable que ce regain de forme intervienne actuellement. Car le dernier semestre n’a pas été simple, ni pour le footballeur, ni pour l’homme. Durant le rassemblement de septembre, le Bâlois a dû répondre de ses actes devant la justice, étant reconnu coupable en deuxième instance de menaces graves.
A peine deux jours plus tôt, lors du dernier jour du mercato, il changeait également d’équipe. Après trois ans à l’AS Monaco, la direction sportive lui a fait comprendre qu’il ne faisait plus partie des plans du club et qu’il devait trouver un nouveau point de chute, malgré un contrat encore en cours. En coulisses, comme Embolo l’a expliqué lors des matchs internationaux de septembre, les discussions avec le Stade Rennais étaient déjà bien avancées, et il savait depuis un moment qu’il souhaitait rejoindre ce concurrent en Ligue 1. «J’ai reçu beaucoup d’amour et de soutien de ce club, c’était donc la bonne décision», a-t-il confié.
Embolo rattrapera-t-il un jour Shaqiri?
En Bretagne, où un certain Alex Frei a également évolué entre 2003 et 2005, Embolo s’est rapidement adapté. Il a disputé les quatre matchs de Ligue 1 depuis son transfert, a toujours été titularisé, a joué pour la première fois l’intégralité d’une rencontre dimanche au Havre, et a déjà inscrit son premier but avec son nouveau club.
Avec une telle forme, Breel Embolo est évidemment indispensable à la Nati, ce qu’il était déjà par le passé. Depuis quelques mois, il est également épargné par les blessures, ce qui est particulièrement remarquable chez lui. Il a ainsi pu suivre toute la préparation avec Monaco et est prêt à jouer.
Si le Bâlois poursuit sur cette lancée, il restera une pièce maîtresse de la sélection pour de nombreuses années encore. Et, alors qu’il traverse la meilleure période de sa carrière, un autre record, encore plus prestigieux que celui de Kielholz, pourrait bientôt se dessiner à l’horizon.
Si la Suisse se qualifie pour la Coupe du monde cet été et qu’Embolo y participe, ce serait sa sixième présence en phase finale, après 2016, 2018, 2021, 2022 et 2024. Il égalerait ainsi Valon Behrami. Seul Xherdan Shaqiri, le capitaine du FC Bâle, fait mieux avec sept participations aux phases finales (de 2010 à 2024).