Un Romand sacré «champion du monde» dans une épreuve inédite
Pendant que se déroulaient fin septembre les Championnats du monde de cyclisme sur route, à Kigali au Rwanda, un autre événement mondial occupait certains passionnés de la petite reine: le tout premier Mondial d’Everesting, organisé indépendamment de l'Union cycliste internationale (UCI).
La discipline consiste à gravir, sur une même pente escaladée plusieurs fois, un dénivelé total de 8848 mètres, soit l'équivalent d'un Everest. Ce sont les routes majestueuses de l'Etna, en Sicile, que les organisateurs ont retenues pour la tenue de ce premier Championnat du monde. Le volcan a ainsi été escaladé à sept reprises.
Plusieurs Suisses étaient de la partie, dont le Genevois Balthazar Gini, qui n'avait jamais tenté le challenge auparavant, même «en off», comme les cyclistes aiment parfois s’y essayer. En revanche, il s'était déjà adonné à l'Everesting en ski-alpinisme, il y a trois ans.
«Nous avions eu l’idée avec un ami de tenter un Everesting sur la montée de la Breya à Champex-Lac», dit-il, avant d'ajouter: «Il nous avait fallu 17 heures pour gravir ce sommet treize fois, pour un total de 115 kilomètres et 9000 mètres de dénivelé. C’était très long, en distance et en temps, car le segment choisi était trop plat, et donc pas vraiment optimal pour un tel défi».
Septième au classement général
En Italie, Balthazar s’est classé septième du Championnat du monde, bien qu’il ait terminé la course en quatrième position. Comment est-ce possible? Il explique qu’à l’origine, le temps final devait correspondre à l’activité dans son intégralité: «De la première montée jusqu’à la dernière descente».
Cette constance se reflète également dans la manière dont Balthazar Gini a géré chacune des sept montées. Lors de la première, débutée à 4h du matin, il a volontairement ralenti: «J’ai senti que j’étais dans un bon jour: j’étais prêt mentalement et j’avais de bonnes jambes. La vraie difficulté, c’était de ne pas rouler trop fort, malgré la fraîcheur et l’adrénaline». Même chose lors de la deuxième ascension, quand trois cyclistes l’ont dépassé. S’il a d'abord suivi le groupe, le Genevois a finalement «décidé de les laisser partir», pour «ne pas exploser» en route. Bien lui en a pris, puisqu’il s’est finalement classé devant eux au général.
Après un gros passage à vide durant la troisième montée, Balthazar a poursuivi sa stratégie, ce qui lui a permis d'accélérer en dernière partie de course et de signer son meilleur temps d’ascension lors du septième et dernier effort.
Une belle surprise au podium
Satisfait de sa course «pleine et bien gérée», achevée en 9h23 pour un effort total de 13h33, conforme à ses «plans Excel», Balthazar Gini a eu, en prime, une belle surprise le soir, à l'occasion de la remise des prix. «J’ai appris à peine cinq minutes avant de monter sur scène que j’étais sacré champion du monde d’Everesting dans la catégorie 25-29 ans», glisse-t-il avec modestie.
car nous n'étions pas nombreux au départ»
Mais un titre reste un titre, et le Genevois ne peut pas cracher dessus. Surtout quand on sait que, sur les 41 partants de la catégorie masculine, «seuls treize ont bouclé la course dans les temps impartis». «Ça donne quand même de la valeur à cette expérience», fait remarquer le cycliste amateur.
Quête intérieure et dépassement de soi
Reste une question: pourquoi s’infliger un tel challenge, aussi répétitif, quand la pratique du cyclisme invite, au contraire, à la découverte de nouveaux horizons? «J’aime par-dessus tout découvrir de nouveaux endroits à vélo, profiter de la diversité des paysages et de la richesse des parcours. Mais l’Everesting a quelque chose de différent, presque méditatif», répond le septième du Championnat du monde, à deux places du premier Suisse, Enrico Bergamini.
Et puis, réitérer une ascension «idyllique» à divers instants de la journée, c’est aussi une manière de l’explorer sous toutes ses coutures. «La deuxième restera sans doute la plus belle, avec le lever de soleil qui révélait progressivement la silhouette de l’Etna.»
Balthazar Gini précise néanmoins que ce qui l’attire avant tout dans l’Everesting, «c’est le dépassement de soi». «A première vue, ce défi paraît insurmontable, mais au fil des ascensions, on réalise qu’il est en réalité à la portée de tous, quel que soit le sport ou le niveau.» A bon entendeur!