C'est un rituel surprenant. Après chacun de leurs sauts, les plongeurs ont tous le même réflexe, celui de se prélasser dans un jacuzzi ou sous les douches, sans même se cacher des spectateurs et des caméras. Le plongeon souffrant d'un cruel manque de visibilité dans nos contrées, cette image interpelle à chaque édition des Jeux olympiques ou des Championnats du monde de natation.
Ces installations n'ont rien d'un privilège accordé à des athlètes en mal de reconnaissance, et pratiquant une discipline certes spectaculaire, mais confidentielle en dehors des Red Bull Cliff Diving World Series. Si les plongeurs ont droit à un accès direct au jacuzzi et aux douches, c'est pour qu'ils puissent maintenir leurs muscles à température.
Alors qu'ils effectuent toutes sortes de cabrioles complexes et autres sauts carpés au-dessus de l'eau, les athlètes bénéficient grâce à la chaleur de muscles plus détendus et gagnent en souplesse et flexibilité, des qualités indissociables de la performance.
Les meilleurs plongeurs de la planète débarquent bien sûr échauffés en compétition. Or leurs épreuves ont parfois tendance à s'éterniser. Chaque athlète produit un saut par tour et il peut y avoir jusqu'à six tours au cours d'une finale, comme c'est le cas aux Jeux olympiques dans les catégories masculines. Il n'est donc pas question de se refroidir entre les prestations, espacées d'au moins 20 minutes. «Je restais là, debout, à frissonner», expliquait au Washington Post David Feigley, ancien plongeur de l'université Rutgers, en se remémorant l'époque où les athlètes n'avaient pas le luxe de filer à la douche ou de sauter dans le jacuzzi.
Si le bassin dans lequel les plongeurs se jettent n'est pas excessivement froid (les instances demandent une température comprise entre 26 et 28 degrés), l'attente à l'extérieur de l'eau peut vite devenir problématique lorsque l'on souhaite performer à haut niveau. Les athlètes patientent dans une arène où la température de l'air est d'abord optimisée pour le confort des spectateurs, et non des athlètes. Quand ils quittent le bassin, les sportifs se retrouvent donc dans une salle où l'air est plus frais que l'eau.
Le Parisien pointe un dernier avantage à se relaxer de la sorte entre deux sauts. «Ce rituel leur permet de se protéger de l’élément chimique qu’est le chlore», afin d'éviter toute irritation, notamment au niveau des yeux lorsque les plongeurs se présentent à nouveau sur le sautoir. Nul doute qu'il permet aussi de se détendre et lutter contre la pression, avant de se projeter vers un nouveau plongeon prodigieux.