Le risque de développer une maladie de Parkinson serait également trois fois plus élevé pour les anciens internationaux, ajoute l'étude, menée par l'Université de Glasgow. Celui d'une maladie du motoneurone, un type de maladie dégénérative, serait, lui, quinze fois plus élevé, d'après les résultats des recherches, publiés dans le Journal of Neurology, Neurosurgery and Psychiatry.
L'étude, qui s'est penchée sur 412 anciens internationaux écossais de rugby avant de les comparer à 1200 personnes issues de la population générale, vient s'ajouter à de précédentes études pointant les liens entre les commotions cérébrales subies par les joueurs et le risque de développer des maladies neurodégénératives.
Trois anciens joueurs irlandais ont récemment porté plainte contre leur fédération pour des commotions à répétition. Il s'agit du flanker David Corkery (49 ans et 27 sélections), du pilier Declan Fitzpatrick (39 ans et 7 sélections) et de Ben Marshall (32 ans).
D'autres joueurs ont déjà engagé des procédures judiciaires contre les institutions du rugby, comme l'ex-talonneur anglais Steve Thompson (43 ans), qui a témoigné dans la presse souffrir de démence précoce. Le champion du monde de rugby en 2003 a d'ailleurs annoncé qu’il ferait don de son cerveau après sa mort.
D'après l'étude récemment publiée par l'université de Glasgow, si les risques ne sont pas les mêmes selon le type de maladie neurodégénérative, le poste du joueur n'aurait pas d'influence. Les chercheurs relèvent par ailleurs que la plupart des joueurs de rugby étudiés étaient amateurs, le rugby n'étant devenu professionnel qu'en 1995. Cette précision illustre le fait que les risques ne se limitent pas aux sportifs professionnels, bien que les cas de ces derniers soient les plus médiatisés.
«Notre inquiétude porte particulièrement sur le risque de maladie du motoneurone parmi les joueurs de rugby. Ce risque est plus élevé que pour les anciens footballeurs professionnels», a déclaré le consultant en neuropathologie Willie Stewart, qui a dirigé l'équipe de recherche. «Au lieu de parler d'étendre les saisons et de rajouter de nouvelles compétitions, il faudrait discuter afin de les réduire autant que possible», a-t-il plaidé. Il a ensuite avancé une autre possibilité en prenant l'exemple du football américain, qui a réduit les contacts à l'entraînement.
Brian Dickie, le directeur recherche et développement de l'Association des maladies du motoneurone, a salué cette étude, tout en appelant à des recherches plus approfondies. «Nous savons que la majorité des cas de maladie des motoneurones implique un mélange complexe de facteurs de risques génétiques et environnementaux. Le facteur de risque génétique pourrait être différent chez des athlètes de haut niveau de celui de la population générale», a-t-il déclaré.
Les résultats des études actuelles ont déjà amené plusieurs changements, notamment dans le rugby anglais, où un médecin indépendant est présent et a le dernier mot pour statuer sur le cas des joueurs victimes de commotion. Mais ce n'est pas suffisant, selon l'ancien international gallois Alix Popham, qui doit faire face à une démence précoce dix ans après l'arrêt de sa carrière.
Celui-ci est à la tête d'une action collective en justice contre World Rugby et les fédérations anglaise et galloise. Il veut rendre les scanners cérébraux obligatoires.
(jcz/ats)