Janne Ahonen, le célèbre sauteur à ski Finlandais, traînait une réputation d'être aussi glacial qu'une nuit d'hiver à Kuopio. Outre une ribambelle de surnoms, il était couramment appelé l'homme qui ne sourit jamais. En ce qui concerne la skieuse Malorie Blanc, c'est tout le contraire: son sourire ne quitte jamais son visage.
Et la Suissesse de 21 ans a de quoi afficher sa satisfaction. Auteure d'un brillant week-end à Sankt Anton, au mois de février, la spécialiste a sauté du cadre B de Swiss-ski à l'équipe nationale.
Face à nous, la Valaisanne se remémore son deuxième rang lors de la descente autrichienne, où la skieuse d'Ayent le confesse sans détour:
Si le samedi elle a explosé aux yeux du grand public, Malorie Blanc rappelle l'importance du deuxième jour et souligne sa 9e place en super-G: «J'étais très fière de claquer ce résultat en super-G et montrer que, la veille, ce n'était pas qu'un simple coup d'éclat. J'ai réussi à me remettre dedans et y retourner.»
Pour sa première véritable saison au plus haut niveau, Blanc a parfait son apprentissage et emmagasiné un gros bagage d'expérience, spécialement sur la gestion de l'enchaînement des courses.
A 21 ans, Malorie Blanc découvre alors un nouveau statut, une nouvelle notoriété, alors qu'une revenante nommée Lindsey Vonn finissait au pied du podium, à l'âge de 40 ans. «Je ne me vois pas poursuivre ma carrière comme elle le fait. Mais elle force le respect et je pense qu'elle réalise des choses pour elle, elle se fiche du regard des autres. C'est inspirant», analyse la Valaisanne.
Mais pour l'athlète helvétique, ce podium autrichien a surtout confirmé son rang auprès des meilleures skieuses de la planète et de gommer par la même occasion une forme d'illégitimité qui rôdait dans un coin de sa tête. Sentait-elle un petit syndrome de l'imposteur lui coller aux spatules? «Je dirais que non. Je suis consciente du travail que je fournis et j'aime que les choses soient bien faites. Mais je me sens hyper chanceuse.»
Plus la conversation avançait, plus un mot revenait dans son vocabulaire: la chance. Elle qui s'est imposées lors des Mondiaux juniors de super-G aux Portes du Soleil, en 2023, se blesse au genou dans la foulée lors des courses de Coupe d'Europe à Crans Montana. Verdict: une déchirure des ligaments croisés. On parlerait plutôt de poisse à ce niveau.
Sauf que dans sa malchance, elle se dit vernie d'avoir traversé «une rééducation qui s'est tellement bien passée» et pointant du doigt le timing parfait.
Elle explique:
Forte de cette nouvelle image, l'Ayentôte découvre les demandes de partenariat et apprend à gérer sa carrière: «Ce n'est pas facile, parce que je suis toujours en train de peser le pour et le contre. Savoir dire non, c'est savoir se connaître. Je vais apprendre tout au long de ma carrière. J'essaie de juger les situations et de dire non quand il faut. Je ferai bien sûr des erreurs et je continuerai d'en faire. Il est difficile, dans ma nature, de dire non.»
Autre facteur pour la jeune skieuse, elle découvre également «de plus en plus la ferveur», passant du village à une notoriété nationale.
Mais cette saison 2025/2026, il est question de confirmer les espoirs. Pour l'instant, tout semble se goupiller à merveille lors de sa préparation.
Malorie Blanc déclare:
Pourquoi? «L'année passée j'étais blessée, c'était plus une réhabilitation. Maintenant, je découvre ce qu'est une préparation physique à 100% avec Florian Lorimier (réd: son préparateur physique)», renseigne la spécialiste de vitesse.
A la suite de sa blessure en février 2024, elle n'a pu reprendre le ski qu'au mois de septembre 2024. En 2025, pour cette préparation, comme elle l'affirme, c'est tout nouveau, spécialement avec Florian Lorimier: «Avec le programme de Florian, Ce sera toujours nouveau: il lit beaucoup, il se renouvelle énormément. Pour moi, c'est une aubaine, parce que la condition physique est plus intéressante. alors que normalement, c'est difficile à se motiver à aller en salle», rapporte Malorie Blanc.
La salle de musculation fera bientôt place à un long voyage au Chili, le 8 septembre, pour aller chercher des conditions hivernales et une forme optimale.