La France est une grande nation de tennis. Onze de ses représentants figurent actuellement dans le top 100 du classement mondial masculin. Pourtant, les Français n'ont plus remporté de tournoi du Grand Chelem chez les hommes depuis plus de 40 ans. Le dernier sacre? Yannick Noah en 1983, à Roland-Garros.
Aujourd'hui âgé de 64 ans, celui qui, après avoir rangé sa raquette, a réussi une carrière encore plus grande en tant que musicien, a récemment refait les gros titres sportifs. Il sera le nouveau coach de l'équipe européenne à la Laver Cup à partir de 2025. Il sélectionnera alors peut-être un compatriote que les Français estiment capable de suivre un jour ses propres traces: Arthur Fils.
Arthur Fils (ATP 20) a soufflé ses 20 bougies le 12 juin dernier. Il est le plus jeune joueur du top 40. Et le seul de 20 ans (ou moins) a avoir déjà remporté trois titres ATP.
Le jeune Parisien a fait ses débuts sur le circuit principal en 2021, à seulement 16 ans. En 2023, il a remporté son premier tournoi à Lyon (un ATP 250), ce qui lui a permis de se hisser dans le top 100. Cette année, il est entré dans le top 20 grâce à deux autres sacres. Et pas des moindres, puisqu'il s'agit de tournois estampillés ATP 500. Il y a d'abord eu Hambourg en juillet (sur sa surface préférée, la terre battue) puis Tokyo (dur) début octobre.
Son entraîneur est depuis cette année l'ancien numéro 4 mondial, Sébastien Grosjean.
«Arthur a un grand potentiel et une énorme volonté de s'améliorer», s'est enthousiasmé Grosjean, au moment de justifier son choix. Et la collaboration semble donc porter ses fruits.
Alors c'est vrai, Arthur Fils a déjà perdu onze fois au premier tour d'un tournoi cette année. Mais une fois qu'il est dans le flow, le Parisien – doté d'un coup droit très puissant et d'un jeu offensif – est souvent difficile à arrêter. A Hambourg, il a battu en finale la star locale Alexander Zverev. A Tokyo, il a éliminé quatre joueurs du top 20.
Ce fan avoué de Federer – «parce qu'il a toujours fait paraître les choses si faciles sur le court» – joue pour la première fois à Bâle. On le sait, le directeur des Swiss Indoors, Roger Brennwald, a à cœur d'attirer de jeunes espoirs. C'est l'une des raisons pour lesquelles il a mis sous contrat Arthur Fils (qui jouait encore à Vienne, le tournoi concurrent, en 2023). Un privilège que n'a même pas eu Félix Auger-Aliassime, pourtant double vainqueur dans la cité rhénane.
Il y a encore une autre raison, davantage stratégique économiquement, qui a favorisé la venue du Parisien à Bâle: pour les Swiss Indoors, la présence des meilleurs joueurs français est toujours un avantage.
Mais aucun Français ne s'y est imposé depuis Yannick Noah en 1987. Arthur Fils mettra-t-il un terme à cette disette?
Lundi, au premier tour, il a battu le qualifié allemand Daniel Altmaier (7-6, 6-3) et a gratifié le public de quelques points spectaculaires. «D'ici 2028, Arthur Fils sera un joueur du top 5 et se battra pour des titres du Grand Chelem», encensait il y a quelques semaines l'ancien vainqueur de Wimbledon et actuel expert TV Mats Wilander. Et celui qui s'était incliné face à Noah en finale de Roland-Garros 1983 n'est pas le seul à partager cet avis.
Fils lui-même raconte qu'à l'âge de cinq ans déjà, son objectif était de remporter un jour un titre du Grand Chelem:
Mais le Français veut d'abord aller le plus loin possible à Bâle. En huitième de finale, il affrontera ce jeudi après-midi l'Espagnol Pedro Martinez (ATP 40). Jusqu'à présent, le seul duel entre les deux hommes a été remporté en trois sets par Martinez, cette année à Santiago, au Chili. Mais Fils compte bien prendre sa revanche et continuer à faire rêver les supporters tricolores.
Traduction et adaptation en français: Yoann Graber