Seulement 20 matchs joués, un bilan de 12 victoires pour 8 défaites et 0 titre: au niveau comptable, 2024 est de loin l'une des pires années sur le circuit de Rafael Nadal. Pourtant, l'Espagnol (38 ans) – qui a pris sa retraite en novembre – est, pour moi, la personnalité sportive de 2024. Et je vous le promets, ce choix n'a rien à voir avec un excès de champagne pendant les fêtes.
Certains ne retiennent que les victoires et trophées. Alors ceux-là me prennent peut-être pour un fou en découvrant que j'élis Nadal. Mais moi, je préfère voir au-delà des résultats.
Il a d'ailleurs été ce modèle tout au long de sa carrière, mais encore plus pendant cette ultime année de galères. C'est facile d'être un grand chevalier quand tout rigole, ça l'est beaucoup moins dans des temps compliqués.
Et Rafael Nadal en a eu cette saison. Après une année 2023 complètement blanche à cause de douleurs à la hanche, il est revenu seulement à l'Open d'Australie, en janvier. Rebelote: des blessures à la cuisse puis aux abdos lui ont pourri son début d'année. Mais comme toujours, l'homme aux 22 titres du Grand Chelem a réussi à revenir en fanfare. Il a battu de Minaur (9e mondial) à Madrid puis fait trembler Zverev au 1er tour de «son» Roland-Garros.
Nombreux s'attendaient à assister à l'exécution du taureau de Manacor par l'Allemand, le tennisman en forme du moment. Il n'en a rien été: comme à son habitude, le Majorquin, pourtant en manque de compétition et de repères, a livré un terrible combat, jusqu'au bout, et aurait pu faire sacrément douter son adversaire s'il avait remporté le tie-break du deuxième set (score final: 6-3, 7-6, 6-3).
Encore plus remarquable: l'Espagnol a été à un cheveu sous le bandana de remporter un 93e titre sur le circuit principal, malgré son corps meurtri. En juillet, il a aligné quatre victoires sur l'ocre de Bastad et n'a été stoppé qu'en finale par le Portugais Nuno Borges.
Avec l'annonce de sa retraite le 10 octobre, la terre, abattue, s'est arrêtée de tourner. Mais Nadal a serré les dents et ajusté son short une dernière fois, pour pouvoir dire au revoir à ses fans là où il le voulait: sur un terrain de tennis. Qui plus est en Espagne.
Et ses adieux ne pouvaient pas mieux coller à sa personnalité. Si Federer, l'élégant, avait choisi le cadre très glamour de la Laver Cup – qui reste, n'en déplaise à certains, un événement de gala –, Nadal le guerrier a, lui, décidé de ranger sa raquette au terme d'un ultime combat acharné (mais perdu) pour son pays dans la très compétitive Coupe Davis.
Et tellement à l'image des valeurs véhiculées par Rafael Nadal.
Pour tout cela et l'héritage qu'il nous laisse, il mérite son titre de personnalité sportive de 2024.