Le principe du Vendée Globe est assez simple: tous les marins partent en même temps des Sables-d'Olonne et le premier de retour au port a gagné. Mais cette année, une autre course se dispute et elle oppose à distance le marin genevois Alan Roura à la skippeuse française Violette Dorange.
L'enjeu: le titre honorifique du plus jeune finisher de la course autour du monde, sans escale et sans assistance. Une récompense que Roura avait obtenue lors de l'édition 2016/2017. Né le 26 février 1993, il avait franchi la ligne d'arrivée le 20 février 2017.
Le Vendée Globe avait salué la prouesse du débutant sur son site internet en soulignant l'«incroyable performance» d'un homme qui a signé «son entrée dans la légende du Globe». Rien que ça.
Cette marque de précocité, aucun participant n'avait pu la battre en 2020/2021, puisque Roura était cette fois-ci encore le plus jeune de l'épreuve. Sauf que tout est différent cette année avec la présence de Violette Dorange. La benjamine de la course peut raisonnablement envisager de battre le record d'Alan Roura, et tout pourrait se jouer à quelques semaines près.
Violette Dorange est née le 17 avril 2001. Si la jeune femme de 23 ans veut devenir la plus jeune finisheuse de l'histoire de la compétition, elle devra arriver aux Sables-d'Olonne avant...
Est-ce raisonnable de penser qu'elle franchira la ligne avant cette date? Absolument. Lors de la précédente édition, les navigateurs avaient pris le départ deux jours plus tôt que cette année (8 novembre au lieu du 10) et le plus lent de la flotte (Ari Huusela) avait bouclé son périple le 5 mars, ce qui laisse une bonne marge à Violette Dorange pour en terminer.
Alan Roura s'apprête donc à perdre son record, mais il devrait s'en remettre. L'étiquette de plus jeune finisher a sans doute aidé le Suisse à une période de sa carrière, notamment en termes de communication, mais il est aujourd'hui un navigateur reconnu, avec de l'expérience et des miles au compteur. «Je pense qu'à une période, il tenait à cette marque, mais maintenant qu'il dispute son 3e Vendée Globe, ça n'est plus si important que cela, nous confirme une personne qui le connaît très bien. D'ailleurs, il n'a jamais dit que ça l'embêterait d'être battu par Violette, ce n'est pas du tout son état d'esprit.»
Ce que Roura veut surtout, c'est devenir meilleur à chaque compétition, ne jamais cesser de progresser. Sa course, il la dispute en quelque sorte contre l'ancienne version de lui-même, et c'est une épreuve dans laquelle il ne peut jamais perdre, seulement apprendre.