Swiss-Ski se relève et Shiffrin flambe: les 7 enseignements de Gurgl
Peut-on dire que Gurgl lançait réellement la saison des slalomeurs et slalomeuses? Certains et certaines diront que oui. Dans le milieu des funambules du virage court, Levi n'est pas le menu le plus apprécié, on parle même d'un ennui poli qui régnerait dans le cabanon de départ.
Or, les grands skieurs savent skier vite sur toutes les pentes et tous les types de terrain. Une leçon que Mikaela Shiffrin semble avoir parfaitement retenue, tant elle marche sur l’eau en ce début de saison.
Chez les hommes, Paco Rassat a fait la joie des bookmakers, avec une cote qui a sûrement dû exploser - bien joué à celui qui a misé sur le Français. Mais Gurgl était surtout crucial pour Swiss-Ski, qui a vécu un week-end finlandais douloureux. La nation du ski alpin devait de remettre les pendules à l'heure, chez les hommes et chez les femmes, et clouer le bec aux critiques - et à nous par la même occasion.
Paco Rassat nous fait une Marc Gini
Honneur à Paco Rassat, 27 ans, fils d'un père moniteur de ski et une mère pisteur-secouriste. Le Français est arrivé tardivement, il rôdait là dans les parages, accrochait des top 15 ou des miettes de points lors de ses récentes sorties en Coupe du monde. Ses premiers points sont arrivés en 2024, à Wengen.
Lors du premier slalom de la saison à Levi (6e), il montre que le bougre à des dispositions pour chatouiller le top 7 mondial.
Et voilà que Paco Rassat, au ski plaqué, tout en sobriété et parfaitement équilibré, a réussi deux manches très solides pour glaner son premier succès au plus haut niveau. Une surprise!
Et ce destin rappelle étrangement celui d'un certain Marc Gini, le skieur de Bivio qui avait remporté le 11 novembre 2007 le slalom de Reiteralm à la surprise générale. Une fois le dossard rouge sur les épaules, le Grison n'a plus jamais performé par la suite. Outre un petit top 10, Gini n'a jamais flirté avec les podiums. Le même sort pour Paco Rassat?
Les Suisses? Un léger mieux
Tanguy Nef a montré qu'il était le slalomeur suisse le plus performant en ce début de saison. Son ski, toujours impeccable techniquement, peut lui permettre d'aller gratter son premier podium. Son 5e rang est annonciateur d'une excellente saison, à n'en pas douter.
C'est aussi nettement mieux pour Daniel Yule. Le Valaisan s'est montré agressif en deuxième manche, pour atterrir à un 11e rang qui pose les jalons de cette saison olympique. Le slalomeur du Val Ferret s'en est mieux sorti que son chef de file Loïc Meillard. Lui qui parlait d'«une catastrophe» en première manche, a adopté une tactique plus fonceuse dans l'après-midi, avant de déclencher trop tôt son appui pied gauche et d'enfourcher. Une début de saison bien en-dessous de ses standards et une publication sur Instagram qui en dit long:
Pour nos autres représentants, c'est aussi la valse des désillusions. Marc Rochat a mis du coeur à l'ouvrage, mais il a accumulé les fautes. Si le Vaudois a clairement le ski pour un top 15, voire mieux, pour Ramon Zenhäusern, en revanche, la situation est bien plus compliquée. Le colosse de Bürchen paraît vidé de son explosivité; tout paraît pesant. Quant à Luca Aerni, il signe un deuxième slalom en demi-teinte. Peut-être le skieur des Barzettes devrait-il s’inspirer de la trajectoire de Truls Ove Karlsen, le Norvégien spécialiste du slalom qui avait choisi de délaisser les virages courts pour se consacrer au géant.
Une première manche où il ne fallait pas traîner
On le répète souvent: le slalom est une discipline où la concurrence est féroce. On l'a vu à Gurgl, encore une fois. Le 30e de la première manche, l'Italien Tommaso Sala comptait 1'47'' de retard sur le meilleur temps d'Atle Lie McGrath (finalement 3e du jour). Loïc Meillard pointait au 20e rang et était le premier coureur au-delà de la seconde (1'08'' de retard). La densité d'athlètes est folle.
La hiérarchie du slalom masculin est en train de bouger
C'est un fait intéressant: depuis le début de la saison (même s'il n'y a eu que deux épreuves), la hiérarchie n'est pas entièrement respectée. Le top 7 mondial est à la peine, comme le prouve les arrivées de Paco Rassat, Eduard Hallberg ou encore Armand Marchant. Les seconds couteaux sont en forme et les stars peinent, comme Meillard, Kristoffersen.
Mikaela Shiffrin va nous offrir une saison ennuyeuse
Nous pouvons d'ores et déjà l'annoncer: la saison 2025/2026 du slalom féminin sera monotone. La raison est simple: en l'espace de deux épreuves, la skieuse a livré un véritable récital. Shiffrin gagne chacune des manches et s'apprête à désosser ses adversaires pour compiler ses 104, 105, 106e victoires en Coupe du monde. Rappelons qu'aujourd'hui, elle signe son 103e succès sur le circuit.
Peut-être s’avance-t-on un peu (trop), mais l’Américaine ne sera inquiétée que si l’une de ses adversaires réussit deux manches parfaites. Quoi qu’il en soit, le classement de la discipline semble déjà plié.
Camille Rast n'a plus mal à la hanche
Ce sont deux manches qui vont faire du bien à la championne du monde en titre. Camille Rast a montré qu'elle avait faim et que son ski, malgré une hanche récalcitrante, pulsait l'explosivité et la hargne. Ce 3e rang lance définitivement la saison de la Valaisanne.
Dans son sillage, Wendy Holdener rassemble les pièces et montre qu'elle monte en puissance cette saison. Elle termine à un bon 4e rang. Surtout, elle donne cette impression d'en avoir sous le capot.
Anuk Brändli, première lueur de la relève Swiss-Ski
Outre les cadres, il y a enfin un peu de positif du côté de la relève helvétique. Anuk Brändli, 21e, a marqué ses premiers points en Coupe du monde. La skieuse du ski-club Arosa a montré un beau ski, tout en maîtrise. Ancienne vice-championne du monde junior de la discipline, c'est un résultat qui flaire bon l'avenir. Il ne manque plus qu'à mettre un peu d'intensité et la Suissesse grimpera dans la hiérarchie pour accrocher le haut de classement.
