Samir Chaibeddra, quand on est entraîneur d'une équipe de 3e division et qu'on va observer un futur adversaire, est-ce qu'on paie son billet de match?
Non (il rit). J'ai été invité par Oliver Zesiger (réd: le coordinateur sportif du FC Bienne), qui m'a trouvé deux places grâce à ses contacts.
On vous a reconnu une fois sur place?
Oui. Les gens n'ont pas trop osé venir me voir, mais j'ai entendu quelques mots sympas, comme «bien joué» ou «félicitations». Il y a eu surtout des sourires et des pouces levés.
Cette notoriété, c'est nouveau pour vous?
Pas vraiment. J'avais aussi ressenti un certain intérêt lorsque j'étais venu au Wankdorf pour observer YB, juste après notre victoire face à Lugano en Coupe de Suisse, mais c'est vrai que je ne suis pas habitué à ce qu'on me reconnaisse autant hors de Bienne.
Quelle était votre place au stade, dimanche lors d'YB-Bâle? Y'a-t-il un endroit idéal pour observer une équipe?
J'étais situé juste derrière les bancs de touche, donc plutôt bien placé, même si c'est en général en hauteur, au centre de la tribune latérale, que l'on voit le mieux le jeu. Mais de toute façon, l'analyse du match se fera sur vidéo. Si j'étais au Wankdorf dimanche, c'est pour voir les attitudes des joueurs, les émotions qu'ils dégagent.
Vous avez pris des notes?
Pas du tout. Je me suis vraiment concentré sur le comportement des joueurs, leur réaction sur certaines phases de jeu.
Quand on observe son futur adversaire, on ne s'intéresse qu'à lui ou aussi à l'équipe qu'il a en face?
Aux deux.
Et qu'avez-vous retenu de cette rencontre?
Je me suis surtout rendu compte qu'on allait affronter une équipe très, très forte.
Vous vous en doutiez quand même un peu avant de venir, non?!
Oui (il rit), mais ça s'est confirmé! Bâle est une équipe qui veut absolument faire le doublé. Même si le FCB a perdu 6-2 contre YB, tout s'est joué sur des détails et dans le contenu, dans ce que Bâle a proposé, le match aurait pu se terminer sur un 4-4 et il n'y aurait rien eu à redire. Le FCB est une équipe ultra offensive qui possède des individualités qu'aucune autre formation n'a la chance d'avoir en Suisse. On va souffrir en finale.
Etes-vous tout de même satisfait d'avoir fait le déplacement à Berne, ou auriez-vous préféré ne pas avoir à faire ce constat et rester dans votre bulle avant la finale?
Non, c'était important que je fasse le déplacement et je suis très content de l'avoir fait. Avant la demi-finale contre les Young Boys, j'avais été voir le match des Bernois contre Zurich (2-1), et je m'étais dit à la fin du match: «Oh punaise, on va essayer de limiter la casse car YB, c'est vraiment fort.» Ça ne nous avait pas empêché d'éliminer les Bernois par la suite.
Vous parliez de l'attitude des joueurs Bâlois toute à l'heure, et de l'impression que l'équipe était vraiment redoutable. Qu'est-ce qui, dans le comportement des Rhénans, vous fait dire cela?
La confiance, le calme et la force que les joueurs dégagent. J'ai vu une équipe déjà championne qui jouait avec beaucoup de sérénité. Je suis d'ailleurs persuadé que si Bâle n'avait pas été assuré du titre au coup d'envoi, il n'aurait pas fait le même match à Berne. Et malgré tout, les Rhénans ont livré une super prestation.
Affronter la meilleure équipe du pays, le champion de Suisse en titre, ça reste un super challenge pour votre équipe. Vous avez envie d'y être, à cette finale, non? Vous avez hâte?!
Oui, totalement! Dimanche, je m'imaginais être sur le banc le jour de la finale. Je suis excité et impatient.