C'est désormais officiel: la dernière étape du Tour de France 2025 passera par la Butte Montmartre.
Les organisateurs veulent reproduire le succès sportif, populaire et visuel de la course en ligne des Jeux olympiques de Paris 2024. Celle-ci avait été débridée et s'était tenue devant un demi-million de spectateurs. Les images de la principale ascension, une rue Lepic bondée, restent aujourd'hui encore dans les mémoires.
On ne connaît pas encore le tracé exact de cette 21e et dernière étape du Tour de France 2025. Il sera dévoilé ce mercredi lors d'une conférence de presse à l'Hôtel de Ville de Paris, en présence de la maire Anne Hidalgo et du directeur de l'épreuve Christian Prudhomme.
Le parcours s'annonce toutefois exigeant, pour le plus grand bonheur des amateurs de cyclisme. «J'ai quelques contacts à la mairie de Paris. Je vais bien sûr mettre ça au conditionnel. Mais apparement, selon mon «indic», il y aurait trois tours de circuits pour finir. Avec la rue Lepic, dont le dernier sommet serait à quatre kilomètres de l'arrivée», a déclaré l'ancien professionnel Jacky Durand à l'antenne sur Eurosport.
Tout porte à croire que les coureurs fileront ensuite vers les Champs-Elysées, où le Tour de France à ses habitudes, et non le Champ-de-Mars, comme lors des derniers Jeux olympiques.
Un tel tracé bouleverserait radicalement le déroulé de la dernière étape, traditionnellement perçue comme une longue procession en Ile-de-France, durant laquelle les porteurs des maillots distinctifs célèbrent ce pour quoi ils se sont battus durant trois semaines. On chôme le dernier jour de course d'un Grand Tour, jusqu'à l'entrée dans le circuit final, dessiné pour les sprinteurs.
Or avec la rue Lepic intégrée au final, les hommes rapides seront dans l'incapacité de briller sur les Champs. Une étape aussi relevée profiterait aux spécialistes des classiques et aux grimpeurs-puncheurs, tout en relançant totalement la course au maillot jaune. «Les sprinteurs, vous oubliez. Et le général peut être complètement bouleversé», a commenté en ce sens Jacky Durand.
Alors que des noms comme Ben Healy, Wout van Aert, Mathieu van der Poel ou encore Valentin Madouas, médaillé d'argent aux Jeux olympiques de Paris 2024, peuvent se réjouir d'un bouquet final à Montmartre, certains leaders du classement général, eux, émettent déjà des critiques sur ce parcours. Ils redoutent de tout perdre à quelques encablures de l'arrivée, soulignent le danger que représente l’étroitesse des rues, d’autant que le peloton sera plus dense qu'aux Jeux olympiques, et estiment qu'ils n'ont pas à livrer bataille le dernier jour.
«Pour être honnête, je ne trouve pas que cela soit une bonne idée. Montmartre m'a semblé très beau aux Jeux olympiques, avec une très bonne ambiance. Mais quand les coureurs y sont arrivés, il en restait 50 dans le peloton (réd: il s'agissait d'une course d'un jour usante (plus de 270 kilomètres), incluant de faibles nations). Là, on sera 150 à se battre pour se positionner, sur une montée très étroite. Ça va ajouter du stress, plus qu'on ne le voudrait», a ainsi déclaré le double vainqueur du Tour Jonas Vingegaard, lundi en visioconférence depuis la Sierra Nevada, où il s'entraîne en vue de son grand objectif de la saison.
Le leader de l'équipe Visma-Lease a Bike n'est pas le premier à s'exprimer de la sorte. Avant lui, Remco Evenepoel, pourtant médaillé d'or aux Jeux olympiques sur ce circuit de Montmartre, avait lui aussi exprimé ses doutes, en avril lorsque les rumeurs sur un possible passage par le Sacré-Cœur allaient bon train.
Le Belge pense également aux sprinteurs, à commencer par son équipier chez Soudal-Quick Step, Tim Merlier, qui disputera cet été son deuxième Tour de France. «Pour les sprinteurs, c'est une chance énorme de gagner sur les Champs-Elysées, et on leur rajoute un effort de deux, trois minutes à plusieurs reprises. Là, ça changera le final. Ce ne sera pas bon pour le Tour», soulignait ainsi Remco Evenepoel.
Si la dernière ascension de la Butte Montmartre est effectivement placée juste avant l’arrivée, il ne fait aucun doute que les hommes rapides, déjà mis à l’épreuve par des parcours toujours plus exigeants, exprimeront eux aussi leur mécontentement.
Mais voilà: cette année, le Tour de France célèbre les 50 ans de sa première arrivée sur les Champs-Elysées, site ayant notamment remplacé le Parc des Princes et le vélodrome de la Cipale. Les organisateurs semblent donc prêts à franchir un nouveau cap en cette date anniversaire, quitte à prendre des risques.
Un pari qui n'est pas sans rappeler le Tour d’Italie 2018, et son circuit final à Rome, trop technique et dangereux à cause des pavés irréguliers. Le tracé avait provoqué la colère des coureurs et les temps avaient été figés dès le troisième tour, à près de 80 kilomètres de l’arrivée.