Le prochain Championnat du monde de hockey se déroulera en Suisse, à Zurich et Fribourg pour être précis. Pourrait-il être un échec? Les sceptiques assurent que l’intérêt sera insuffisant en raison des Jeux olympiques, organisés trois mois plus tôt en présence des professionnels de NHL, soit une première depuis 2014.
Dès lors, ces stars seront-elles prêtes à participer au Mondial de fin de saison? Afin d'attirer les meilleurs éléments, et pour contrer cette NHL qui se terminera plus tard, à cause de la trêve olympique, le Championnat du monde sera reculé d'une semaine.
Malgré cela, on peut logiquement douter de la qualité de ce Mondial. Mais pas du côté des Suisses. Patrick Fischer disposera à coup sûr d’une équipe capable de décrocher une médaille. Nos joueurs de NHL répondront à l’appel, s’ils ne sont plus engagés en play-offs. Nous pourrons aussi compter sur ceux évoluant en National League. On constate qu'ils sont de plus en plus compétitifs au niveau international.
De manière plus générale, l'absence des meilleurs éléments ne devrait pas trop poser de problème aux organisateurs. En effet, le Mondial s’est depuis longtemps affranchi des grands noms. Les fans célèbrent l'événement indépendamment de la composition des équipes. Son succès ne dépend pas du nombre de joueurs de NHL, surtout en Suisse, pays avec une forte «culture hockey». L'absence des Russes et des Biélorusses ne sera pas non plus un énorme problème, à l'heure où la Fédération internationale de hockey sur glace (IIHF) a confirmé leur exclusion du Mondial 2026.
Le dernier Championnat du monde, en 2024 en Tchéquie, a établi un record absolu avec 797 727 billets vendus. Ce chiffre ne pourra pas être atteint l’année prochaine, en raison des capacités plus faibles de nos deux arènes. Celle de Prague pouvait accueillir 16 000 spectateurs. A Zurich, on prévoit environ 10 000 places assises, contre un peu moins de 8 000 à Fribourg. Les médias et les chaînes de télévision occuperont plus de places que lors des rencontres de National League.
Les chiffres du dernier Mondial organisé en Suisse (en 2009, à Berne et Kloten), avec 379 044 entrées, ne seront pas non plus atteints. Mais un objectif d’au moins 300 000 billets vendus est réaliste.
Chaque année, une société anonyme est créée pour l’organisation de la compétition. Elle est détenue à parts égales par la fédération locale de hockey et par le partenaire marketing Infront. Le bénéfice est alors partagé, ou la perte assumée conjointement.
Les sources de revenus pour les organisateurs se limitent à la billetterie, à la restauration, aux partenariats dans certains domaines et à la vente de produits dérivés. Ils ne perçoivent rien sur les droits télévisés. Cependant, le bénéfice est pratiquement garanti. Il est prudemment estimé à 10 millions de francs. Pour rappel, le Mondial 2020, prévu à Zurich et Lausanne, mais annulé en raison de la pandémie, a affiché un bénéfice de 12,4 millions de francs, et ce, sans aucun match disputé. Les assurances avaient indemnisé les organisateurs.
La gestion du Mondial est assurée par Christian Hofstetter, ancien défenseur de Gottéron et ancien capitaine sous l'ère Bykow-Chomutow. Ces dernières années, il a travaillé comme directeur sportif à la Fédération internationale de hockey sur glace et a contribué à l’organisation de quatre tournois olympiques, ainsi que 15 Championnats du monde. La direction est sans doute plus sérieuse et professionnelle que celle des Européens d'athlétisme en 2014 ou des Mondiaux de cyclisme en 2024.
Jusqu’à présent, toutes les éditions du Championnat du monde en Suisse ont été rentables. La situation la plus délicate remonte à 1990, à Berne et Fribourg. A l'époque, la Nati avait raté la montée en poule A et ne participait pas. Le pays hôte n’était pas automatiquement qualifié et la billetterie était en deçà des attentes. Mais le président de la Fédération suisse de hockey sur glace, René Fasel, avait réussi à convaincre l’artiste Jean Tinguely de produire des œuvres numérotées, vendues au profit du tournoi, ce qui avait permis de dégager un bénéfice.
Le coût total du Mondial 2026 s’élèvera à un peu plus de 50 millions de francs, en partie à cause des travaux d’aménagement dans les stades. Les compétitions internationales sont, en Suisse, financées par les contribuables, car ces événements ont une portée mondiale et offrent une plus-value pour le pays. Une contribution totale d’un peu plus de 4 millions de francs est attendue de la part du canton et de la ville de Zurich, contre 3 de la part du canton et de la ville de Fribourg. A cela s’ajouteront probablement des prestations en nature (personnel, sécurité...), non facturées. La Confédération prévoit enfin une participation de plus de 3 millions.
En tout, le Championnat du monde 2026 pourrait bénéficier de plus de 10 millions de francs de fonds publics. Soit à peu près le bénéfice attendu. C’est le principe bien rodé des grands événements sportifs internationaux: socialiser les coûts, privatiser les gains.