Les ZSC Lions et le HC Davos en sont à 2-2 dans leur demi-finale des play-offs. Chacun a remporté ses deux premiers matchs à domicile: les Zurichois (6-1 et 5-1) plus facilement que les Grisons (4-3 et 3-1).
Les Lions sont certes meilleurs sur le papier, mais le coach davosien, Josh Holden, a jusqu'à présent tiré le maximum de ses joueurs. Les deux victoires à domicile sont le résultat de l'intelligence tactique, de la discipline, du courage et d'un travail très dur. Tout ce qui fait d'ailleurs l'ADN du HCD. S'ils avaient eu ce même état d'esprit, les ZSC Lions auraient déjà bouclé cette demi-finale en quatre actes.
Davos, lui, est fort mentalement: il s'est à chaque fois relevé après ses défaites. C'est aussi le cas de son gardien, Sandro Aeschlimann, bien plus efficace à la maison que lors de la défaite 1-5 à Zurich jeudi, où il a arrêté moins de 86% des tirs.
Les gardiens et le mental, ce sont justement les deux aspects qui vont décider du sort de cette demi-finale.
Les hockeyeurs suisses des ZSC Lions ont plus de talent que ceux du HC Davos. Si un concours de technique (skills competition) était organisé, les Zurichois en sortiraient clairement vainqueurs. D'autant plus que les Grisons doivent se passer d'Enzo Corvi et de Tino Kessler, deux de ses attaquants les plus talentueux, pour cause de blessure.
Le talent des Lions se voit notamment en powerplay, où il faut de la technique pour performer. Dans cette demi-finale, ils ont marqué 6 de leurs 15 buts en supériorité numérique. Côté davosien? Un seul goal sur les neuf a été inscrit en powerplay. numérique sur neuf a abouti sur un but. Les Davosiens ont eu pourtant onze powerplays dans cette série, contre 14 aux Zurichois.
En matière de talent chez les Suisses, le HC Davos n'a pas de réponse à apporter à Dean Kukan, Denis Malgin ou Sven Andrighetto. Mais justement: le talent n'est qu'un facteur parmi d'autres pour gagner, surtout en play-offs.
Et ça, les champions de Suisse en titre semblent l'avoir oublié lors de leurs deux premières sorties dans les montagnes grisonnes. C'était encore plus flagrant la seconde fois.
Le fan optimiste des ZSC Lions dira: «C'est la décontraction, la nonchalance et la facilité que le talent permet. Après tout, dans le pire des cas, on a l'avantage de la glace au septième match. En 2025, on a gagné nos cinq rencontres à domicile en play-offs avec une différence de buts de 20-5. Et comme gardien, Simon Hrubec est meilleur que Sandro Aeschlimann. Il n'y a donc pas lieu de s'inquiéter».
Le réaliste mettra en garde: «Trop de relâchement, de nonchalance et de facilité peuvent déboucher sur de l'arrogance et avoir des conséquences fatales dans un jeu aussi imprévisible que le hockey sur glace».
En résumé: le problème des ZSC Lions, ce n'est pas qu'il n'y a pas assez de talent. Au contraire, il y en a trop.
C'est avec un manque de respect sans pareil, mais non sans pertinence, qu'une remarque malveillante a été faite lors de la prise de fonction du coach zurichois Marco Bayer: les ZSC Lions sont tellement meilleurs et plus talentueux que leurs concurrents qu'ils peuvent être coachés par téléphone pour remporter le titre.
Le coaching téléphonique ne fonctionnerait pas contre ce HC Davos excellemment coaché et préparé tactiquement. La compétence professionnelle de Marco Bayer n'a jamais été mise en doute. Mais c'est la première fois que son autorité est vraiment mise à contribution. C'est à lui qu'il incombe de veiller à ce que la décontraction, la nonchalance et la légèreté de ses joueurs ne se transforment pas en arrogance.
Pour le formuler de manière polémique: les Zurichois ne peuvent perdre cette demi-finale qu'à la bande et dans les vestiaires. S'ils échouent, Marco Bayer sera à nouveau l'entraîneur en chef de l'équipe ferme, les GCK Lions, la saison prochaine.
Traduction et adaptation en français: Yoann Graber