En balayant Zoug en quart de finale (4-0), Davos a réalisé son plus grand exploit en play-off depuis sept ans et la démission d'Arno Del Curto le 27 novembre 2018.
Si l'on cite l'ex-entraîneur grison, c'est parce que les résultats actuels du HCD ont quelque chose à voir avec l'héritage laissé par Arno Del Curto. On ne peut pas expliquer la renaissance du club sans convoquer le souvenir de l'ancien mage de la cathédrale davosienne.
Car dans la station grisonne, Arno Del Curto a développé en plus de 20 ans une culture de direction très particulière. Il pouvait se déchaîner comme si le diable était descendu du Jakobshorn, mais il trouvait toujours le moyen de s'entendre avec les joueurs. S'il y a un club où les membres du vestiaire se sont habitués depuis plus d'une génération à des patrons au caractère bien trempé, c'est le HCD. Christian Wohlwend a perpétué cette culture à sa manière, et c'est désormais Josh Holden qui s'y colle.
En tant que joueur, le Canadien naturalisé a passé pas mal de temps en «prison», dépassant les 100 minutes de pénalité par saison à trois reprises. Il lui est même arrivé de dépasser les 200 minutes sur un exercice. Ancien joueur de Fribourg, Langnau et surtout Zoug, celui qui a disputé 692 matchs (675 points) en Suisse apportait sur la glace un mélange pétillant de courage, de dureté, de talent et de volonté de vaincre sans compromis.
Nommé entraîneur de Davos à l'été 2023, il a très vite fait parler de lui. Quelques mois après son arrivée, lors de la Coupe Spengler, les caméras de télévision ont diffusé la manière dont il a saisi son attaquant Tomas Jurco par les épaules sur le banc des joueurs et lui a crié dessus.
Les discussions sur la légitimité de cette action se sont propagées jusqu'en Amérique du Nord, mais malgré la polémique, le HCD a remporté la Coupe Spengler cette année-là.
Josh Holden est peut-être une tête brûlée, mais en tant que joueur, il a dû apprendre à contrôler ses émotions et à les utiliser de manière ciblée pour qu'elles agissent comme un médicament. Et puis, il s'est préparé à sa carrière d'entraîneur sous la houlette du meilleur maître possible: car avant de relever le défi d'entraîneur en chef à Davos, il a été pendant cinq ans l'assistant de Dan Tangnes à Zoug. Dan Tangnes et Josh Holden, c'était un peu comme la Belle et la Bête.
C'est une ironie de l'histoire du hockey helvétique que Josh Holden ait gâché la sortie glorieuse de son maître (Tagnes avait annoncé fin novembre qu'il rentrait en Suède à la fin de la saison). Et ce qui est encore plus significatif, c'est que ce sont justement les Zougois qui ont eu du mal à contrôler leurs émotions - et non les Davosiens: avec 96 minutes de pénalité en quatre matchs, Zoug a été de loin l'équipe la plus «méchante» des quarts de finale. Les robustes Davosiens se sont contentés de 58 minutes sur le banc des accusés.
Les play-offs sont en quelque sorte la continuation du hockey par d'autres moyens. C'est la raison pour laquelle la personnalité de l'entraîneur y joue un rôle important. Il y a finalement une certaine logique à ce que les Zougois aient déraillé contre Davos: un chef aimable qui a déjà annoncé son départ (Dan Tangnes) ne peut pas avoir la même autorité qu'un chef sévère qui est sous contrat jusqu'en 2027.
Avec un peu de malice et en tenant compte de la situation géographique des deux clubs, on peut dire que le quart de finale entre Zoug et Davos a aussi été un fascinant duel d'entraîneurs entre un canard boiteux du lac et un aigle des montagnes. Il n'est pas étonnant que ce soit le premier qui y ait laissé des plumes.