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Les incivilités explosent dans les piscines de Suisse romande

Les incivilités explosent dans les piscines romandes

Plusieurs bassins ont banni des usagers au comportement violent ou rebelle. Des securitas ont fait leur apparition à Porrentruy, Lausanne ou Sion. «Il y a davantage d'agressivité de la part de tout le monde», déplore le président des piscines romandes.
21.07.2023, 07:1022.07.2023, 09:35
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C'est arrivé l'autre jour à la piscine. Vous savez, ce lieu de détente dans lequel les gens se rendent pour faire du sport ou passer du bon temps entre amis. L'autre jour donc, à Porrentruy, des gardiens ont gentiment demandé à une bande de jeunes de troquer leurs shorts de football pour des maillots de bain, comme stipulé dans le règlement.

«Comme souvent, c'est parti en insultes et en menaces envers les gardiens. Certains ont même dit à une jeune qu'ils voulaient la retrouver à la sortie. Elle était forcément un peu stressée à la fin de la journée, mais heureusement, la police effectue des rondes et nous disposons d'un service de sécurité.»
Johann Possin, responsable de l'Espace Loisirs au chef-lieu ajoulot

Porrentruy a recruté quatre pros de la sécu pour la saison d'été. Ils sont deux à patrouiller entre les différents bassins et deux autres à contrôler les pièces d'identité à l'entrée, de façon à refouler les 16 jeunes interdits de piscine (ils ont entre 15 et 22 ans et sont issus de France voisine, mais on ne connaît pas les motifs des sanctions prononcées à leur encontre). «Comme leur numéro de carte d'identité est enregistré dans notre système, on sait tout de suite qui peut entrer ou non», détaille Johann Possin, qui a pensé à tout:

«Puisque certains tentent quand même leur chance avec la carte d'identité des copains, on note chaque numéro des entrants dans l'ordinateur»

L'établissement public de Porrentruy n'est pas le seul à avoir recruté des armoires à glace pour refroidir les ardeurs. Des sécus ont aussi été engagés à Lausanne ou à Sion, où une dizaine d'interdits valaisans sont empêchés de mettre ne serait-ce qu'un orteil dans le pédiluve. «Ce sont des profils de jeunes turbulents qui se frottent un peu à l'autorité», sourit (jaune) Blaise Crittin, chef du service des Sports à la ville de Sion.

Genève a choisi une méthode plus douce en sollicitant l'expertise de travailleurs sociaux, mais partout (et jusqu'au Tessin) le problème est le même: le respect a fondu comme une Winnetou au soleil. «On constate clairement chaque année une augmentation des cas d'incivilités», reconnait Christian Barascud, président de l'Association des Piscines Romandes et Tessinoises (APRT). Son comité va d'ailleurs organiser dans les prochains mois un séminaire sur la sécurité dans le but de pouvoir intervenir au mieux quand les esprits s'échauffent.

Bien sûr, on a tous été jeunes, bronzés et parfois un peu andouilles sur un toboggan ou un plongeoir. Mais c'est à autre chose dont les garde-bains ont affaire aujourd'hui. «Il y a peut-être un respect moins grand de l'autorité, tout simplement», songe Christian Barascud, qui en a appris beaucoup sur l'humain en 13 ans dans les piscines:

«Je constate qu'il y a davantage d'agressivité de la part de tout le monde. Les gens ont plus de peine à accepter une remarque, à appliquer un règlement parce que ça vient toucher à leur individualité, à leurs valeurs. Avant, on admettait qu'il y avait une structure sociale en place et on en respectait les règles. Aujourd'hui, ça discute plus: "pourquoi je dois faire ça? Je ne suis pas d'accord!" Mais au final, la question n'est pas d'être d'accord ou pas d'accord, mais de respecter des consignes. Le règlement n'est pas là pour embêter les gens, mais pour apporter de la sécurité, du confort et favoriser un vivre-ensemble entre tous les usagers des bassins.»

C'est quand le vivre-ensemble est menacé par des comportements transgressifs répétés que les sanctions tombent. Six mois d'interdiction, c'est la durée prononcée à Yverdon. «On a eu des déprédations, des bagarres violentes et répétées, rapporte le chef des Sports de la ville vaudoise. Comme nos avertissements ont été sans effets, nous avons appelé la police.»

Les interdits yverdonnois apprennent généralement leur exclusion par la police. Comme ils sont souvent jeunes, ils reçoivent aussi un courrier à la maison, de sorte à ce que les parents soient avertis de leur comportement. Les noms des bannis sont aussi transmis aux caissières et aux garde-bains, qui interviennent en cas d'intrusion.

En 2018, la baston de Delémont
L'affaire avait défrayé la chronique. Il y a cinq ans, une grosse bagarre avait éclaté à Delémont. Une vingtaine de baigneurs s'étaient échangé des insultes, des menaces et autres coups, certains allant même jusqu'à se saisir de cendriers. Trois patrouilles dépêchées sur place avaient procédé à onze interpellations. Dix Français, dont certains étaient interdits de piscine à Porrentruy, avaient par la suite été reconnus coupables de rixe et de conduite inconvenante.

Sion prononce pour sa part des privations d'une saison voire un peu plus, dépendamment des faits commis, alors que Porrentruy emploie la manière forte avec deux ou trois ans d'interdiction. Ça laisse le temps de voir la piscine autrement, par exemple comme un lieu de détente dans lequel les gens se rendent pour faire du sport ou passer du bon temps entre amis.

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