C'est arrivé l'autre jour à la piscine. Vous savez, ce lieu de détente dans lequel les gens se rendent pour faire du sport ou passer du bon temps entre amis. L'autre jour donc, à Porrentruy, des gardiens ont gentiment demandé à une bande de jeunes de troquer leurs shorts de football pour des maillots de bain, comme stipulé dans le règlement.
Porrentruy a recruté quatre pros de la sécu pour la saison d'été. Ils sont deux à patrouiller entre les différents bassins et deux autres à contrôler les pièces d'identité à l'entrée, de façon à refouler les 16 jeunes interdits de piscine (ils ont entre 15 et 22 ans et sont issus de France voisine, mais on ne connaît pas les motifs des sanctions prononcées à leur encontre). «Comme leur numéro de carte d'identité est enregistré dans notre système, on sait tout de suite qui peut entrer ou non», détaille Johann Possin, qui a pensé à tout:
L'établissement public de Porrentruy n'est pas le seul à avoir recruté des armoires à glace pour refroidir les ardeurs. Des sécus ont aussi été engagés à Lausanne ou à Sion, où une dizaine d'interdits valaisans sont empêchés de mettre ne serait-ce qu'un orteil dans le pédiluve. «Ce sont des profils de jeunes turbulents qui se frottent un peu à l'autorité», sourit (jaune) Blaise Crittin, chef du service des Sports à la ville de Sion.
Genève a choisi une méthode plus douce en sollicitant l'expertise de travailleurs sociaux, mais partout (et jusqu'au Tessin) le problème est le même: le respect a fondu comme une Winnetou au soleil. «On constate clairement chaque année une augmentation des cas d'incivilités», reconnait Christian Barascud, président de l'Association des Piscines Romandes et Tessinoises (APRT). Son comité va d'ailleurs organiser dans les prochains mois un séminaire sur la sécurité dans le but de pouvoir intervenir au mieux quand les esprits s'échauffent.
Bien sûr, on a tous été jeunes, bronzés et parfois un peu andouilles sur un toboggan ou un plongeoir. Mais c'est à autre chose dont les garde-bains ont affaire aujourd'hui. «Il y a peut-être un respect moins grand de l'autorité, tout simplement», songe Christian Barascud, qui en a appris beaucoup sur l'humain en 13 ans dans les piscines:
C'est quand le vivre-ensemble est menacé par des comportements transgressifs répétés que les sanctions tombent. Six mois d'interdiction, c'est la durée prononcée à Yverdon. «On a eu des déprédations, des bagarres violentes et répétées, rapporte le chef des Sports de la ville vaudoise. Comme nos avertissements ont été sans effets, nous avons appelé la police.»
Les interdits yverdonnois apprennent généralement leur exclusion par la police. Comme ils sont souvent jeunes, ils reçoivent aussi un courrier à la maison, de sorte à ce que les parents soient avertis de leur comportement. Les noms des bannis sont aussi transmis aux caissières et aux garde-bains, qui interviennent en cas d'intrusion.
Sion prononce pour sa part des privations d'une saison voire un peu plus, dépendamment des faits commis, alors que Porrentruy emploie la manière forte avec deux ou trois ans d'interdiction. Ça laisse le temps de voir la piscine autrement, par exemple comme un lieu de détente dans lequel les gens se rendent pour faire du sport ou passer du bon temps entre amis.