Sebastian Stalder a de quoi se réjouir de disputer les Championnats du monde de biathlon à domicile, à Lenzerheide (GR), en février prochain. La saison dernière, le Zurichois de 26 ans a brillé en tant que numéro un de l'équipe nationale. Il s'est classé cinq fois dans le top 10 en Coupe du monde et a obtenu une cinquième place lors de l'individuel d'Östersund. Le meilleur résultat de sa carrière.
Il ne lui reste donc qu'un petit pas à franchir pour décrocher son premier podium. Et, qui sait, peut-être même lors du point culminant de la saison aux Grisons? Mais ce chemin n'est pas si facile pour celui qui a fabriqué seul son fusil et qui est le deuxième meilleur tireur de tout le circuit. La faute à ses performances sur les skis.
Ses limites dans ce domaine ne sont pas dues à un manque de talent ou d'assiduité à l'entraînement.
Pour le comprendre, le mieux, c'est de regarder – ou plutôt écouter – Sebastian Stalder quand il se brosse les dents.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que ce moment est bruyant. «Mon brossage de dents agace tous ceux qui se trouvent à proximité et qui doivent l'écouter», raconte le jeune homme originaire de l'Oberland zurichois. La raison? Son nez complètement bouché.
Sa muqueuse nasale produit une quantité anormalement élevée de mucus sous l'effet de l'effort.
C'est ce qui est par exemple arrivé il y a quelques jours, lors d'un entraînement intense. Le Zurichois a dégobillé aux pieds de sa coéquipière, Aita Gasparin. Une énième fois.
Ce problème peu ragoûtant et très désagréable survient aussi en pleine course. Si Sebastian Stalder perd beaucoup de temps sur les skis, c'est justement parce qu'il doit s'arrêter quelque part sur le parcours, de manière imprévue, pour vomir.
Alors, pour éviter ces pertes de temps, le biathlète préfère désormais anticiper et se fait vomir, consciemment, juste avant le départ. Une tactique qui présente toutefois de gros inconvénients:
En vue de la saison importante à venir, le crack suisse du biathlon a durci son entraînement. Mais pas que. Il a aussi adapté sa préparation aux courses, avec un soutien médical. Désormais, il se rince le nez à l'eau salée trois heures et demie avant le départ et utilise un spray nasal assez agressif juste avant la compétition. C'est devenu pour lui un rituel, explique-il.
Mais le Zurichois précise que ce procédé n'est pas forcément sain. En effet, la muqueuse a pour fonction de protéger le corps des virus et des bactéries.
Il doit donc être particulièrement vigilant lorsqu'on tousse ou qu'on renifle autour de lui. Mais avec son «histoire de nez», il a aussi appris à mieux écouter son corps.
Résoudre son problème nasal a permis à Sebastian Stalder de prendre un bon bol d'air. Mais cet élan de fraîcheur est aussi lié à une réussite loin du biathlon. Le Zurichois vient de terminer sa formation de base de trois ans de garde-frontière. Il peut donc désormais se concentrer totalement sur le sport, l'esprit libéré. Avec, en ligne de mire, ces Mondiaux à Lenzerheide en février.
D'ailleurs, il y emportera un précieux objet dans sa valise.
Sebastian Stalder espère maintenant un bon début de saison, «car la confiance en moi est très importante pour me former une bonne base, surtout au tir».
Et il cherchera à confirmer rapidement qu'il est également compétitif sur la piste de ski de fond. De quoi, déjà, renifler l'exploit en février.
Traduction et adaptation en français: Yoann Graber