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Ce sauteur à ski ne se relève pas de son terrible crash en Suisse

Ce sauteur à ski ne se relève pas de sa terrible chute en Suisse
Sondre Ringen a mis sa carrière de sauteur entre parenthèses. Contre son gré, depuis qu'il est tombé en réception dans le canton d'Obwald il y a presque un an.image: getty

Ce sauteur à ski ne se relève pas de son terrible crash en Suisse

Le Norvégien Sondre Ringen est lourdement tombé l'hiver dernier, en compétition sur le grand tremplin de Titlis à Engelberg (OW). Sa chute lui a laissé des séquelles graves. Interview.
18.10.2024, 06:04
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Sondre Ringen connaît bien les terres de Marco Odermatt. Il arpente assidument la Continental Cup – le deuxième échelon mondial en saut à ski – depuis 2017 et se rend donc chaque année à Engelberg, au pied du Titlis, pour la traditionnelle manche helvétique du calendrier. «J'adore ce tremplin», dit-il aujourd'hui au sujet d'un site qui lui a souvent réussi, mais où il a gravement chuté la saison dernière. Son accident le marque encore et le privera des Mondiaux 2025 dans son pays.

Sondre, comment allez-vous depuis votre chute en Suisse, le 27 décembre 2023?
Je lutte toujours contre des maux de tête fréquents et un certain épuisement. La moindre activité – physique ou mentale – est exigeante.

Il existe une vidéo de votre saut. Or celle-ci ne montre que votre phase d'élan et vous disparaissez en direction du point K. La chute n'a donc pas été filmée et vous ne vous souvenez de rien. Savez-vous désormais ce qu'il s'est passé?
Tout cela reste vague. Mais en rassemblant tous les éléments, je suis arrivé à une conclusion. Je crois qu'à l'atterrissage, mon ski gauche a accroché quelque chose, de la neige ou de la glace. Cela a provoqué une rotation vers la gauche et j'ai atterri avec l'arrière de la tête. J'ai cassé mon casque et je suppose que j'ai perdu connaissance à cet instant.

«J'ai ensuite dégringolé la pente en m'égratignant le visage»

Le concours a été interrompu durant 45 minutes et vous avez été évacué par hélicoptère à l'hôpital de Lucerne. Quel a été le diagnostic?
Trois hémorragies cérébrales distinctes. Cela signifie un grave traumatisme crânien, m'a-t-on dit. Les médecins suisses m'ont déconseillé tout saut pendant trois mois, mais à l'époque, je me disais: «Impossible, j'ai plusieurs compétitions à disputer». Je trouvais cela exagéré. J'avais des douleurs, ce qui est normal après un accident sur le tremplin, mais je pensais que ça ne durerait que 4 à 6 semaines. Je ne ressentais pas le besoin de rester à l'hôpital, je suis d'ailleurs rentré chez moi rapidement.

«J'étais loin de me douter que j'allais devoir lutter aussi longtemps»
Sondre Ringen à l'hôpital en Suisse
Sondre, après son admission à l'hôpital de Lucerne. «Cela a pris environ deux semaines pour que la nouvelle peau réapparaisse. C'est parfois un peu douloureux au toucher et à la lumière du soleil. Mais ça ne me dérange pas. J'utilise simplement un écran solaire dès que je sors», dit-il aujourd'hui à propos de ses blessures au visage. Pour lui, les problèmes sont ailleurs. image: instagram

Comment se sont déroulés les semaines et les mois qui ont suivi?
Je suis resté endolori par l'accident et les maux de tête n'ont pas disparu. Dès que j'essayais de faire quelque chose, bouger ou réfléchir, cela empirait. Seul le fait de rester au lit permettait de réduire les douleurs, ce que j'ai donc fait la plupart du temps.

«Cela a pris 6 à 7 mois pour enfin avoir de courtes périodes – de 5 à 10 minutes – sans maux, et revivre un peu»

Il y a donc des progrès, mais vous souffrez toujours à ce jour.
Les maux de tête sont toujours présents. Mais ce qui me dérange le plus, c'est l'épuisement à la moindre activité. Les maux sont ennuyeux et douloureux, mais être épuisé rien qu'en sortant du lit, c'est hyper frustrant, surtout pour un athlète.

Désormais, comment voyez-vous la suite? Remonter sur un tremplin est-il envisageable?
Au rythme actuel, j'espère pouvoir sauter à nouveau en fin d'hiver. Mais ce ne sera pas en compétition. Il est très peu réaliste de me voir porter un dossard cette saison.

«Avec de la chance, le tremplin sera encore enneigé pour des sauts de reprise à l'approche du printemps»
INNSBRUCK, AUSTRIA - JANUARY 4: Sondre Ringen of Norway during the competiton on day 6 of the 68th FIS Nordic World Cup Four Hills Tournament ski jumping event at Bergisel Schanze on January 4, 2020 i ...
Si Sondre a principalement sauté en Continental Cup, ses résultats lui ont parfois ouvert les portes de la Coupe du monde et des Grands Prix d'été. Il a également participé à la Tournée des quatre tremplins en 2019/2020. Le voici au-dessus d'Innsbruck.image: getty

Ce n'est donc pas pour tout de suite. Etes-vous quand même parvenu à faire un peu de sport, dernièrement?
J'ai pu marcher un peu dans les montagnes. Mais tout ce qui nécessite un pouls élevé, une réflexion rapide ou des mouvements brusques est loin d'être envisageable. La course à pied me fait mal à la tête à chaque foulée, mais pratiquer le vélo calmement semble fonctionner un peu.

Il s'agit probablement de votre blessure la plus grave. Si un retour devient possible, il y aura des craintes en haut de la plateforme.
J'ai eu plusieurs accidents au cours de ma carrière, mais cela n'a jamais nécessité plus de 2 ou 3 mois d'arrêt, et je pouvais suivre un entraînement alternatif. C'est donc plus lourd, mais vous savez, mon envie de sauter est revenue au bout d'une semaine, puis à chaque fois que j'ai été faire un tour au tremplin proche de chez moi (réd: celui d'Holmenkollen à Oslo). Je compte m'élancer à nouveau!

Vous avez 28 ans et avez davantage arpenté la Coupe continentale. Craignez-vous de ne pas retrouver votre place en équipe nationale, sachant que le circuit B est souvent considéré comme celui de la relève?
Je suis encore loin de ces préoccupations, car loin d'un retour. Mais en effet, la priorité est donnée aux jeunes depuis quelques années en Norvège. Or quand je sauterai à mon meilleur niveau, je retrouverai ma place dans l'équipe, ça ne fait aucun doute.

Sondre Ringen (NOR) attend the FIS SKI Jumping World Cup, in Zakopane, Poland, on January 15, 2022. (Photo by Foto Olimpik/NurPhoto via Getty Images)
Lorsqu'on lui demande comment il va gérer sa vie loin de l'équipe norvégienne, Sondre répond qu'il n'est déjà plus épaulé par sa fédération: «Seul le groupe Coupe du monde est soutenu depuis 2020». Titulaire d'une licence en informatique, il détient un contrat aménagé dans l'entreprise qui le sponsorise. «J'ai récemment recommencé à travailler un peu depuis chez moi, mais c'est plus épuisant que ce que j'imaginais. Il faudra encore du temps avant que je retrouve le niveau de travail que j'avais l'année dernière», dit-t-il.
image: getty

Dernière question, Sondre. Votre première victoire en Coupe d'Europe a été glanée à Engelberg et vous avez décroché plusieurs podiums là-bas. Ce lieu devait avoir une place particulière. Qu'en est-il maintenant?
C'est vrai, et c'est aussi à Engelberg que j'ai débuté ma première saison complète en équipe de Norvège. C'est un lieu à part. J'aime cette station et son tremplin. Il est regrettable que cette chute se soit produite là-bas. Cependant, je crois qu'en cas d'accident nécessitant l'intervention des premiers secours et une hospitalisation, la Suisse est, en dehors de chez moi, le meilleur endroit où l'on peut se trouver.

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