Simon Hallenbarter a été un modèle et un mentor pour son jeune collègue de biathlon. Lorsque Benjamin Weger, vice-champion du monde junior et espoir sportif précoce, a rejoint l'équipe de Coupe du monde, Hallenbarter, de 10 ans son aîné, y était considéré comme le leader de l'équipe. Le skieur d'Obergoms s'est classé dix fois dans le top 10 en Coupe du monde.
Weger se souvient qu'adolescent, il avait envoyé un SMS à son idole avant les courses de biathlon aux Jeux olympiques de Turin pour lui souhaiter bonne chance. Plus tard, ils ont formé la «faction de Conches» au sein de l'équipe nationale. Ils ont partagé la même chambre aux JO 2010 à Vancouver et ont également combattu côte à côte en 2014 à Sotchi. Deux montagnards, avec des coins et des bords. «Nous contre le reste du monde - ou du moins contre la Üsserschwiiz», dit en souriant Benjamin Weger, l'athlète suisse le plus titré de l'histoire du biathlon avec six podiums en Coupe du monde.
C'est une journée ensoleillée de novembre à Obergesteln, durant laquelle Weger, 35 ans, se souvient du passé autour d'un bon espresso. Il a neigé pendant la nuit, les versants des montagnes du magnifique paysage d'Obergoms sont recouverts de sucre blanc. En haut, près de l'église, le silence est religieux. Dans le cimetière, un mémorial attire particulièrement l'attention par sa décoration colorée. Il s'agit de la tombe de Simon Hallenbarter.
Le 3 octobre 2022, alors âgé de 43 ans, il s'est donné la mort pendant des vacances avec sa compagne en Autriche. Personne ne se doutait que l'ex-sportif et entrepreneur n'allait pas bien du tout sur le plan psychique. Son suicide a provoqué une onde de choc dans la vallée, dont les effets se font sentir aujourd'hui encore.
Même si Simon Hallenbarter n'est plus de ce monde depuis deux ans, il reste omniprésent à Obergesteln. Surtout ces jours-ci, surtout chez Benjamin Weger. Ce samedi, le légendaire magasin de sport et son école de ski de fond et bar fêtent officiellement son changement de propriétaire. Benjamin Weger a décidé de relever ce défi entrepreneurial. Il succède ainsi à Simon Hallenbarter et met fin à l'incertitude qui régnait quant à la pérennité du magasin.
En entrant dans la boutique, on passe inévitablement devant une série de photos en noir et blanc. Elles montrent Koni Hallenbarter, l'ancien coureur de fond suisse de classe mondiale et fondateur de l'entreprise. Aujourd'hui âgé de 70 ans, il a été le seul Suisse à remporter la légendaire course Vasa en Suède en 1983, et le premier athlète à courir la plus grande course de ski de fond du monde sur 90 kilomètres en moins de 4h. Aujourd'hui encore, Clara, la femme de Koni Hallenbarter, soutient presque quotidiennement Benjamin Weger dans ses activités.
A côté d'elle, on voit une photo de Simon Hallenbarter - d'abord seul, puis avec Benjamin Weger. Peu après son départ à la retraite en 2014, Hallenbarter a repris le magasin de sport de son oncle, l'a agrandi et développé. «Beaucoup de choses que nous trouvons ici aujourd'hui sont nées des idées de Simon», explique Weger.
Six mois avant le suicide de Simon Hallenbarter, Benjamin Weger s'est retiré du sport. Il voulait d'abord profiter de la vie, laisser derrière lui la discipline du quotidien toujours répétitif du sportif de haut niveau. Avec son père et sa compagne, il a transformé une ancienne étable en maison de trois étages à Geschinen. Un projet qui l'a comblé.
Sur le plan professionnel, Weger a sciemment laissé l'avenir venir à lui, donnant en hiver des cours de ski de fond à l'école du magasin de sport dont Peter von Allmen était responsable par intérim. Le Bernois de l'Oberland von Allmen a lui aussi un passé dans le fond - d'abord en tant que sprinter en Coupe du monde, puis comme entraîneur des femmes suisses.
Weger a été engagé comme entraîneur au centre de performance de Brigue. Même si le travail lui plaisait et qu'il commençait au printemps 2023 la formation d'entraîneur professionnel à Macolin, ce job ne le satisfaisait pas. Voulait-il vraiment retourner dans le monde du biathlon, une vie qu'il avait pourtant laissée derrière lui? «Je me suis rendu compte que ce n'était pas un défi pour moi», reconnaît sans peine Weger.
C'était d'autant plus vrai lorsqu'on lui a demandé s'il ne voulait pas reprendre le magasin de sport de Koni Hallenbarter. Les négociations pour le changement de propriétaire ont certes traîné en longueur, mais plus le temps passait, plus Benjamin Weger sentait que c'était exactement la motivation qu'il recherchait. «Je ne suis certes plus un sportif de haut niveau, mais j'ai toujours l'ambition d'un sportif de haut niveau», dit-il.
Depuis plusieurs mois, Weger est un «apprenti directeur», comme il se décrit lui-même. Il doit apprendre dans tous les domaines avec le souvenir omniprésent de Simon Hallenbarter. «Il est présent ici pratiquement tous les jours», souffle Weger, qui sait qu'un événement tragique a finalement débouché sur un grand honneur et une grande chance pour lui. «C'est une belle histoire», dit-il. C'est grâce à Simon Hallenbarter que Benjamin Weger a trouvé sa voie professionnelle. Il reste pour lui un mentor par-delà la mort.