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Un Mondial chaque 2 ans: qui est pour, qui est contre, et pourquoi?

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Deux camps s'affrontent pour savoir si la Coupe du monde de football doit se tenir tous les deux ou quatre ans. Image: Shutterstock

Un Mondial chaque 2 ans: qui est pour, qui est contre, et pourquoi?

Depuis que l'idée d'une Coupe du monde de football tous les deux ans (au lieu de quatre actuellement) a germé, deux camps se divisent. Nous avons recensé partisans et opposants, et tenté d'y voir plus clair sur leurs motivations.
20.09.2021, 09:1920.09.2021, 10:51
Jonathan Amorim
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Il y a quelques semaines, l'idée d'une Coupe du monde tous les deux ans paraissait encore bien loufoque. Émise lors du congrès annuel de la FIFA, cette proposition, défendue notamment par l'Arabie Saoudite, semble maintenant bien plus d'actualité.

Le projet ne fait bien évidemment pas l'unanimité et fait ressurgir le débat entre progressistes et puristes du football, quelques mois après l'épisode chaotique de l'European Super League. On tente de comprendre les enjeux et les arguments des deux camps.

Qui est pour ? 👍

Le camp du pour est bien évidemment emmené par la FIFA. La grand institution mondiale du football semble même être partie en croisade afin de faire accepter un changement radical dans le toujours très débattu calendrier annuel du football. Pour cela, elle utilise notamment son programme «FIFA Legends» qui regroupe d'anciennes stars bien connues qui, mandatées par la FIFA, amènent de la crédibilité au projet en se positionnant publiquement en sa faveur. Dans ces légendes, on retrouve notamment Ronaldo (le Brésilien), Javier Mascherano, Peter Schmeichel ou encore Michael Owen. Ces derniers sont par ailleurs souvent invités à Doha (au Qatar, autre allié puissant de la FIFA) pour discuter notamment de «supers projets sociaux», pour reprendre les mots de l'ancien joueur de Liverpool.

Mobilisé contre le football de sélections dans les années 2000, Arsène Wenger est aujourd'hui directeur du développement mondial du football à la FIFA. L'ancien entraineur d'Arsenal est même devenu ces derniers jours le visage du projet en accordant une interview où il reprend le même argumentaire que les défenseurs de l'European Super League :

  • Le mondialisme : «En Europe, les gens sont peut-être un peu plus en faveur d'une Coupe du monde tous les quatre ans. Dans le monde entier, ce n'est pas vrai.»
  • L'identification (et la télé accessoirement) : «Ce que les gens veulent aujourd'hui, ce sont des compétitions qui ont un sens. Ça se voit dans les audiences télé»

Des propos similaires à ceux de Florentino Pérez ou d'Andrea Agnelli en avril dernier, voilà qui parait très ironique de la part d'un membre d'une entité qui avait lutté contre le projet des dirigeants des clubs européens, même si cette entité (la FIFA) a été accusée de jouer un double-jeu qui semble se confirmer à présent.

Le but caché parait bien évidemment financier avec une valorisation de la compétition, une hausse des matches et donc des revenus engendrés. Deux fois plus de Coupe du monde, c'est deux fois plus d'argent. Un argument qui semble séduire les grands dirigeants du football mondial, particulièrement dans le contexte économique actuel.

L'autre objectif inavouable est politique. Le mandat du président Gianni Infantino sera remis en jeu en 2023. Le système de vote de la FIFA accorde une voix de même valeur à chaque fédération à travers le globe. Forcément, augmenter les chances des petits pays de participer à la Coupe du monde, c'est aussi se les mettre dans la poche (les petits pays du football sont majoritaires: il y en a actuellement 133 sur 211 qui n'ont jamais participé à la Coupe du monde). La preuve avec ce communiqué commun du Bangladesh, des Maldives, du Sri Lanka et du Népal.

Pour convaincre un peu plus l'opinion publique, la FIFA a publié cette semaine le résultat d'un sondage qu'elle avait commandé. Ce dernier va clairement dans le sens que l'institution basée à Zurich espérait. Sur un total de 15'000 personnes sondées, une majorité (non définie précisemment) serait favorable à une Coupe du monde plus fréquente.

Des résultats et une manière de procéder qui interrogent, notamment sur la crédibilité d'une telle enquête mais également sur les réelles intentions de la FIFA qui parait plus déterminée que jamais à révolutionner le football.

Qui est contre ? 👎

Le camp du contre est quant à lui soutenu par ce qu'on peut considérer comme les puristes du football. Un sondage sur Twitter effectué par RMC a par ailleurs obtenu 95,6% de votes défavorables au projet (3'254 personnes ont participé). La presse internationale est également très critique envers la FIFA.

Des amoureux du football et de ses traditions qui se voient attaquer de manière très fréquente cette année après les épisodes du printemps dernier en Europe et les potentielles nouvelles règles testées par la FIFA cet été.

L'argument principal des puristes, c'est la rareté. Elle amène cette valeur émotionnelle unique qui entoure ce tournoi. À titre de comparaison, en hockey sur glace, le championnat du monde a lieu tous les ans et peine à s'imposer comme compétition internationale populaire.

Des pays prennent également officiellement position contre le projet. Le football portugais a notamment émis un communiqué cette semaine signé par la Ligue de football professionnel, la Fédération (FPF), le Syndicat des joueurs professionnel, l'Association des entraîneurs et l'Association des arbitres. Le document souligne qu'il «désapprouve l'intention de la FIFA d'augmenter la fréquence de la plus grande compétition d'équipes nationales du monde». Les arguments cités sont :

  • La surcharge des calendriers
  • La santé physique des athlètes
  • Le chevauchement des JO et des Coupes du monde
  • Le chevauchement des compétitions masculines et féminines au cours des mêmes années, ce qui prive le football féminin de son impact

Quelques joueurs professionnels prennent également la parole pour s'inquiéter publiquement, comme le milieu de terrain espagnol Sergio Busquets, récemment en conférence de presse lors d'un rassemblement de son équipe nationale :

«Pour moi, une Coupe du monde tous les deux ans, c'est compliqué. À un moment donné, le joueur va craquer. Tout cela peut finir par faire des ravages»
Sergio Busquets

Enfin, la résistance s'organise également à Nyon du côté de l'UEFA pour qui cette réforme serait une sérieuse menace pour ses compétitions et ses intérêts.

Une drôle de guerre semble même s'ouvrir entre d'un côté l'Europe et l'Amérique du Sud (contre le projet) et l'Afrique, l'Asie et l'Amérique du Nord de l'autre (favorable). Il faut également souligner le fait que Gianni Infantino travaille depuis de nombreuses années afin de placer des alliés à la tête de ces dernières confédérations continentales.

Pour calmer un peu tout le monde et pour faire pencher la balance de son côté, le président de l'UEFA a menacé la FIFA de boycott. Une Coupe du monde sans la France, l'Allemagne ou l'Espagne? Voilà de quoi remettre le débat sur la table et rééquilibrer les négociations. L'Afrique a même rétropédalé depuis cette annonce et ne se positionne plus officiellement et est totalement en faveur d'une Coupe du monde chaque deux ans.

Les tensions risquent d'être fortes ces prochains mois au sein du football mondial qui semble sur le point de vivre un scénario proche de la série à fiction Game of Thrones. Reste à savoir qui finira les fesses sur le trône.

Et vous, qu'en pensez-vous?

Pour ou contre une Coupe du monde chaque deux ans ?
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