On a appris jeudi que les images de vidéosurveillance du Stade de France, où s'est déroulée la finale de la Ligue des champions le 28 mai dernier, ont été... supprimées.
Cet épisode est le dernier en date d'une série peu flatteuse pour le pays organisateur. On a recensé tous les ratés qui ont suivi les incidents de la finale et ont abouti à ce que Marine Le Pen décrit comme «un scandale d'Etat».
Au lendemain de la rencontre, Gérald Darmanin (ministre de l'Intérieur) et Amélie Oudéa-Castera (ministre des Sports) ont publié un communiqué expliquant en substance que tout était de la faute des supporters anglais venus sans billets. «Une thèse qui ne tient pas, considérant les témoignages et les scènes auxquelles on a assisté», est aussitôt intervenue L'Equipe.
Dans le quotidien sportif, un dirigeant du foot français raconte:
Ce fut notamment le cas de Rafael Nadal.
«J'ai dû descendre de voiture sur l'autoroute et terminer à pied», a témoigné le tennisman espagnol. Par chance, il avait le pied gauche anesthésié, si bien qu'il a pu marcher sans souffrance pour arriver à l'heure au match.
En se défendant sur les réseaux sociaux, Darmanin et Oudéa-Castéra ont subi ce qu'on appelle un «ratio». Concrètement, cela signifie que leurs messages ont reçu plus de réponses qu'ils n'ont récolté de partages et d'approbations.
La ministre, convoquée devant le Sénat, a affirmé avoir été défavorisée par le fait de «ne connaître que le 4 mai l'identité des finalistes». En gros, elle s'est plainte d'avoir dû attendre la fin des demi-finales retour de la Ligue des champions pour savoir quelles équipes allaient s'affronter au Stade de France. Mais que fait l'Uefa?!
Il est vrai que les saisons précédentes, les finalistes sont connus en janvier... pic.twitter.com/w5s11GqWhZ
— David Arrieta (@arrietadavid1) June 1, 2022
«Le plus simple serait de désigner directement un vainqueur, cela éviterait bien des matchs et bien des techniques», a ironisé un internaute.
Après la bataille des arguments, celle des chiffres. Le gouvernement français a expliqué le fiasco de l'organisation en donnant un chiffre de «30 000 à 40 000 supporters sans billets ou avec de faux billets». Darmanin a avancé un nombre de «79 000 voyageurs dans les transports publics, 16 000 depuis des cars et des milliers de véhicules». Sans préciser sur quelle période et si tous se rendaient au match, a rappelé fort à propos L'Equipe. De son côté, la Régie autonome des transports parisiens (RATP) a fait état de 26 000 personnes sur la ligne 13 en plus de 43 200 individus venus en Réseau express régional d'Île-de-France (RER). Soit un total de 69 000 voyageurs environ, hors bus et tramway.
La question est la suivante: pourquoi un tel écart entre les deux sources (gouvernement et RATP)?
Le ministre de l'Intérieur a par la suite évoqué une fraude massive, industrielle et organisée de faux billets.
Dans ce registre aussi, des chiffres ont été annoncés par le gouvernement sans qu'aucun expert du football ou de la billetterie ne soient en mesure de les vérifier.
Le journaliste Philippe Berry a fait les comptes:« Je ne comprends pas les maths de Darmanin, qui dit sur TF1: entre 30 000 et 40 000 personnes de plus (que les 80 000 que peut contenir le stade) avec billets falsifiés ou sans billets; 70% des contrôles préfiltrage (des 120 000 personnes) ont vu "leur billet étant faux". Ça ferait 84 000 faux billets 🤔».
Le préfet de police de Paris Didier Lallement a eu un échange tendu avec la sénatrice PS Marie-Pierre de La Gontrie.
Quand la sénatrice @mpdelagontrie lui demande « quelles conséquences » il tire du fiasco du Stade de France « à titre personnel », voici la réponse du préfet de police de Paris : « c'est quoi votre problème ? » pic.twitter.com/3wFdksUTSa
— Camille Polloni (@CamillePolloni) June 9, 2022
Les supporters présents ont raconté des scènes de guérilla urbaine.
Paddy Pimblett, champion de Mixed martial art (MMA) et supporter de Liverpool, a eu la peur de sa vie. Il s'est confié à nos confrères de RMC.
🗣💬 "Je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie qu'en sortant du Stade de France samedi"
— RMC Sport Combat (@RMCSportCombat) June 2, 2022
💥 Le combattant UFC Paddy Pimblett, venu au SDF en tant que fan de Liverpool raconte les incidents. Il résume tout en une phrase : "au moins dans une cage c'est un contre un". pic.twitter.com/E3jF5qAWl8
Le préfet de police de Paris Didier Lallement a assumé la nécessité de la répression policière envers les supporters qui voulaient entrer dans le stade. Certaines images ont pourtant montré des fans pacifiques se faire gratuitement asperger de spray irritant.
Is it cool in your book for this French cop to casually walk up to this rather calm looking Liverpool supporter at this gate entrance and pepper spray him in the face? Then this cop just casually walks away. pic.twitter.com/nwcK3NyjRo
— Philzinho Balmant (@philzinhomgjj) May 31, 2022
Avant et après le match, des Anglais, mais des Espagnols aussi, rapportent avoir été agressés et volés par certains jeunes gens venus sur place, en voisins ou de plus loin. Ils ne sont représentatifs de personne, les origines associées machinalement à des faciès dans ce genre de circonstances ne valent pas suspicion. «Mais les actes délictueux commis rendent compte de problèmes dont la France a un peu honte et dont elle se demande comment elle va pouvoir les résoudre», analyse notre collègue dans son commentaire 👇
Invitée sur le plateau de BFM TV ce vendredi, Marine Le Pen a évoqué un acte volontaire dans la destruction des images du Stade de France.
🎙 "La destruction des images du Stade de France est volontaire. C'est un scandale d'Etat".
— RMC (@RMCInfo) June 10, 2022
Marine Le Pen face à Apolline de Malherbe pic.twitter.com/UMRHUy68sb
Face à tant de ratages, certains ont entrepris une thérapie par le rire. Le moyen le plus efficace et subtil de dire tout haut ce que beaucoup, ce vendredi, pensent tout bas:
Quand ils ont demandé les cassettes au Stade de France. 📼 #EDG pic.twitter.com/RwSOmBUUVC
— Pierre-Antoine Damecour (@padamecour) June 9, 2022
(jcz)