Le spectacle des coureurs aux mollets luisants et boursouflés est-il menacé par un Hollandais aux idées aussi longues que ses collants? On est en droit de le craindre après avoir vu la démonstration de Taco van der Hoorn sur Kuurne-Bruxelles-Kuurne dimanche. Le coureur de l'équipe Intermarché-Circus-Wanty a terminé 4e de la classique belge, qu'il a disputée intégralement avec des bas bleus foncés.
Le natif de Rotterdam n'était pas le seul à avoir recouvert ses gambettes au départ de la course, donné dans la fraîcheur de Flandre-Occidentale, mais ses collants se distinguaient de ceux de ses adversaires par des bandes aérodynamiques disposées sur toute la longueur du vêtement.
Taco van der Hoorn's aero leg warmers present loophole to UCI's sock height rule https://t.co/I3ZP1dFuUO
— Cyclingnews (@Cyclingnewsfeed) February 27, 2023
Ces petits traits verticaux striant les collants ont été pensés pour mieux pénétrer dans l'air, réduisant ainsi la résistance pour le coureur. «J'ai suggéré à Nalini (réd: son équipementier) de les faire», a témoigné le Hollandais aux envoyés spéciaux de Cyclingnews avant l'épreuve, affirmant qu'il garderait son vêtement «pendant toute la course», bien que la majorité des coureurs enlèvent généralement leurs bas avant les dernières portions de l'épreuve, lorsque la bataille est engagée. Signe qu'il s'est senti à l'aise avec son équipement, van der Hoorn a tenu parole et terminé la course comme il l'avait commencée, c'est à dire avec les jambes couvertes.
Ce n'est pas la première fois qu'une équipe cycliste propose à ses coureurs ce type de collants aérodynamiques, même si le manque d'études sur le sujet en fait un accessoire encore peu répandu. Taco van der Hoorn a choisi de tester la formule en compétition et ce n'est pas un hasard, le Hollandais étant réputé pour son attention aux détails de son matériel, ce qu'en cyclisme on appelle des «gains marginaux».
La quête de performance des équipes s'était jusque-là surtout concentrée autour des chaussettes. Certaines marques (comme Silca ou Rule 28) avaient produit des modèles permettant selon elles d'économiser entre 8 et 12 watts par rapport à une paire normale. Les coureurs avaient très vite compris tous les bénéfices qu'ils pouvaient tirer de leur utilisation et n'avaient pas hésité à enfiler des chaussettes aérodynamiques qui leur arrivaient quasiment au genou (!).
L'UCI avait peu goûté à la méthode et, soucieuse de limiter tout avantage aérodynamique, avait règlementé la hauteur des chaussettes en 2019, interdisant aux coureurs de les remonter par-delà la mi-mollet.
Les déçus de la socquette pourraient dès lors se tourner vers les collants ultra-perfectionnés pour économiser de l'énergie. A moins que l'UCI, craignant que la moitié du peloton ne se présente avec des bas au départ du Tour de France début juillet, n'intervienne une nouvelle fois pour limiter l'étendue de tissus. Interrogé sur la possibilité d'une nouvelle règlementation, Taco van der Hoorn a haussé les épaules et déclaré, non sans un brin de mauvaise foi: «Je dois de toute façon couvrir mes jambes.»