64 équipes issues de 49 nations s'affrontent lors de la «Homeless World Cup», entre le 21 et le 28 septembre à Séoul. Le point commun de tous les participants: ils vivent en marge de la société.
L'expression «le football est plus qu'un simple jeu», qui sonne souvent un peu creux, prend tout son sens dans la capitale sud-coréenne. Dans ce tournoi si spécial, les résultats et les prouesses ballon au pied passent au second plan.
Pour une fois, le roi football ne devient, en quelque sorte, qu'un moyen pour arriver à des fins.
La Suisse est représentée à Séoul par une équipe masculine et une équipe féminine. Chaque joueur et joueuse ne peut participer qu'une seule fois à une phase finale de la Homeless World Cup. La sélection des footballeurs, la préparation et l'organisation du voyage sont chapeautées par l'association Surprise. L'objectif de celle-ci? Faciliter le retour des personnes «de la marginalité sociale au terrain de jeu de la vie» à l'aide du football de rue.
L'appellation «Homeless World Cup» est en fait trompeuse. Parmi les participants venants de Suisse, rares sont ceux qui sont concernés par le sans-abrisme. «Cet événement s'appelle la Homeless World Cup, mais ce sont d'autres problèmes qui concernent les membres des équipes suisses», témoigne Carmen Peter, coach des dames.
Carmen Peter est convaincue que le football peut aussi aider les gens à réaliser leurs objectifs personnels. Ainsi, lors des entraînements que les participants suivent avant le tournoi, les discussions ne tournent pas seulement autour du football, mais aussi sur ce qu'il se passe en dehors du terrain:
Le focus est également mis sur les interactions. «L'objectif est que l'équipe se soude, de telle sorte que les joueurs puissent surmonter ensemble les différents obstacles», explique Carmen Peter.
L'histoire de Cathrin, qui est à Séoul en tant que coach de l'équipe norvégienne, prouve à quel point faire partie d'un groupe peut avoir des effets positifs sur les gens. Elle était aux prises avec la toxicomanie lorsque, par l'intermédiaire de son assistante sociale, elle a trouvé le chemin d'une équipe de football, avec laquelle elle a participé à la Homeless World Cup en 2014. Cette expérience l'a aidée à devenir abstinente. Elle raconte, sur le site web de l'événement:
Ce sont des histoires comme celle de Cathrin qui motivent Janosch Martens, responsable du football de rue chez Surprise et chef de la délégation suisse: «Les participants doivent pouvoir évoluer et tirer quelque chose de positif de leur participation pour leur situation de vie», s'enthousiasme-t-il.
Les effets positifs du projet se font également sentir au sein de l'équipe suisse.
Cette année, avec un tournoi quasiment à l'autre bout du monde, la Homeless World Cup entraîne des charges financières élevées pour la délégation helvétique (elle compte 20 joueurs et joueuses). Les frais d'hébergement, la nourriture et l'organisation sont pris en charge par le pays hôte et l'événement.
Les frais de voyage et toutes les dépenses liées à la préparation pour la compétition sont, eux, payés par l'association Surprise. C'est l'Association suisse de football (ASF) qui fournit les équipements.
Pour Janosch Martens, pas de doute: toutes ces dépenses en valent la peine. Elles offrent aussi un bol d'air à des gens qui, souvent, n'ont pas la chance de pouvoir voyager. L'ambiance, qui rappelle celle d'un village olympique, est également une expérience unique, comme en témoigne le chef de la délégation:
En mars 2024, Netflix a sorti un long métrage intitulé The Beautiful Game, qui traite de la Homeless World Cup. Même si Janosch Martens le qualifie d'«un peu exagéré», il lui reconnaît le mérite de bien faire ressentir aux téléspectateurs l'esprit du tournoi et les histoires des participants. Ce film est aussi une belle reconnaissance envers cet événement important.
Traduction et adaptation en français: Yoann Graber