Il y avait trop de neige soufflée au sommet du Bec des Rosses, mardi, pour y planter des carres, et donc un portillon de départ. Partie quelques mètres plus bas, Elisabeth Gerritzen a évité l'ascension sur l'arête qui, en 2018, pour son premier Xtreme, lui avait donné le vertige, carrément fichu la frousse. Car, oui, la meilleure freerideuse du monde a le vertige...
De bon matin, l'étudiante en droit de 25 ans a triomphé pour la deuxième fois à Verbier – après 2019. Puisqu'elle n'a «aucune confiance en elle», la Lausannoise a rendu hommage à sa famille, ses amis, et à tous les autres. Car la nouvelle championne du monde de freeride (avec 27 620 points au total, soit... vingt d'avance sur sa dauphine!), la fille qui saute des rochers sur une pente à l'équerre, n'a aucune confiance en elle.
Dans ce monde de fausse coolitude et de parfaite exactitude, Elisabeth Gerritzen avoue un rapport ambigu à la compétition, une sublimation de la souffrance et de la joie. Le journal Le Temps l'a surprise en peau de phoque, dimanche dernier, en train de fuir le stress de l'avant-veille et ces maux tabous que l'on garde pour soi: «Insomnies, nausée, jambes tremblantes, nœud à l’estomac.»
En larmes, la skieuse de l'Xtreme a fêté son double sacre avec un parent sous chaque bras, puis avec ses amies militantes (écologie, égalité des sexes).
Elisabeth Gerritzen, double victoire. @FreerideWTour je chiale ✊🏻💜 #equalpay #payherevenmore pic.twitter.com/wfXieWrOY3
— Fantin Moreno (@fantinmoreno) March 23, 2021
On n'a pas fini de la voir vibrionner, encore moins de l'entendre vitupérer car, pour Elisabeth Gerritzen, la casse-cou qui a peur de tout, il en va des pentes comme des prises de position: elle les aime engagées. Extrait: