Mardi dernier, le Lausanne HC a enquillé les buts contre Ambri à la Vaudoise aréna (5-1). Pour célébrer chacun d'eux, la sono de la patinoire a craché à tue-tête le morceau Kernkraft 400 de l'artiste allemand Zombie Nation. Un hit électro mondial, sorti en 1999, avec une mélodie légendaire jouée au synthétiseur.
Il faut l'avouer, ça claque! Surtout dans cette agréable hystérie générale, où le public braille en cœur le thème, souligné par des grosses basses qui donnent le tempo. Petit bémol sur la portée, toutefois: le LHC n'a pas le monopole de ce spectacle. Il suffit d'aller 60 kilomètres au sud-ouest pour assister aux mêmes scènes. Oui, Genève-Servette a exactement la même musique de goal que son grand rival vaudois!
«Lausanne nous a honteusement copié», lâche d'entrée, au bout du fil, Arnaud Cogne. Ne vous y trompez pas: le responsable communication et événements des Aigles est sur le ton de la rigolade. Il enchaîne, pince-sans-rire:
A Lausanne, on nie vigoureusement avoir voulu imiter le voisin genevois. «Mon collègue Paul Petrescu, qui a proposé d'utiliser Kernkraft 400, ne se serait surtout pas inspiré de Genève-Servette», jure, en rigolant, Fabrice Chevalley. Avant notre coup de fil, le chef régisseur du LHC ne savait même pas que le même morceau résonnait aux Vernets. Son collègue, oui. Mais les Vaudois ne voient aucun soucis quant au fait de partager le tube avec leurs rivaux:
C'est vrai: avant les Aigles et les Lions, Boston en NHL célébrait ses réussites au son de Kernkraft 400, tout comme l'AC Milan et le FC Sion cette saison. Dans les années 2000, le hit électro résonnait aussi dans les patinoires de Rapperswil et Bâle, notamment.
Mais pourquoi ce morceau est-il autant plébiscité dans les enceintes sportives? «Il est très dansant et pousse les gens à chanter sa mélodie», argue Arnaud Cogne. «Et puis, il est iconique, tout le monde le connaît.» «Ça donne la pêche», appuie Fabrice Chevalley. A Genève, il accompagne les buts des Aigles depuis le début de la saison 2018-2019. Il a succédé au non moins mythique Samba De Janeiro, qui a fait vibrer les enceintes et les spectateurs des Vernets pendant une petite décennie.
«Il y a quatre ans, on a fait voter en ligne nos abonnés pour qu'ils choisissent la nouvelle musique de but», rembobine Arnaud Cogne. «Parmi les sept choix proposés, Kernkraft 400 est très largement sorti en tête.» Le responsable communication et événements des Aigles ne le regrette absolument pas: «J’adore cette musique, et on n'a reçu que des compliments. Pour le moment, on ne pense pas à la remplacer.»
La Vaudoise aréna, elle, changera de disque à la fin de cet exercice. «En général, on essaie de changer la musique de but chaque saison», précise Fabrice Chevalley. Il en profite pour glisser une nouvelle pique: «Genève reste bloqué, nous on tente d’évoluer.»
Le Lausannois vise aussi un autre club: Fribourg-Gottéron. Qui célèbre ses pions depuis plusieurs saisons sur l'air de Freed from Desire de Gala. «C'est une chanson trop connue, et elle me fait penser aux soirées des années 1980/1990. Il faut se renouveler!», taquine Fabrice Chevalley. Le régisseur du LHC, actuel adversaire des Dragons en quarts de finale des play-offs, va au bout de sa pensée:
La réponse venant des bords de la Sarine ne se fait pas attendre. «Nous n’avons pas besoin de copier nos adversaires au niveau de la musique», attaque – avec humour – Stéphane Decorvet, responsable communication de Gottéron, qui a lui-même proposé et remixé Freed from Desire. Il enchaîne:
Stéphane Decorvet est fier de la musique de but de son club, «festive, sobre et sans chichi, qui représente bien la région de Fribourg». Le titre avait d'ailleurs été choisi en concertation avec les représentants des fans.
Dans la série de play-offs face à Lausanne, Freed from Desire a déjà retenti deux fois dans la BCF Arena. Les oreilles vaudoises sont, elles, impatientes d'entendre Kernkraft 400.