Une nouvelle atroce, une offense à Yann Sommer et à la Suisse toute entière: la Nati a disparu de FIFA22. Comme ça, sans explication. Au sommet de sa gloire - quart de finale de l'Euro, là où certaines équipes commencent à paraître petites.
Swen Buffat est un youtubeur écouté (6300 abonnés), le seul en Suisse à consacrer une chaîne au jeu FIFA. L'exclusion de la Nati le laisse perplexe:
Swen Buffat relève que EA Sports, propriétaire du jeu, ne donne aucune justification: quinze équipes nationales sont rayées de la carte en autant de bullet points sur un communiqué.
La liste des nations supprimées sur #FIFA22 :
— beFIFA 🎮 #FIFA22 (@_beFIFA) September 10, 2021
• Afrique du Sud
• Bolivie
• Bulgarie
• Cameroun
• Chili
• Colombie
• Côte d'Ivoire
• Equateur
• Egypte
• Inde
• Paraguay
• Perou
• Slovénie
• Suisse
• Turquie
• Uruguay
• Venezuela
Le youtubeur explique qu'en terre francophone, «c'est EA Sports France qui tire les ficelles». Et là, forcément, une vilaine pensée nous traverse l'esprit: la Suisse dérange.
Swen Buffat est bien obligé d'admettre qu'aucun utilisateur ne s'évanouit devant les attraits irrésistibles du football suisse:
Valère Pizzirusso, 25 ans, avoue jusqu'à 8 heures de jeu par jour «pendant le week-end, avec mon coloc', si nos copines travaillent». Lui ne joue pas sur PlayStation, mais en ligne, avec FIFA Ultimate Team.
Valère Pizzirusso le reconnaît avec franchise: «Je ne prends jamais la Suisse, même pour affronter un pote, car je n'aurais aucune chance de gagner. Je ne savais même pas que l'équipe avait disparu des listes.»
Le Vaudois confesse qu'il n'achètera pas FIFA 22: «J'ai déjà perdu assez d'argent avec ces conneries. C'est un système «pay to win» que même des pros dénoncent. Il y a aussi un côté addictif que je reconnais volontiers.» Puis de glisser, sinon de rechuter: «Si j'achète cette nouvelle version, ok, pourquoi pas, mais ce sera juste pour jouer avec les potes.»
Davantage que son compte en banque, c'est son honneur de citoyen qui, avec la Nati, devient capital: «Je trouve que chaque participant à l'Euro devrait être représenté sur FIFA. Il n'existe aucune raison d'écarter la Suisse. Sur le principe, je suis choqué.»
Yacine Nemra est d'abord outré, lui aussi:
«Ce n'était pas une équipe incroyable, bien sûr, mais avec Xhaka et Shaqiri, il y avait moyen de réussir des trucs. Pour le symbole, oui, cette décision me saoule. Surtout après un quart de finale à l'Euro.»
Mais dans la réalité, Yacine Nemra, 30 ans, «deux à trois matches chaque soir», reconnaît lui aussi qu'il «joue surtout avec les clubs». Que les écarts de niveau entre les équipes nationales «sont devenus tels qu'ils créent des déséquilibrent insurmontables». Que «depuis 2014, les individualités de la Nati sont nettement moins bien notées, on a perdu un titulaire à Naples pour gagner un remplaçant à Hoffenheim et, forcément, la valeur s'en ressent sur FIFA», où la Nati est devenue une équipe de pinces - où quand la réalité dépasse la fiction, diraient les chroniqueurs.
Donc c'est saoulant, oui. Mais un alka-selzer et on n'y pensera même plus.
A 10 ans, Bénédict Guinand a déjà saisi les enjeux:
Bénédict Guinand, alias «BG», s'accorde des exceptions lorsqu'il affronte son père, «pour ne pas l'exploser».
Oscar Lamon-Della Valle, 13 ans, est le plus patriote d'entre tous:
Pour le coup, Oscar restera fidèle à ses habitudes: il jouera avec l'équipe d'Angleterre.