Son retour force le respect, qu'on l'apprécie ou non. On la disait prête à remonter sur les skis pour démarrer une thérapie en plein air, en mode course, pour laisser ses tracas chez elle, aux Etats-Unis. Sauf que Lindsey Vonn avait encore pas mal d'essence dans le moteur.
Après trois courses disputées, la descendeuse américaine est en pleine bourre et amorce une montée en puissance qui pourrait faire de gros dégâts.
La ténacité et le talent de l'ancienne reine de la vitesse n'ont pas faibli après plusieurs années de retraite. Dix mois après une opération qui lui permet désormais de skier avec un genou artificiel, elle joue les premiers rôles à la plus grande surprise de nombreux observateurs.
Et il fallait bien une passion et un bel égo pour se relancer dans le grand bain du ski alpin. Mais surtout, c'est sa technique qui fait réagir: Vonn a changé.
De retour pour l'amour du ski, pour la beauté du geste, elle s'est pointée dans le portillon avec un bagage technique revu, musclé, remarquable grâce à sa nouvelle stabilité. Elle prouve que son retour n'a pas été précipité.
L'amour peut parfois déplacer des montagnes, comme dirait l'autre, et transformer une skieuse de 40 balais. Il faut le dire, le clamer, car St. Anton a été un test important, très important pour Vonn, dans une épreuve où la luminosité était difficile lors du super-G dominical. «Je pense que c'était un très bon pas en avant», confiait-elle, en avouant que St. Moritz était un galop d'échauffement. Une mise en bouche avant de voir le TGV du Minnesota déferler et rafler de nouvelles victoires en Coupe du monde? Le doute n'est (quasiment) plus permis.
Grâce à sa nouvelle patience dans les courbes, qu'on a pu découvrir en Autriche alors qu'elle était secouée sur la partie basse du tracé, ces petits détails promettent que l'Américaine est capable de glisser ses spatules sur la «boîte».
Si vous prenez ses anciennes manches, vous la voyez se battre pour tenir sa ligne, avec un haut du corps très instable. A contrario, en 2025, elle brille par son calme sur les skis, tout en se montrant nettement plus centrée sur ses lattes.
Vonn était souvent sur le ski intérieur, son péché mignon. Ces trois dernières manches de course, cette erreur technique semble gommée, même si on l'a vu basculer parfois.
Et si le travail technique porte ses fruits, son engagement est encore en rodage. On le voit: la marge de progression est là. Simplement, ces récentes manches ne sont pas parfaites.
Elle confiait même que «son matériel s'améliore de jour en jour». Avant de concéder qu'elle n'est pas encore en pleine possession de ses moyens: «Je dois juste obtenir les derniers 10 ou 15% qu'il m'est possible d'atteindre», analysait-elle après son excellent week-end autrichien.
Ça tombe bien: le week-end (18 et 19 janvier) de Cortina d'Ampezzo approche à grands pas, une piste où elle a raflé 12 victoires.
Or, dans sa chevauchée impensable vers les sommets, Lindsey Vonn s'est rappelé que la faute fait partie du jeu et son genou fragile ne tient qu'à un fil. Et pour cause: le premier entraînement en Italie s'est terminé dans les filets. Mais rien ne semble entamé son moral et l'abnégation de la championne, qui est repartie à la bataille le lendemain sur l'Olympia delle Tofane.
On aurait presque tendance à dire que tout est trop beau, trop scénarisé comme l'adore Hollywood. Mais Vonn aime bien les contes de fées.