Ce sont deux classiques des sports d'hiver. Elles sont au ski nordique ce que la Coupe Spengler est au hockey: des compétitions de prestige n'offrant aucun répit aux athlètes durant les fêtes. A l'heure où la Tournée des 4 tremplins et le Tour de Ski s'apprêtent à débuter, nous avons pris le temps de comparer ces épreuves, point par point, pour tenter de déterminer la plus belle.
Les deux événements font preuve d'originalité et affichent un format inhabituel, différent de la Coupe du monde. Côté Tournée, la première manche de chaque étape consiste en un duel à élimination selon les résultats des qualifications: le 1er contre le 50e, le 2e contre le 49e... et le 25e contre le 26e. Le Tour de Ski, lui, va encore plus loin avec son format et pourrait être comparé au Tour de France. Il comprend des étapes variées (du sprint en style libre au 20 kilomètres classique), une course de côte le dernier jour, des bonifications ou encore un classement annexe.
La Tournée des 4 tremplins est organisée annuellement depuis 1953 à Oberstdorf, Garmisch-Partenkirchen, Innsbruck et Bischofshofen, et a vu les meilleurs sauteurs s'imposer: Kamil Stoch, Ryoyu Kobayashi, Stefan Kraft, Janne Ahonen, Gregor Schlierenzauer, Jens Weissflog, Matti Nykänen ou encore Adam Małysz. Elle a toutefois résisté à Simon Ammann.
Le Tour de Ski est pour sa part beaucoup plus récent et se cherche entre l'Italie, la Suisse, l'Allemagne et la République tchèque. Il a été créé en 2006 afin de donner une plus grande visibilité au ski de fond et rendre la discipline plus attractive. Johannes Klæbo, Petter Northug, Martin Sundby et Sergueï Oustiougov l'ont remporté, tout comme Dario Cologna, fondeur le plus titré sur l'épreuve.
Le Tour de ski existe aussi au féminin. Il a par exemple été gagné par Justyna Kowalczyk, Marit Bjørgen, Heidi Weng et Therese Johaug. Une parité respectée et de grands noms au palmarès ne permettent toutefois pas de faire pencher la balance de ce côté-ci.
La Tournée des 4 tremplins constitue le Graal de tous sauteurs et est presque plus importante que les Jeux olympiques, les Mondiaux de ski nordique et la Coupe du monde de saut à ski. Les athlètes rêvent de remporter l'aigle d'or, mais il y a une difficulté de taille: un seul saut raté sur les huit et les chances de victoire s'envolent. Pure compétition de prestige, la Tournée est également intégrée à la Coupe du monde et compte autant qu'une manche classique en termes de point.
Les fondeurs ont sans doute des rêves plus importants que de gagner le Tour de Ski, en raison notamment de sa courte histoire. Or remporter l'épreuve revient à prendre une option directe sur le gros globe de cristal en fin de saison. Le vainqueur au général reçoit en effet 400 points, soit l'équivalent de quatre succès en Coupe du monde, et le premier de chaque étape est récompensé par 50 autres unités. La saison se joue ainsi ici.
Il n'y a pas match sur ce point. Les tremplins de la Tournée sont des arènes à ciel ouvert et celui de Schattenberg à Oberstdorf est une Mecque de la discipline. Chaque saut à la nuit tombée est réalisé dans le vacarme le plus total et la musique se fait entendre à tout moment. Une ambiance au rythme des vuvuzelas à vivre au moins une fois dans sa vie.
Le Tour de Ski est quant à lui plus feutré. Et c'est logique, puisque la majorité des étapes est disséminée sur plusieurs kilomètres. La montée finale de l'Alpe Cermis attire bien sûr les foules, mais l'ambiance n'est pas comparable à celle de la Tournée des 4 tremplins.
On aime le fait que la Tournée soit organisée systématiquement aux mêmes endroits, dans des lieux devenus mythiques. En prime, le tremplin de Bergisel à Innsbruck, site ayant accueilli par deux fois les Jeux olympiques d'hiver, laisse particulièrement rêveur, avec cette vue plongeante sur la «capitale des Alpes». Le Tour de Ski, lui, propose un tout autre décor. Il nous transporte dans les forêts enneigées et les contrées grandioses des Grisons et des Dolomites. Un voyage dont on ne se lasse pas. Ce dernier point se conclut donc sur un nouveau match nul.