«Un sabotage ignoble»: nouveau scandale en équipe de France
La nouvelle saison de biathlon s’apprête à débuter: le 29 novembre, les femmes ouvriront les hostilités avec le relais 4x6 km à Östersund, en Suède. L’équipe de France sera bien sûr au rendez-vous. Les fans attendent avec impatience de voir comment se comportera la formation menée par sa leader, Lou Jeanmonnot, après les polémiques venues troubler la préparation du groupe.
La première, l'affaire Simon, dont on parle depuis le printemps 2023. A cette époque, Justine Braisaz-Bouchet, championne olympique, avait déposé plainte contre sa coéquipière Julia Simon. L’origine du conflit remontait à l’automne 2022, lorsque des soupçons de vol avaient circulé au sein de l’équipe. Braisaz-Bouchet reprochait à Simon d’avoir utilisé sa carte bancaire et celle appartenant à une membre du staff afin d'effectuer des achats en ligne. A la suite de ces accusations, Julia Simon avait temporairement été mise à l’écart des stages et entendue en garde à vue.
Dans un premier temps, Simon avait nié les faits, affirmant être elle-même victime d’une arnaque. Les tensions au sein de l’équipe se sont alors accrues. Braisaz-Bouchet avait ainsi déclaré à Eurosport, non sans amertume, que sa relation avec Simon était «particulière». Lorsque cette dernière est revenue à l’entraînement, Braisaz-Bouchet avait précisé vouloir se «concentrer sur sa carrière sportive». Elle considérait sa plainte comme légitime.
Une sanction qui agace Bjørndalen
Il y a quelques semaines, Julia Simon a finalement reconnu les faits devant le tribunal correctionnel d’Albertville. Fin octobre, elle a été condamnée à trois mois de prison avec sursis, ainsi qu’à une amende de 15 000 euros. Elle doit également régler les frais de procédure de Justine Braisaz-Bouchet. Simon a expliqué avoir eu une sorte de «black-out». Elle a déclaré:
La Fédération française de ski (FFS) a demandé un euro symbolique de dommages et intérêts. Elle a aussi suspendu Julia Simon pour six mois à compter du 7 novembre. Toutefois, cinq de ces six mois sont assortis d’un sursis. Concrètement: Simon manquera la première étape de la Coupe du monde, mais pourra participer aux Jeux olympiques de Milan-Cortina en février prochain. Grâce au sursis, elle ne subira aucun désavantage dans la préparation de ce grand rendez-vous.
Cette décision laisse Ole Einar Bjørndalen, légende du biathlon, perplexe. L’octuple champion olympique l’a d’ailleurs vivement critiquée sur la chaîne norvégienne TV2: «Le verdict est étonnamment clément. Toute cette affaire était déjà incompréhensible pour moi la première fois que j’en ai entendu parler. Maintenant qu’elle a été reconnue coupable dans cinq cas de vol, cela me semble encore plus incompréhensible».
Le biathlète allemand David Zobel a également commenté l’affaire dans le podcast Extrarunde: «J’ai entendu dire qu’on lui avait souvent proposé de simplement rembourser l’argent, de s’excuser, puis de suivre une thérapie. C’est dommage qu’elle n’ait pas pu admettre plus tôt qu’elle avait un problème».
Jeanne Richard dans la tourmente
Mais Simon n’est pas la seule à être touchée par une polémique. Selon le site Dicodusport, des accusations pèsent aussi sur Jeanne Richard. La biathlète de 23 ans aurait déréglé de façon intentionnelle la carabine de sa coéquipière Océane Michelon. Et, une fois encore, Braisaz-Bouchet aurait été impliquée: elle aurait surpris Richard sur le fait, en fin de saison dernière. Le Dauphiné Libéré a également rapporté cet incident.
L’ancien biathlète suédois Björn Ferry, désormais consultant pour la télévision, a réagi sur SVT. «C’est l’une des choses les plus ignobles que l’on puisse faire. C’est comme si un fondeur mettait de la colle sur les skis de son rival ou dévissait une fixation», a-t-il dénoncé. Le champion olympique 2010 a ajouté: «Saboter l’équipement d’un adversaire constitue une faute extrêmement grave».
Comme Jeanne Richard n’a pas pris part à la reprise de l’entraînement cet été, le site Dicodusport a émis l’hypothèse qu’il pouvait s’agir d’une mesure disciplinaire, même si aucune information officielle n’est venue confirmer cette interprétation.
«L’affaire est réglée»
Selon sport.de, les Françaises ont abordé cet épisode lors d’un récent stage de préparation à Bessans, en Savoie. Et il y a quelques jours, Jeanne Richard a déclaré: «Nous avons réglé ce sujet en interne. Pour moi, l’affaire est close et nous regardons vers l’avant». Sa coéquipière, Océane Michelon, est restée plus prudente: «C’est exactement comme elle l’a dit».
La jeune femme de 23 ans a ajouté: «Ce qui nous motive individuellement, c’est ce qui nous attend bientôt». Selon elle, l’affaire Simon a permis à l’équipe d’apprendre à «relativiser».
Tout cela pose néanmoins une question: comment une équipe ayant traversé autant de turbulences ces derniers mois pourra-t-elle aborder la saison olympique à venir? Les espoirs français semblent désormais reposer sur Lou Jeanmonnot, épargnée par ces tensions, et qui avait terminé deuxième du classement général de la Coupe du monde l’hiver dernier.

