La Coupe du monde de biathlon fait étape en France voisine. Or avant même que l'événement ne débute, elle se trouve dans la tourmente, à cause du manque de neige devenu récurrent sur le stade Sylvie Becaert du Grand-Bornand. Rien de très étonnant: ce dernier culmine à peine à 1'000 mètres d'altitude.
Encore vert à trois semaines des premières courses, le site s'est paré de blanc suite aux importantes chutes de neige dans les Alpes le week-end du 7 et 8 décembre. Trop tard, car le plan B, celui du snowfarming, avait déjà été déclenché par les organisateurs, de manière à ce que la piste soit prête à temps pour la venue de Johannes Boe, Dorothea Wierer et les autres biathlètes.
Or cette pratique, qui consiste à conserver de la neige d'une année sur l'autre, et qui est présentée comme écologique, ne l'est guère au «Grand-Bo». D'abord parce que l'or blanc préservé provient en partie de la neige artificielle carbonnée, dont la fabrication bouleverse l'équlibre du cycle de l'eau. Ensuite parce qu'il n'y a qu'un seul réel lieu de stockage sur le stade, les autres se trouvant ailleurs dans la station, par exemple au Chinaillon à environ 1'400 mètres d'altitude, à une distance d'environ cinq kilomètres.
Une autre carrière à neige existe bien à proximité immédiate du site de compétition. Celle-ci devrait à terme favoriser une certaine autonomie. Mais elle n'est pas encore complètement fonctionnelle et les camions ont donc multiplié les allées et venues dans la station pour transporter la neige.
Des images au moins autant choquantes pour la population et le grand public que celles des pelleteuses creusant le glacier du Théodule, en marge de la Coupe du monde de ski alpin à Zermatt. Ces véhicules ont fait écho à ce qu'il s'était déjà produit il y a deux ans – douze camions avaient alors transporté 12'000 m3 de neige en l'espace de quelques jours.
Le maire du Grand-Bornand, André Perillat-Amédé, par ailleurs président du comité de direction de la Coupe du monde, s'est défendu auprès de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes et France Bleu Pays de Savoie. «On a fait un deuxième stockage sur le site mais il n’est pas encore complètement opérationnel. Cette année, on a eu un besoin de 5'000 à 6'000 mètres cubes de neige et de deux jours et demi de transport», a détaillé l'édile, qui estime que ces va-et-vient ont une faible incidence sur le bilan carbone de l'étape.
Or cette façon de procéder ne satisfait pas les associations de défense de l’environnement. «J-15 pour les épreuves de biathlon au Grand-Bornand, sans neige. On passe direct au plan C comme camions», a par exemple écrit Valérie Paumier, fondatrice de Résilience Montagne, sur le réseau social X.
Les organisations environnementales pointent des aberrations, comme le fait de maintenir l'étape en décembre, à une période où la neige est moins susceptible de tomber. Elles dénoncent également ce site situé en basse altitude, totalement inadapté au contexte actuel.
Les associations ne sont pas les seules à s'exprimer. François Astorg, maire écologiste d'Annecy, a annoncé dans les colonnes de Libération le désengagement de sa ville, qui finance l'événement à hauteur de 100'000 euros, le promeut et apporte son soutien sur le plan logistique et humain. La «Venise des Alpes» a joué un rôle majeur dans la venue du biathlon au Grand-Bornand, où elle associe son image. L'édile justifie sa décision par l'urgence climatique.
Cette décision vaut pour la période 2026-2030 et interroge sur la capacité financière et naturelle du Grand-Bornand à poursuivre l'accueil de la Coupe du monde de biathlon. Quid ensuite des JO dans les Alpes françaises? Ce qui est décrit comme des Jeux «vertueux» pourrait en réalité dévoiler un serpent blanc entouré de prairies vertes. Finalement, Sotchi, Pyeongchang et Pékin n'ont pas le moindre flocon à envier au pôle haut-savoyard.