On pourrait penser que Serena Williams porte ce bout de ruban adhésif noir sur sa joue, à chaque match, en soutien à la communauté afro-américaine, à laquelle elle appartient et pour laquelle elle milite. Mais non, ce gros pansement n'a aucune symbolique politique.
Comme la star l'a expliqué au Times en juin dernier, il lui permet de soulager les douleurs causées par une sinusite chronique. Elle s'en plaignait déjà en 2007:
Oui, une sinusite peut notamment entraîner une douleur vive aux pommettes, des maux de tête et l'impression d'avoir le nez bouché. Autrement dit, des sensations fort désagréables, d'autant plus quand on doit fournir un effort à haute intensité, comme c'est le cas lors de matchs de tennis.
Mais pourquoi de tels symptômes? A la base, il y a une inflammation de la muqueuse des sinus, ces cavités osseuses qui produisent du mucus et qui sont reliées au nez. Chez la tenniswoman, c'est justement ce petit passage étroit entre le sinus maxillaire et la fosse nasale qui semble obstrué par la muqueuse enflammée (et donc grossie).
Résultat: le mucus ne peut pas s'écouler normalement dans le nez et s'accumule dans le sinus, créant ainsi des pressions désagréables sur le visage, notamment.
Le ruban adhésif – que Williams a parfois scindé en deux bouts lors de certains matchs – est censé soulager la pommette en étirant la peau, ce qui répartit la pression.
Ces «tapes» (de leur nom technique «kinesio taping»), que les athlètes utilisent surtout sous forme de bandes pour apaiser les douleurs musculaires et articulaires, auraient la faculté de stimuler les muscles et les nerfs. De quoi, peut-être, faciliter aussi l'écoulement du mucus si la petite ouverture entre le sinus et le nez est titillée.
La grande question: ce pansement est-il efficace? Pas vraiment, à en croire l'oto-rhino-laryngologiste (ORL) américaine Nina Shapiro. Dans Forbes, elle fait part de son scepticisme:
Elle conclut sa chronique en étant encore plus radicale, non sans humour: «Les tapes et la sinusite ne collent pas ensemble.»
La spécialiste précise que cette technologie n'est en général pas nocive, et qu'elle peut donc être utilisée sans crainte. Dans ce cas, les tapes peuvent aussi créer le fameux effet placebo (être tellement convaincu que le soin nous aide qu'on a l'impression d'être guéri) et s'avérer, donc, utiles.
S'il aide peut-être Serena Williams grâce, au minimum, à ses bienfaits psychologiques, le pansement n'a pas non plus permis à l'ex-numéro 1 mondiale de se sentir invincible. La lauréate de 23 titres du Grand Chelem reste sur deux sèches défaites face à Belinda Bencic et Emma Raducanu, mercredi à Cincinnati.
Un bon bol d'air avant l'US Open (29 août au 11 septembre), où elle tentera d'égaler le record absolu de Margaret Court en Majeurs, lui fera du bien. Encore plus avec les sinus débouchés.