Arrivé en Australie sans aucune attente, après plusieurs mois sans compétition, Rafael Nadal a encore surpris son monde, à commencer peut-être par lui-même: il disputera dimanche la finale de l'Open d'Australie et tentera d'y décrocher son 21e titre du Grand Chelem, un niveau jamais atteint dans l'Histoire.
Ce trophée ferait de lui, intrinsèquement, voire factuellement, le plus grand joueur de tous les temps. Nadal deviendrait encore le deuxième joueur à inscrire deux fois son nom au palmarès de chaque Grand Chelem, un exploit réussi jusque là par le seul Djokovic.
Nadal a répété à quel point sa démarche restait ancrée dans l'instant présent, une vision qu'il porte depuis vingt ans et dont il a fait une règle absolue, sinon une philosophie de vie:
«Comme je l’ai dit des milliers de fois, je continue juste à avancer. Je prends du plaisir à jouer et à progresser. Je n'ai pas toujours eu de la chance dans ma carrière, avec de nombreuses et graves blessures. Donc je savoure d'autant plus chaque instant. Honnêtement, du fond de mon cœur, si je continue à jouer, c’est uniquement parce que j’aime ce sport. Profondément. Ce qui peut se passer après, pour tout vous dire, je m'en fiche un peu.»
Cette finale sera la 29e que Nadal dispute en Grand Chelem. Il devra vaincre une vieille malédiction: depuis son sacre en 2009, il a perdu quatre finales à Melbourne, deux contre Novak Djokovic, une contre Stan Wawrinka et une contre Roger Federer. A 35 ans et 241 jours, il est le cinquième finaliste le plus âgé du tournoi.
Vendredi, sous le toit fermé de la Rod Laver Arena, Nadal a eu besoin de quatre sets pour venir à bout de l'Italien Matteo Berrettini (6-3 6-2 3-6 6-3). Il connaîtra son prochain adversaire dans quelques heures, après la demi-finale entre Daniil Medvedev et Stefanos Tsistsipas.
Face à Berrettini, Nadal a suivi à la lettre un plan de jeu monomaniaque, assez classique chez lui: harceler le revers adverse. Ce choix s'est avéré payant au-delà de ses espérances: il a survolé les deux premiers sets. Mais il a calé au troisième avec «un mauvais jeu de service à 4-3», de son propre aveu, qui a permis à son adversaire de revenir à la vie. «Ce n'est pas grave parce que sur un court, j'ai besoin de souffrir, de me battre», a-t-il commenté à chaud.
Rafael Nadal a su admirablement serrer sa garde dans le quatrième set. Il a exploité trois fautes en coup droit de Matteo Berrettini pour signer, à son tour, le break au huitième jeu. Il n'a pas semblé douter, à aucun moment. Et en général, ce sont des signes qui ne trompent pas: Nadal a accumulé beaucoup de confiance et arrive au bout du chemin avec un bel élan.