La ligue d'athlétisme portée par Djokovic tourne au fiasco
Le calendrier 2025 d'athlétisme a connu quelques changements: les Championnats du monde, actuellement disputés au Japon, ont été décalés en fin de saison, et une nouvelle ligue, le Grand Slam Track, est apparue.
Ce championnat privé, créé par la légende américaine Michael Johnson, avait pour ambition de concurrencer la célèbre Diamond League, à laquelle appartiennent les meetings de Lausanne et Zurich. Il devait également dynamiser la discipline et hisser les athlètes au rang de stars.
Or cette première saison n'a pas tenu toutes ses promesses. Audiences faméliques aux Etats-Unis, tribunes clairsemées malgré des enceintes de faibles capacités, dernière date purement annulée: rien ne s'est déroulé comme prévu.
Le Grand Slam Track bénéficiait pourtant du soutien de certains des meilleurs athlètes, comme Kenny Bednarek, Josh Kerr ou encore Sydney McLaughlin-Levrone, attirés par les primes faramineuses proposées, bien plus élevées que celles de la Diamond League: une dotation de 12,6 millions de dollars répartis sur quatre étapes, quand les 14 meetings estampillés World Athletics distribuent un total de 18 millions.
Désormais, même les coureurs se désolidarisent de cette ligue dédiée au sprint, aux haies et au demi-fond. Il faut dire que beaucoup n’ont pas été payés. Selon The Athletic, fin août, seuls les frais de représentation du premier meeting, à Kingston en Jamaïque, avaient été réglés.
Il s’avère que le Grand Slam Track est confronté à de réelles difficultés financières. Toujours selon la branche sport du New York Times, le championnat n’a jamais disposé des 30 millions de dollars communiqués en 2024.
Principal investisseur, Winners Alliance, la division commerciale de la Professional Tennis Players Association (PTPA), l’association fondée par Novak Djokovic, s’est contentée de verser 13 millions de dollars. Winners avait la possibilité d’activer 19 millions supplémentaires, mais a renoncé à cette option.
Les équipes de Michael Johnson, réduites après des licenciements, étaient également en discussions avancées avec Eldridge, une société de gestion d’actifs présidée par Todd Boehly, copropriétaire de Chelsea, des Los Angeles Dodgers et des Los Angeles Lakers.
Un premier versement de 30 millions de dollars, puis un autre de 10 millions, figuraient dans les plans initiaux. Mais là encore, le deal ne s'est pas concrétisé.
Désormais, le Grand Slam Track, tout comme Winners Alliance, assurent vouloir poursuivre leur aventure commune. Mais l’édition 2026 ne pourra avoir lieu que si les athlètes perçoivent ce qui leur est dû pour 2025, a déclaré Michael Johnson.
La nouvelle ligue d’athlétisme semble toutefois bien trop fragile pour durer dans le temps. «Je dis depuis le début que ce n'est pas viable. Si tu ne fais pas de l'argent, à un moment donné les investisseurs ne vont plus t'en donner. En annulant, tu perds la crédibilité que tu n'avais déjà pas. Parler d'argent ça ne suffit pas, il faut avoir un truc sérieux à proposer», estimait dans les colonnes de L'Equipe Laurent Meuwly, directeur du plateau d'Athletissima.
