Xhaka et Sunderland ont un soutien massif dans un pays improbable
Quand on tombe amoureux d'un club, il peut y avoir tout un tas de raisons: faire le même choix de cœur que ses proches, soutenir à vie l'équipe qu'on a vu pour notre grande première au stade, adorer un joueur en particulier, aimer le design du maillot, la ville, etc.
Rien de tout ça dans le lien improbable qui s'est créé cet été entre Sunderland et de nombreux nouveaux fans... mexicains. Ce ne sont même pas les excellents et surprenants résultats en Premier League du néo-promu (actuel 4e du classement, avec 17 points en neuf matchs) qui expliquent cette hype pour les Black Cats au pays des tacos. Ni même l'arrivée du capitaine suisse Granit Xhaka, qui joue d'ailleurs un rôle prépondérant dans le succès de Sunderland. Et aucun joueur mexicain n'a jamais évolué au sein du club du nord-est de l'Angleterre, pas plus qu'un coach ou dirigeant.
Non, l'amour soudain de nombreux Mexicains pour Sunderland, qui inondent les réseaux sociaux de messages et même de comptes pro-Black Cats, vient d'une idée farfelue sur la plateforme X.
Le 16 août 2025, un compte mexicain spécialisé dans le foot et bien suivi au pays – «Pasion Celeste», de son nom – propose à ses abonnés un étonnant sondage, comme le rappelle L'Equipe:
«Pasion Celeste» propose quatre clubs: Hambourg en Allemagne, le Rayo Vallecano et Oviedo en Espagne, et donc Sunderland.
Le sondage sur X de «Pasion Celeste»
Le choix de la majorité des sondés se porte sur les Black Cats. Le lendemain, dimanche 17 août, pendant que Sunderland étrille West Ham 3-0 pour son premier match de Premier League, le très célèbre compte mexicain «Analistas» (1,4 million d'abonnés cumulés sur X et Instagram) «officialise ce choix via une publication appelant "TOUT le Mexique" à soutenir Sunderland», détaille L'Equipe. Le destin commun entre le club du nord-est de l'Angleterre et le pays d'Amérique centrale est scellé.
Une opportunité commerciale inespérée
Pour le néo-promu, l'effet de cet improbable et énorme coup de pub se fait directement ressentir. Il y a donc les innombrables messages et comptes mexicains pro-Sunderland qui fleurissent sur les réseaux sociaux, mais pas que. Le club de Granit Xhaka et du propriétaire suisse Kyril Louis-Dreyfus gagne des dizaines de milliers de followers sur Instagram spontanément (200 000 entre mi-août et mi-octobre, une hausse sûrement aussi due aux bons résultats en Premier League).
Autre conséquence concrète et ô combien bénéfique: fin août déjà, Sunderland enregistre une hausse de 30 % de ses ventes de produits dérivés, fait savoir El Pais, qui cite les médias britanniques. Une augmentation liée à la montée en Premier League, évidemment, «mais aussi à l'achat de maillots et autres articles sur le marché mexicain via le commerce en ligne», analyse le quotidien espagnol. La BBC explique que le nombre de recherches «Sunderland» sur le web, au Mexique, a explosé avec une augmentation de 700 % fin août, par rapport aux douze mois précédents.
Agiles en communication, les Black Cats bondissent sur cette occasion d'amadouer cette nouvelle communauté de fans aussi large qu'inattendue. Ils lui souhaitent la bienvenue en espagnol sur les comptes officiels, célèbrent la fête de l'indépendance mexicaine ou encore publient une vidéo dans laquelle ils posent des questions aux joueurs sur le Mexique. Sunderland concrétise aussi ce lien en invitant un fan mexicain – de longue date, lui – à venir voir un match.
Pour le club de Granit Xhaka, cette relation avec le Mexique constitue évidemment une opportunité commerciale inespérée. Ce pays de 130 millions d'habitants est fou de football et accueillera la Coupe du monde l'été prochain. On ne serait pas étonné de voir débarquer, prochainement, des sponsors ou même un joueur mexicain à Sunderland, histoire de faire fructifier des deux côtés ce lien.
Une manière de faire la fête
Dans El Pais, le sociologue Samuel Martinez dégage, lui, une fonction sociale (même inconsciente) derrière la démarche insolite du compte X «Pasion Celeste» à la base de toute cette histoire, peut-être moins hasardeuse qu'elle en a l'air. L'universitaire imagine voir bientôt des gens se rassembler dans des lieux publics au Mexique, derrière la TV, pour regarder les matchs des Black Cats:
Il souligne aussi que le web casse les codes en matière de soutien à un club: «Aujourd'hui, les identités footballistiques sont plus fluides. Elles ne dépendent plus uniquement des racines territoriales, mais aussi des dynamiques numériques, de l'humour et de la viralité».
En tout cas, on a hâte de vous partager en Suisse une vidéo où les commentateurs TV mexicains s'enflamment sur un but de Xhaka, avec un légendaire «Goal, goal, goal, goal, goal, goal, goal, goal, goaaaaaaallllll».
Le Bâlois et les «Gatos Negros», comme ils sont appelés dans leur pays d'adoption, tenteront ce lundi (21h00), face à Everton, de confirmer leur départ sur les chapeaux sombreros de roue en Premier League.
