«On tient tête aux meilleurs»: immense exploit des Suisses
«Mon Dieu. Quand les blessés reviendront, vous serez vraiment une bonne équipe.» Ces mots, le sélectionneur croate Dagur Sigurdsson les a adressés à son homologue suisse Andy Schmid à l’issue de Suisse-Croatie, samedi soir à Kriens (LU). Peu avant, un cadre de la fédération croate avait commenté en passant: «Super salle. Je m’attends à ce qu’on y joue bientôt la Ligue des champions». Même les vice-champions du monde sont donc impressionnés par le développement du handball suisse.
Pourquoi? Parce que la toute nouvelle Pilatus-Arena, affichant complet avec 4060 spectateurs, répond à des standards internationaux élevés. Et parce que nos handballeurs viennent d'y écrire l’histoire: pour leur dixième tentative, ils ont enfin battu la grande équipe de Croatie, 30 à 28. Certes, ce n’était qu’un match amical et Marin Sipic était absent pour blessure, mais cela n’enlève rien à la performance. «Nous avons montré que nous pouvions tenir tête aux meilleurs du monde. Il faut continuer à y croire, même pour l’Euro», a déclaré à l'issue du match l’arrière gauche Noam Leopold, en pensant déjà au tournoi de janvier.
Leopold a été la star la plus convoitée par les chasseurs d’autographes. A 23 ans, ce droitier au poignet incroyablement souple incarne comme personne la confiance en soi, le plaisir de jouer et l’amour de la sélection nationale. Jeudi, lors du premier match contre la Croatie, perdu 26-29 à Berne, le joueur du HBC Nantes avait déjà séduit. Deux jours plus tard, il a encore surpassé ses performances: avec dix buts, il a été sacré homme du match.
Après le coup de sifflet final, alors qu’il échangeait ses premiers mots avec Schmid, Noam Leopold ne s’est toutefois pas attardé sur son magnifique but en suspension ni sur l’un de ses nombreux contres. Il s’est plutôt agacé de son penalty raté à la 59e minute, alors que le score était à égalité (27-27). «Cette ambition le mènera très loin», explique Schmid, qui ajoute: «Noam possède le gène de la gagne. C’est un fou». Et un joueur qui, malgré le succès, ne se laisse pas aveugler par les compliments, et pense déjà à franchir le prochain palier. En championnat de France, il pointe actuellement à la 3e place du classement des buteurs.
Une victoire malgré sept absences
Fidèle à l’image d’une équipe de Suisse soudée, l’échec de Leopold au jet de sept mètres n’a eu aucune conséquence négative et a été immédiatement compensé par un coéquipier. Le Lucernois Gino Steenaerts a repris le ballon et inscrit le but décisif, offrant une précieuse avance. Le public s’est alors levé pour applaudir son équipe nationale. Ensuite, Mathieu Seravalli a arrêté un tir adverse, tandis que Felix Aellen a puisé dans ses ressources lors d’une situation de un contre un. Quelques instants plus tard, la victoire de prestige était assurée.
Outre Leopold et le jeune Seravalli, 21 ans, la Suisse a brillé par une défense très engagée. Combinée à du courage et de la détermination en attaque, cette performance représente un véritable exploit, surtout au regard des nombreuses absences. Nikola Portner, Lenny Rubin, Samuel Röthlisberger, Jonas Schelker, Mehdi Ben Romdhane, Manuel et Samuel Zehnder étaient tous indisponibles, soit sept joueurs manquants. «L’équipe est incroyable, il y a une ambiance exceptionnelle. Quand un joueur arrive en sélection avec un problème, les gars se substituent immédiatement», raconte Leopold.
Détente et professionnalisme
Cette décontraction, ce bien‑être, alliés à un professionnalisme absolu dès que les chaussures sont enfilées, sont l’œuvre du sélectionneur Andy Schmid, proche et fier de ses joueurs. «Je me sens conforté dans la confiance que j'accorde à mes joueurs. Pas à pas, nous progressons.» Portée par des joueurs évoluant à l’étranger et performants dans leurs clubs (Noam Leopold, Felix Aellen, Lukas Laube), ainsi que par de précieux routiniers de notre championnat (Lucas Meister, Luka Maros), la Suisse prend désormais la direction du championnat d’Europe.
Les derniers ajustements se feront en début d’année lors de la Yellow Cup: à Winterthur, la Nati du hand affrontera l’Ukraine, Bahreïn et la Macédoine du Nord. D’ici là, Portner, Rubin, Röthlisberger, Ben Romdhane et Samuel Zehnder devraient être de retour. Pour Manuel Zehnder, en revanche, l’Euro pourrait arriver un peu trop tôt. Une chose est certaine: avec cette mentalité, la Suisse pourrait bien en surprendre plus d'un en Scandinavie.
