Il écrit une nouvelle page de l'histoire du sport suisse
Ce lundi, Stefan Bellmont se repose dans une chambre d’hôtel à Wigan, en Angleterre. Il savoure ainsi le calme après la tempête qu’il a attirée, de lui-même, le week-end précédent dans cette même ville. Lors de l’avant-dernier tournoi de la saison du Challenge Tour (deuxième division mondiale), ce crack suisse des fléchettes a battu tous ses adversaires et, avant même le dernier des 24 tournois, ne pouvait ainsi plus être dépassé au classement général.
Le Zougois (36 ans) s’est ainsi assuré une deuxième participation aux Championnats du monde après 2024, et a obtenu dans le même temps la précieuse Tour Card, valable deux ans. Celle qui lui permet de devenir – enfin – professionnel. «Je commence peu à peu à réaliser ce que j’ai accompli», confie Stefan Bellmont, qui a encore participé mercredi et jeudi à deux autres tournois à Wigan.
Il s’était fixé pour objectif minimal la deuxième place et a finalement profité aussi des erreurs de ses concurrents. «Les choses ont bien tourné pour moi, donc je peux dire maintenant: "J’ai tout bien fait."»
Un sésame très dur à obtenir
L'actuel 120e joueur mondial a désormais de bonnes chances de progresser. Dès à présent, grâce à sa Tour Card, il est automatiquement qualifié pour tous les tournois du Pro Tour (l'élite). Ces compétitions rassemblent généralement presque toutes les stars du circuit, et le Zougois peut maintenant légitimement se considérer comme un professionnel des fléchettes. Le premier dans l'histoire de notre pays.
Une autre récompense de sa victoire de dimanche pourra bientôt être savourée: du 8 au 16 novembre, Bellmont participera au Grand Slam of Darts, à Wolverhampton, qui réunit 32 joueurs. Dans ce format un peu particulier, les fléchétistes sont répartis au premier tour en huit groupes de quatre. Pendant quatre jours, chacun affronte les trois autres adversaires, les deux meilleurs accédant aux huitièmes de finale.
Même la quatrième et dernière place de chaque groupe rapporte encore 5 000 livres (5 300 francs), tandis que le vainqueur final repartira avec 150 000 livres (158 000 francs suisses). Stefan Bellmont confie:
Pour le Zougois, sa deuxième participation aux Championnats du monde à Londres (du 11 décembre au 3 janvier 2026) passe donc pour l’instant un peu au second plan.
Il se projette néanmoins déjà avec enthousiasme vers 2026: «Je suis ravi de ne plus devoir passer par la Q-School.» C’est là que sont attribuées les Tour Cards, dans une ambiance mêlant joie intense et échecs dramatiques. Fallon Sherrock, plusieurs fois participante aux Championnats du monde et connue sous le surnom de «Queen of the Palace» («la Reine du Palais»), tente depuis des années d’obtenir ce sésame pour l’élite mondiale, sans succès jusqu’à présent.
Le Néerlandais Raymond van Barneveld, 58 ans, champion du monde en 2007, avait dû, lui aussi, regagner sa Tour Card lors de la Q-School en 2021, après avoir pris sa retraite en 2020 et effectué un retour cette même année – avec succès.
A partir de l’an prochain, Stefan Bellmont passera encore plus de temps à l’étranger. Le European Tour 2026 comptera quinze tournois répartis dans dix pays. La tournée fera de nouveau escale à Bâle, où Bellmont avait été éliminé fin septembre au premier tour par Jermaine Wattimena (Pays-Bas), qui avait déjà été son bourreau aux Championnats du monde 2024.
Pour ces tournois, dont le vainqueur touchera désormais 35 000 livres (environ 37 000 francs suisses) au lieu de 30 000, le joueur originaire de Cham devra toutefois se qualifier. «Je vais essayer de participer à toutes les qualifications», promet-il. Mais d’abord, il savoure le calme avant la tempête, avant de plonger dans son quotidien de joueur professionnel.
Adaptation en français: Yoann Graber
